est une opportunité, et non une contrainte »
de Wasseige et Nicolas Janssen pour leur présenter leur entreprise et leur programme de séquestration et rémunération du carbone. L’occasion de rappeler combien la santé des sols joue un rôle majeur dans la préservation de notre environnement mais aussi dans la rentabilité des exploitations agricoles.

Observer la stabilité structurale
Et les deux cofondateurs d’y répondre grâce à un « slake test », aussi appelé test de stabilité structurale. Celui-ci nécessite de disposer d’autant de récipients remplis d’eau que de parcelles à tester. Dans chaque récipient est placé un tamis sur lequel est déposée une motte de terre prélevée dans chaque parcelle. On observe ensuite si la motte se désagrège au contact de l’eau et, le cas échéant, à quelle vitesse.
« Ce test, très facile à mettre en œuvre, permet d’évaluer à quel point le sol est stable en présence d’eau. Si la motte se dégrade totalement, cela signifie que la parcelle en question présente un mauvais état structural. Au contraire, si elle reste entière, cela témoigne d’une très bonne stabilité. En parallèle, nous pouvons aussi estimer l’impact des pratiques agraires sur les terres agricoles », détaille Nicolas Verschuere.
Dans le cas présent, les mottes ont été prélevées dans trois parcelles très proches les unes des autres et présentant les mêmes caractéristiques pédologiques. Les pratiques adoptées y sont cependant différentes. La première est cultivée de manière intensive, la deuxième est travaillée selon les principes de l’agriculture régénérative tandis que la dernière est issue d’un bosquet forestier n’ayant subi aucune perturbation.
Au bout de quelques minutes, le résultat est sans appel. « La motte issue de la parcelle intensive se désagrège très rapidement… Cela signifie qu’en cas de forte pluie, l’eau est en mesure de charrier le sol. Or, il s’agit du principal capital d’une exploitation agricole. La deuxième motte ne se délite que très peu, signe que l’adoption de pratiques alternatives (travail du sol léger, semis de couverts végétaux diversifiés…) contribue au développement de la biodiversité du sol, elle-même garante de sa bonne structure. Enfin, la motte forestière demeure intacte. »
Le gîte, le couvert… et des économies
La rémunération carbone, un incitant
« L’agriculteur qui s’inscrit dans le programme est rémunéré, par l’intermédiaire de certificats carbone, s’il réduit ses émissions de carbone ou s’il en stocke. Soil Capital ne lui impose aucune pratique. Il reste maître de sa ferme et met en place les techniques qu’il souhaite, à son rythme. Les certificats constituent un incitant financier en vue de favoriser l’adoption de pratiques agricoles régénératives. Il ne faut pas les voir comme un objectif en tant que tel. » Il est, en outre, possible de valoriser ses productions au sein de filière « bas carbone » dont le développement va croissant.
À l’heure actuelle, le programme remporte un franc succès. Avec 150 agriculteurs engagés en 2020 et plus de 600 l’an dernier, Soil Capital est aujourd’hui leader du marché en Europe. « Au-delà de ces chiffres, cela représente surtout 36.000 certificats carbone octroyés aux 150 premiers inscrits, soit l’équivalent des émissions annuelles de carbone de 3.600 Belges. C’est également une rémunération « carbone » moyenne de 8.000 € par agriculteur. »
Convaincre le plus grand nombre
De son côté, le ministre Borsus a tenu à féliciter la start-up pour son initiative qui, bien qu’à vocation environnementale, n’oublie pas l’aspect économique du problème. « Le programme développé semble très équilibré. D’autant plus qu’il veille à maintenir, voire à accroître, la rentabilité de nos exploitations. Or, il s’agit d’une réelle préoccupation pour de nombreux agriculteurs… »
Et d’ajouter : « On observe, à l’échelle européenne, une vraie prise de conscience quant à l’importance de nos sols, d’opter pour des travaux alternatifs, de veiller à maintenir une bonne couverture des parcelles… Il nous reste maintenant à convaincre le plus grand nombre du bien fondé de ces pratiques ».
