porcine : le seul centre
d’insémination wallon
ferme ses portes
Pour lui, comme pour d’autres, cette époque est malheureusement bel et bien révolue. Alors que le porc Piétrain, né dans le village du même nom dans le Brabant wallon, a connu ses heures de gloire, aujourd’hui le secteur se bat pour sa survie. « Je suis le seul sélectionneur du Brabant wallon. D’après mes informations, dans la province de Liège, il en reste encore un, et trois dans le Hainaut. C’est tout. Le porc Piétrain fait partie de notre patrimoine et pourtant il risque de disparaître », nous explique-t-il.
Une référence en matière de productions porcines
Cet amoureux du Piétrain n’a cessé d’alerter les autorités et les acteurs clés du secteur sur les difficultés rencontrées par lui et les autres éleveurs. Un combat au quotidien qui vient de prendre un nouveau coup de massue ces derniers jours. En effet, la mauvaise nouvelle est tombée : le CIAP, centre d’insémination artificielle porcine, situé à Argenteau, près de Visé,
Le seul endroit pour diversifier la génétique
En Wallonie, nous en sommes heureusement indemnes. Maintenant, on va voir comment la sitation va évoluer et si en Flandre, on trouvera également des verrats sains... »
« C’est mon grand-père qui a créé la race »
Lorsque l’on demande à Henri Stas pourquoi avec toutes ces difficultés, il ne songeait pas à s’orienter vers une autre race, sa réponse est simple et directe : « Le Piétrain, c’est ce qu’il y a de mieux. Puis, je ne change pas de religion ! ».
Il faut dire que le porc Piétrain est une véritable histoire de famille. Pour nous le prouver, Henri Stas nous montre d’ailleurs l’arbre généalogique de ses animaux. La première truie « Espérance de la Sarte », inscrite au Pigbook belge, date de 1947. « C’est mon grand-père maternel, Jules Kaisin, qui a créé la race ».
Et le Piétrain est aux porcs ce que le Blanc-Bleu Belge est aux bovins : un animal avec une musculature imposante, de type culard. Avec sa robe claire, tachée de noir, ses oreilles vers l’avant, selon ce professionnel, cette race de cochons possède un rendement poids vif-carcasse d’environ 83 %. Impressionnant ! « Je dirais même qu’il est diététique comme il a peu de graisse dessus », continue le sélectionneur.
Impossible de concurrencer les grosses industries
D’après Henri Stas, son secteur d’activité était florissant jusqu’aux années 2000. Et après ? « Les gros exploitants possèdent des truies industrielles sur lesquelles ils mettent des verras Piétrain pour augmenter le pourcentage de viande de 15 à 20 %. Les truies industrielles savent élever environ 14 porcelets, une de Piétrain, ce sera une dizaine. Moi, je ne vise pas la quantité, mais la qualité », explique le sélectionneur, fier de préserver la race pure du Piétrain.
Il continue « Nous réalisons de la vente à la ferme. Cela a bien fonctionné pendant la pandémie Covid. Mais ensuite, les consommateurs sont retournés dans les supermarchés. Et, pour les petits éleveurs, il est impossible de lutter contre les grandes surfaces qui bradent leur prix. Cela me fait bondir quand je vois que pour un kg de saucisse, on en a un gratuit. Comment voulez-vous qu’on soit plus performants ? ».
En outre, la filière porcine se raréfie en Wallonie, puisque la majorité des élevages se trouvent au nord du pays.
Les petits éleveurs ont également souffert de la peste porcine africaine. Suite à cette maladie des mesures ont, effectivement, été prises par l’Afsca interdisant l’exposition des porcs dans les événements publics.
« Ça fait à peu près trois ans qu’il n’y a plus rien : plus de concours, plus moyen de faire sa publicité, de se montrer, plus de visibilité. Les acheteurs étrangers ne viennent évidemment plus. Bien entendu, cette situation me fait mal au cœur. En tant que sélectionneur, je comprends totalement cette mesure, mais cela ne nourrit pas son homme ! »
Les meilleurs reproducteurs vendus à l’étranger
Même si les temps sont durs pour le Piétrain, Henri Stas n’en démord pas : « Je continuerai à me battre ». Son exploitation, le septuagénaire y tient comme à la prunelle de ses yeux. Il suffit d’ailleurs de l’accompagner dans ses installations pour se rendre de compte de la passion qu’il voue à son métier.
Et lorsque l’on va dans l’étable où se trouvent les meilleurs reproducteurs, le Brabançon nous explique que certains sont d’ores et déjà vendus à l’étranger ! « Les meilleurs verrats partent dans des élevages internationaux. C’est le meilleur moyen de gagner encore de l’argent», explique le sélectionneur qui a appris les ficelles du métier à l’un de ses fils. Ce dernier, bien conscient des réalités du secteur, a accepté de reprendre l’exploitation familiale. « Mon grand-père était le premier à être dans cette filière J’espère que mon fils ne sera pas le dernier. Je pense aussi à tous ces petits fermiers qui ont contribué au développement de cette race. Ils seraient bien tristes de voir ce qu’on est en train d’en faire... ».











