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Vers une importante baisse de budget

La commission européenne envisage de réduire à zéro jusqu’en 2027 les montants alloués aux activités promotionnelles « multiprogrammes ». Ce sont 281,7 millions € sur trois ans qui pourraient donc être retirés à la politique de promotion de l’UE. Une décision qui inquiète certains États membres et représentants professionnels du secteur agroalimentaire.

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Alors qu’au cours du conseil Agriculture du mois de juillet, le commissaire à l’Agriculture a une nouvelle fois appelé à plus de budget pour l’agriculture, l’exécutif européen s’apprête pourtant à faire le contraire concernant sa politique de promotion en divisant son budget de moitié.

Fin des « offensives diplomatiques »

Concrètement, la proposition de l’exécutif européen sur la table vise une réduction à zéro jusqu’en 2027 des montants alloués aux activités promotionnelles « multiprogrammes » (réunissant des acteurs dans plusieurs États membres) et des initiatives propres de la commission européenne qui sont directement gérées par les services de la DG Agriculture.

Dans la pratique, cela impliquerait, entre autres, la fin des « offensives diplomatiques » menées par Bruxelles dans les pays tiers. En 2024, 185,9 millions d’euros (M€) ont été alloués au programme de promotion des produits agricoles de l’UE dont 84,40 M€ pour les programmes multiples et 9 M€ pour les initiatives propres de la commission européenne.

Le reste, consacré aux programmes simples (portés par une seule organisation), est géré par les États membres et ne serait donc pas concerné par les coupes budgétaires envisagées. Selon l’association européenne des produits frais (Freshfel), ce sont au total 281,70 M€ sur trois ans qui pourraient être retirés à la politique de promotion.

Redéploiement des fonds des volets Pac et cohésion

Dans son intervention devant les ministres, Janusz Wojciechowski a justifié cette baisse par la révision du cadre financier pluriannuel de l’UE décidée par les chefs d’État et de gouvernement de l’UE en février afin de dégager une aide de 50 milliards d’euros (Md€) pour l’Ukraine.

Dans le détail, cette révision impose un redéploiement des fonds des volets Pac et cohésion directement gérés par Bruxelles sans que les enveloppes nationales ne soient affectées. Pour l’agriculture, cela se traduira par une baisse d’un montant de 440 M€. Des économies pourraient également être faites dans les actions de suivi des marchés agricoles.

À l’occasion du point divers sur le sujet soulevé par les Espagnols, certaines délégations (France, Pologne et Italie en tête) ont exprimé de fortes préoccupations quant à cette situation. La France a notamment souligné que ces programmes multiples sont d’une grande importance en particulier dans le contexte international compliqué. Paris estime que ces outils sont une voie de diversification des débouchés essentielle pour les entreprises.

Pour compenser cette baisse, la France propose à la commission européenne de réallouer aux programmes de promotion, les marges de manœuvre sous plafond de la réserve agricole.

Une décision controversée

Une décision qui inquiète également les représentants professionnels du secteur agroalimentaire. Une lettre en ce sens, signée par une quinzaine d’organisations, a ainsi été transmise aux représentations permanentes des États membres auprès de l’UE.

Un sentiment également partagé par Freshfel, par ailleurs signataire de la lettre, qui craint une perte pour la compétitivité du secteur. Le délégué général de Freshfel, estime que cela va entraîner « un tremblement de terre dans la politique de promotion » et « un embouteillage dans la ligne des programmes simples » dans un contexte de multiplication et d’accélération des crises dans le secteur agricole.

Et d’ajouter : « Alors que l’UE réduit son budget de promotion, les concurrents mondiaux tels que les États-Unis continuent d’investir des millions pour promouvoir les exportations agricoles et alimentaires américaines. » La proposition est en cours de finalisation et la balle sera bientôt dans le camp des États membres et du Parlement européen qui auront à se prononcer à la rentrée.

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