en hausse, mais attentions aux déséquilibres !

La demande de pommes de terre est bonne, les usines de transformation de toute l’Europe du Nord-ouest continuent à vouloir acheter des pommes de terre alors que les unités de transformation fonctionnent à pleine capacité.
Demande et prix des contrats en hausse
La hausse de la demande des industriels pour la campagne 2023-2024, couplée à des prix de contrats en nettes hausses, devrait persuader les producteurs de continuer de planter et de produire des pommes de terre.
Les nouvelles unités de transformation ou celles qui ont été modernisées ainsi que les nouvelles usines (récemment ouvertes ou devant ouvrir au cours du 4e trimestre de cette année) ont entraîné des hausses spectaculaires (+ 30 à 45 %) du prix des contrats. Les transformateurs en Allemagne, Belgique, France, et aux Pays-Bas « ont faim » de matière première pour le reste de la saison en cours et pour la campagne 2023 – 2024.
Ces contrats plus élevés devraient couvrir les coûts de production beaucoup plus élevés ainsi que l’inflation auxquels les producteurs sont confrontés. Et garantir un attrait continu pour la production de pommes de terre destinées à l’industrie de transformation. Les usines auront besoin d’au moins 500.000 tonnes supplémentaires en 2023-2024.
Confrontés à davantage de risques
Les risques auxquels sont confrontés les producteurs sont de plus en plus importants et les cas de force majeure ne sont pas toujours mentionnés ou inclus dans les contrats. Les changements climatiques, la hausse des contraintes environnementales ainsi que le fait de produire de plus en plus de pommes de terre sur des terres louées à l’année, rendent la production de pommes de terre plus difficiles et risquées.
Les données et chiffres du NEPG montrent que les rendements par ha ont diminué au cours des 10 dernières années. Le principal facteur à l’origine de la baisse des rendements est le changement climatique, mais dans certains cas, il s’agit également d’une combinaison de problèmes liés au sol (compactage, teneur moindre en matière organique, nématodes, rotations parfois trop courtes…). C’est un problème auquel doit faire face l’ensemble de la filière pomme de terre.
La génétique (la plupart des sélectionneurs sont très actifs dans la production de nouvelles variétés robustes, c’est-à-dire tolérantes/résistantes au mildiou, plus tolérantes aux stress abiotiques et/ou nécessitant moins d’azote (mais aussi des résistances aux nématodes, au virus Y…) et les techniques culturales nouvelles/adaptées sont les principales solutions. L’utilisation des nouvelles techniques de création variétale (les NBT ou « New Breeding Techniques ») pourrait également être utile.
Le fait qu’au moins un tiers (estimation du NEPG) des pommes de terre soient cultivées sur des terres louées à l’année n’aide pas toujours les producteurs à adapter leurs techniques de culture, et entraîne également le fait qu’une partie de la valeur ajoutée va directement dans les poches des bailleurs ou des loueurs de terres qui ne prennent aucun risque.
Les risques sont multiples et en augmentation par rapport à il y a 10 ou 20 ans. À la fluctuation des productions et des prix sur le marché libre (et dans une moindre mesure à l’évolution du prix des contrats), les producteurs doivent désormais intégrer une série de « nouveaux » risques à gérer. Les risques sont désormais liés au changement climatique, aux événements géopolitiques (la guerre en Ukraine) et sanitaires (la pandémie de Covid 19), à l’accès à l’eau, au renforcement de la réglementation européenne concernant les engrais (principalement l’azote, qu’il soit d’origine agricole ou minérale) et l’utilisation des pesticides. En outre, les contrats sont plus différents (entre les transformateurs) et plus difficiles à comprendre qu’auparavant. Enfin, les risques sont généralement (ou pourraient être) partiellement couverts par des assurances. Les assurances « grêle et tempête » relativement simples sont aujourd’hui plus compliquées et plus coûteuses, car elles doivent couvrir la plupart (tous ?) des risques liés au changement climatique : sécheresse, chaleur excessive, inondations, érosion et coulées de boue, etc.
Attention aux déséquilibres
