Mercosur : la Belgique confirme son abstention
La Belgique s’abstiendra lors du vote à venir des États membres sur le projet d’accord commercial entre l’UE et les pays du Mercosur, a constaté le ministre fédéral de l’Agriculture, David Clarinval, à l’issue d’une réunion du 9 décembre, des différentes entités du pays, qui a confirmé leurs divergences.

« Sur le plan économique, l’accord Mercosur présente des opportunités réelles pour la plupart des secteurs industriels comme les plastiques, les machines ou le textile ainsi que pour certaines filières agricoles comme les produits laitiers ou la pomme de terre. Dans le même temps, nous sommes conscients que d’autres secteurs, comme le sucre ou la viande bovine, pourraient en ressentir des effets plus négatifs malgré les clauses de sauvegarde prévues », a expliqué le vice-Premier ministre MR.
Désaccord entre la Flandre et la Wallonie
Le vote des Vingt-sept sur l’accord de libre-échange avec les pays latino-américains du Mercosur est attendu entre le 16 et le 19 décembre. La Commission européenne veut obtenir le feu vert des États membres avant un sommet du Mercosur à Foz do Iguaçu, dans le sud du Brésil, le 20 décembre. Avant de se prononcer, les Vingt-Sept attendent toutefois un vote du Parlement européen le 16 décembre sur des mesures de sauvegarde destinées à rassurer les agriculteurs, vent debout contre ce traité, et à amadouer la France, qui emmène le camp du non.
Au Conseil, le vote se fera à la majorité qualifiée et la France risque d’avoir du mal à former une minorité de blocage contre cet accord, ardemment soutenu par l’Allemagne et l’Espagne notamment. Des agriculteurs ont déjà prévu une grande marche de protestation le 18 décembre à Bruxelles, lors d’un sommet européen entre chefs d’État et de gouvernement. La ratification de l’ensemble de l’accord devra ensuite passer par un vote du Parlement européen, probablement début 2026, où la partie pourrait s’avérer serrée.
La Belgique n’a pas pu trouver d’accord entre ses entités fédérales et fédérées. En Flandre, la N-VA y voit avant tout une opportunité, notamment pour le port d’Anvers, mais un autre parti gouvernemental comme le CD&V continue de réclamer des clauses-miroir (application aux producteurs sud-américains des normes imposées aux producteurs européens), sous pression du Boerenbond. Au sud du pays, du MR au PTB, il y a unanimité pour rejeter le projet, au moins « en l’état », même si d’importantes nuances existent entre les partis.
Les regrets de la FEB
La Fédération des Entreprises de Belgique (FEB) a dit regretter « le manque d’ambition que cette abstention représente ». Elle souligne que la Belgique possède « une des économies les plus ouvertes de l’UE » et que « la valeur de nos exportations représente plus de 85 % de notre PIB ». À ses yeux, dans un contexte géopolitique et commercial tendu, l’accord UE-Mercosur contribuerait à la diversification des flux, y compris en matières premières critiques.
De son côté, l’UE a annoncé le renforcement de ses contrôles des importations agricoles, un signal envoyé à la France pour tenter de la convaincre de soutenir l’accord. Afin de vérifier que les produits qui entrent en Europe sont conformes aux normes de l’UE, la Commission promet une hausse de 50 % du nombre de contrôles à l’étranger dans les deux ans qui viennent. À l’intérieur de l’UE, la commission mentionne aussi une augmentation de 33 % des audits aux postes frontières pour s’assurer que « les États membres effectuent les inspections conformément aux exigences » européennes. La Commission veut en outre mettre à jour ses règles sur la présence de traces de pesticides dans les importations, malgré leur interdiction à l’intérieur de l’UE. Elle annonce la mise en place d’un groupe de travail qui planchera sur cette question sensible des « résidus de pesticides ».
« À la demande de nos agriculteurs et d’un certain nombre d’États membres, nous nous sommes engagés à respecter un principe : ne pas autoriser la réintroduction dans l’UE, par le biais de produits importés, des pesticides les plus dangereux qui sont interdits dans l’UE », a souligné le commissaire européen Oliver Varhelyi, chargé de la santé et du bien-être animal.







