Du lait à la viande: la Gasconne des Pyrénées fait le succès de la famille Jouve
Suite au contexte sanitaire, le Sommet de l’élevage à Clermont-Ferrand s’est déroulé sans bovins. Mais qu’à cela ne tienne, les visiteurs ont tout de même pu en apprendre plus sur l’élevage auvergnat grâce aux Farm Tours, soit des visites de fermes ou de sites ayant ouvert leurs portes pour l’occasion.
Le troupeau se compose de 60 mères et de 3 taureaux. La viande y est écoulée au magasin à la ferme et sur les marchés. - D.T.
Par : Déborah Toussaint
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Clermont-Ferrand et son horizon dessiné par des volcans, avec le Puy de Dôme en toile de fond. En ville, déjà, la région séduit. Au cœur de la campagne, dans le village de Pommier, l’ambiance est bien plus paisible. À 1.000 mètres d’altitude, seules les cloches des vaches se font entendre. Plusieurs broutent dans un pré, avec leur couleur grise qui brille sous les rayons du soleil automnal. Pas de doute : nous sommes arrivés à destination. Il est temps d’en découvrir davantage sur la Gasconne des Pyrénées, une race bovine française originaire, comme son nom l’indique, de la chaîne de montagnes des Pyrénées.
Hubert Jouve, membre du Gaec du Plein Air, nous accueille. De but en blanc, il présente son troupeau composé de 60 mères. On l’entend tout de suite : ce dernier est rôdé à l’exercice. Logique, puisqu’étant le seul éleveur de Gasconne dans la région, des visiteurs, il en a déjà vu passer…
« Même des personnes de Mayotte », nous souffle-t-il. Néanmoins, il n’est pas las pour autant, et c’est avec passion qu’il décrit son exploitation. Une ferme qui a su complètement se réinventer. Il y a deux ans, ils ont décidé d’arrêter le lait… Son fils, Nicolas, après avoir suivi une formation de boucher, avait alors pour projet de développer un atelier de découpe. Il fallait donc de la viande. Quant à Hubert, voyant sa retraite approcher, il ne voulait plus traire. Dès lors, adieu les Holstein et bonjour les Gasconne. « J’avais vu des reportages et mon gendre avait effectué un stage dans les Pyrénées. Nous avons opté pour cette race, et nous sommes allés chercher les vaches en Ariège ». Pourtant, on voit encore passer une laitière en prairie. « Nous en avons conservé deux, dont celle-là, âgée de 15 ans ». Des tantes nourrices… En effet, chez la Gasconne, les cas de gémellité sont courants. L’année passée, la ferme a d’ailleurs accueilli des jumeaux à six reprises. Pourtant, malgré leurs deux veaux, les mères ont réussi à mettre bas sans difficulté. « En cinq ans, nous n’avons eu qu’un seul vêlage difficile », souligne Nicolas.
C’est seulement vers quatre mois que les veauxarboreront leur robe grise, caractéristique de la race. - D.T.
Se démarquer grâce à cette race plus rare
C’est justement pour sa facilité de vêlage, mais également pour sa rusticité que Hubert s’est tourné vers ces bêtes. Adaptées tant à la vie en montagne qu’à celle en bâtiment, grâce à leur capacité d’ingestion, elles s’avèrent également faciles à engraisser. Une qualité primordiale pour la famille qui vend entre 40 et 60 bovins par an. Téléphone en main, Nicolas, en charge de la salle de découpe tandis que son père s’occupe du cheptel, montre fièrement des photos de la viande commercialisée. « Elle est excellente », dit-il d’emblée. Il complète : « Sur les bœufs castrés, nous sommes déjà montés à un poids de 500 kg par bête. Quant aux génisses, nous essayons d’atteindre entre 380 et 400 kg. Le problème, si l’on peut dire, est que nous avons un trop gros débit de vente et nous n’arrivons pas à les garder plus longtemps sur la ferme. Nous sommes toujours en rupture de stock ».
En effet, de la naissance à la commercialisation, tout le cycle se déroule sur l’exploitation. Le site possède un magasin à la ferme, et la famille se rend à trois marchés. Grâce à ses produits, elle a réussi à se créer une véritable clientèle. Puis, travailler avec cette race moins connue leur a permis de se démarquer.
Trois générations autour d’une même passion. Hubert Jouve est d’ailleurs accompagné de son petit-fils Hugo pendant la visite. - D.T.
Plusieurs types de viandes selon les âges d’abattage
Pour observer les bovins à l’engraissement, il faut descendre, puisque le cœur de la ferme se situe à 750 mètres d’altitude. L’opportunité d’y voir, dans ce bâtiment, les bêtes en finition et les veaux de couleur « fauve » ! C’est seulement vers quatre mois qu’ils arboreront leur belle robe grise, si caractéristique.
Ensuite, les femelles sont abattues, dans un abattoir situé à 30 km, vers 2 ans et demi ou 3 ans. Les éleveurs en gardent entre 8 et 10 chaque année pour renouveler le troupeau. Toujours au niveau de l’abattage, il s’agit du même délai pour les bœufs. Quant aux taurillons, c’est de l’ordre de 18 mois.
Pour la phase de finition, l’agriculteur mise sur une alimentation à base de foin et d’un mélange de céréales, avec un peu de tourteau. Au niveau des mères, la nourriture est essentiellement basée sur l’herbe. Celles-ci restent au pré de mai à novembre. Le site s’étend sur 106 ha, dont 20 ha de cultures et le reste de pâtures. « Nous possédons trois taureaux. Nous ne regroupons pas les vêlages : comme les bêtes sont au pré, ce serait trop compliqué de toutes les attraper pour les inséminer. C’est pourquoi nous avons choisi de travailler de manière naturelle », souligne Hubert Jouve, accompagné de son petit-fils Hugo. Soit, trois générations autour d’un projet commun, centré justement autour de cette vache… hors du commun !
Bovins
MilkBE, l’organisation de branche du secteur laitier, a présenté son rapport annuel 2025, revenant sur les réalisations de l’année écoulée et se projetant dans ses ambitions pour 2026.