prévenir avant tout
La mouche mineuse (Phytomyza gymnotoma) peut provoquer d’énormes dégâts, même si heureusement ce printemps ne semble pas avoir été avantageux pour elle. Les piqûres de nutrition n’ont pas été repérées sur toutes les parcelles. Comme deux générations par an provoquent leur pic de dégâts, au printemps et en automne, il est préférable de rester vigilant. Les prochains vols pourraient être constatés lorsque la température va baisser quelque peu, à partir de fin août.
La mouche de l’oignon (Hylemyia, Phorbia ou Delia antiqua) attaque de mars à juin les jeunes plants. Les larves se concentrent au niveau du plateau racinaire qui pourrit suite à des infections bactériennes. Les attaques de cette année ont été discrètes.
La teigne du poireau (Acrolepiopsis assectella) hiverne dans les débris végétaux. Une à deux semaines après l’envol et la ponte au printemps. Le développement complet des larves se déroule en avril et mai. La seconde génération de teigne provoque les dégâts de mi-juin à mi-aout. La troisième, la plus dommageable, se développe de fin août à fin septembre. Les filets anti-insectes pendant les périodes de vol sont efficaces, de même que les traitements insecticides (Bacillus thuringiensis, autre insecticide homologué). Les périodes de vol peuvent être détectées en observant chaque semaine la présence de mâles dans les pièges à phéromones placés dans la parcelle quelques centimètres au-dessus du feuillage des poireaux.
Le thrips pique le feuillage en été et début d’automne. Les piqûres restent visibles sous l’aspect de points gris. L’environnement de la parcelle joue un rôle capital dans l’importance de ces attaques. Si très peu de dégâts ont été constatés jusqu’à présent, les trois prochains mois pourraient être plus à risque, du moins si la météo se rapproche de celle d’une année dite « normale ».
L’importance des auxiliaires
De manière générale, les auxiliaires sont favorisés par la présence de bandes fleuries à proximité de la parcelle. Les adultes y trouvent le nectar et le pollen utiles à leur survie et leur développement. La surveillance de ces parcelles et l’apport d’insecticides uniquement quand les seuils de tolérance sont dépassés sont une évidence. S’il faut agir, il convient d’utiliser les produits avec le moins d’impact possible sur les auxiliaires et de tenir compte des possibilités de limitation de la dérive.
Les maladies à tenir à l’œil
Au niveau des maladies, la rouille (Puccinia allii) peut se développer du printemps à l’automne. Elle altère la présentation du feuillage en laissant des pustules de couleur rouille, au point de ne plus rendre la production commercialisable. Les températures idéales sont de l’ordre de 18°C. La résistance variétale est une piste prioritaire chez les sélectionneurs.
Très peu de taches de rouilles étaient visibles jusqu’à début juillet. Depuis la deuxième semaine de juillet, elles sont nettement plus nombreuses. La vigilance est donc nécessaire, surtout en variété moins robuste.
Le mildiou (Phytophtora porri) pour lequel les grandes taches foliaires prennent l’aspect du papier. Il peut se développer du printemps à l’automne. Bien que la maladie soit différente, les fortes attaques se déroulent lors des périodes humides et avec des températures comprises entre 15 et 20°C, comme pour le mildiou de la pomme de terre. Il peut provoquer d’importants dégâts et rendre la production invendable à cause des lésions au feuillage. La résistance variétale et une bonne aération de la parcelle sont les deux premières méthodes de lutte. Les traitements fongicides complètent la protection des plantes.
L’alternariose (Alternaria porri) avec des taches de forme générale en ovale qui montrent des anneaux concentriques bruns ou violacés, d’où son autre nom, maladie des taches pourpres. D’autres alliacées sont sensibles au même champignon : la ciboule, l’oignon rocambole, l’échalote. Cette maladie s’étend beaucoup plus vite lorsque le feuillage commence à devenir sénescent ou lorsqu’il souffre de dégâts d’insectes ou de grêle. Les attaques sont liées à des fins d’étés et des automnes exceptionnellement chauds. La température idéale pour cette alternariose est de 26°C en moyenne, dans la fourchette de 15 à 34°C.
Comment s’en prémunir ?
Le poireau est planté à une douzaine ou une quinzaine de centimètres de profondeur. Les parcelles sont donc choisies pour leur bon drainage, en particulier pour les cultures d’automne et d’hiver. Pythium et Rhizoctonia sont des maladies de faiblesse qui apparaissent en sols compacts et très humides.
Les plantations de cette année se sont souvent déroulées en conditions difficiles pour la structure des sols. Les parcelles avec une structure stable, notamment avec des teneurs en humus élevées donnent de meilleures chances de réussite.
Les résidus de culture sont d’importants foyers d’inoculum de maladies, la rotation sera idéalement de 5 ans et d’au minimum 4 ans. Sclerotium est un champignon provoquant des pourritures en oignons. Il peut s’installer en poireaux si la rotation est très courte en sols contaminés.
L’aération de la culture est importante pour prévenir les maladies foliaires, la densité de plantation sera donc faible en terrains moins bien ventilés naturellement. Pour des raisons identiques, l’irrigation sera pilotée pour ne pas augmenter la période humide du feuillage, en travaillant notamment pendant les périodes de rosée naturelle.
L’apport soutenu et sans à-coups de l’azote limite les risques de développement de maladies foliaires.
La résistance variétale
La résistance à la rouille et à l’alternariose est incorporée dans les programmes de sélections des maisons semencières. Les variétés récentes apportent des progrès intéressants, ce sont des hybrides presque exclusivement.
La protection de la culture
Plusieurs produits sont agréés dans la lutte préventive et curative contre les maladies foliaires du poireau en production conventionnelle.
Peu de moyens de lutte sont acceptés par les cahiers de charge en agriculture biologique.
En conventionnel, plusieurs produits sont homologués. Pour plus d’information, on peut consulter le http://fytoweb.be/fr. Et surtout il faut rester prudent pour n’intervenir qu’en cas de nécessité.
