au cœur d’une enfance brisée

Ligne après ligne, on y découvre la vie d’Abigaëlle, recluse dans un couvent en Bourgogne. Elle raconte l’histoire de son frère Gabriel, et de leur enfance. Une enfance ponctuée de coups et de peur, avec un quotidien rythmé par les excès de colère de leur père, et les moments de complicité entre ces deux enfants, tentant de survivre à cet enfer familial. Aujourd’hui adultes, ils essaient de se reconstruire, sans oublier, comme le mentionne le tatouage de Gabriel : « 3 sur 4 ». Gravée dans la peau, cette phrase lui rappelle que trois enfants sur quatre vivant dans un foyer violent seront un jour victimes ou bourreaux.
Ce roman se lit d’une traite tant le lecteur est happé par ce récit, qui parvient à émouvoir ou même à surprendre grâce à son twist final. Et là où ce livre est particulièrement intéressant, c’est qu’il parvient à déconstruire des stéréotypes liés à la violence conjugale. Non, ce phénomène ne touche pas uniquement une certaine classe sociale. Non, les femmes qui en sont victimes ne sont pas des êtres faibles. Et oui, un sourire, un col roulé ou des manches longues en été peuvent cacher un enfer quotidien.
Selon l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime, plus de 50.000 femmes et jeunes filles auraient été tuées par des (ex-)conjoints ou des membres de leur famille dans le monde en 2023. Soit 140 personnes chaque jour. Que l’on en soit témoin ou victime, ce livre nous plonge dans cette problématique, le tout sans jamais sombrer dans le pathos.
