Les tensions géopolitiques
s’invitent en comité de l’Agriculture
La réunion du comité de l’Agriculture de l’OMC des 24 et 25 mars a permis aux membres d’aborder les inquiétudes liées conséquences agricoles des principales tensions géopolitiques mondiales avec en tête, la guerre en Ukraine et les droits de douane de l’administration Trump.
Différentes tensions géopolitiques, principalement la guerre en Ukraine et les droits de douane américains, se sont invitées dans les débats lors du dernier comité de l’Agriculture de l’OMC.
« Instrumentalisationde la nourriture »
Une occasion saisie par la délégation russe pour contester la proposition de l’UE visant à instaurer des droits de douane pour les importations d’engrais en provenance de Russie et du Belarus. Dans le détail, pour affecter les capacités russes à mener sa guerre d’agression en Ukraine, l’exécutif européen propose de fixer un droit ad valorem de 50 % pour les importations de produits agricoles et de mettre en place une augmentation progressive des droits de douane sur les engrais (de 40 ou 45 €/t jusqu’à 315 € ou 430 €/t trois ans après le début de l’application). Moscou estime que ces droits sont « illégaux et injustifiés ».
En réponse, Bruxelles a fermement condamné la guerre d’agression « illégale, non provoquée et injustifiée » de la Russie. Par ailleurs, l’exécutif européen a dénoncé les attaques contre les navires commerciaux et la destruction des infrastructures portuaires, mettant en garde contre « l’instrumentalisation de la nourriture, qui compromet la sécurité alimentaire mondiale ».
Plusieurs délégations (Canada, Royaume-Uni, Australie, Nouvelle-Zélande, Norvège et Japon) ont soutenu la position de l’UE vis-à-vis de la guerre en Ukraine et refusé de répondre aux questions de la Russie au sein du Comité concernant les sanctions.
Perturbations commerciales
l’Ukraine a, elle, accusé la Russie d’utiliser des plateformes internationales comme l’OMC pour « échapper à la responsabilité, déformer les faits et justifier ses violations du droit international » tout en évoquant l’impact de l’agression russe sur son agriculture. La Russie a nié toute responsabilité dans les attaques contre les infrastructures agricoles et portuaires, affirmant que ses actions militaires visaient uniquement « les ressources militaires et les moyens d’attaque cachés sous leur couverture ». Les États-Unis n’ont pas pris la parole sur ce sujet.
Autre sujet de tensions, les hausses tarifaires américaines issues de la politique agressive de Donald Trump. Le Canada a saisi l’opportunité pour aborder le droit de 25 % sur les importations agricoles.
Pour Ottawa, Washington viole ses obligations en matière d’accès au marché de l’OMC. Une position également défendue par l’UE qui évoque des mesures à la fois « injustifiées et économiquement contre-productives ». De leur côté, les États-Unis n’ont pas souhaité commenter une affaire en cours alors que le Canada a saisi l’OMC pour entamer des consultations.