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Comment réduire ses coûts énergétiques et accroître son autonomie?

Porcheries, tanks à lait, robots et salles de traite, hangars de stockage de pommes de terre… sont autant d’installations qui font des agriculteurs de gros consommateurs d’énergie. Une situation peu envieuse dans le contexte actuel de prix élevés… qui pousse à réfléchir sur deux thèmes cruciaux : la réduction des coûts et l’autonomie énergétique.

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Depuis plusieurs mois, les prix de l’énergie atteignent des sommets, fluctuent, mais ne redescendent jamais aux niveaux d’avant le conflit russo-ukrainien. Cela n’est pas sans conséquence sur la trésorerie des fermes qui, selon leur spécialisation, peuvent avoir une consommation annuelle d’électricité très élevée. Cela pousse de nombreux agriculteurs à revoir leur organisation ou à entamer une transition énergétique, avec toutes les questions qui accompagnent ces initiatives.

Pour tenter d’y répondre, le Collège des producteurs avait invité Renaud Polidor, account manager chez Broptimize, lors de ses assemblées sectorielles automnales « bovins laitiers » et « pommes de terre ». Et celui-ci de livrer d’emblée la marche à suivre : « S’intéresser de près à ses contrats de fourniture est la première chose à faire, que l’on soit éleveur ou cultivateur. On peut ensuite s’atteler à réduire sa consommation et, dans un second temps, envisager de produire sa propre énergie.

Une fois ce pas franchi, il conviendra d’effectuer un monitoring de ses moyens de production ».

Analyser ses contrats

Lire, comprendre et étudier ses contrats de fourniture d’énergie est essentiel. En effet, selon les prix pratiqués, cette démarche permet déjà de réduire ses dépenses énergétiques en changeant simplement de fournisseur. « Cependant, peu d’agriculteurs s’y attellent, à la fois par manque de temps, mais aussi par manque de connaissances. Il en découle des pertes financières pourtant facilement évitables », détaille M. Polidor.

Ce manque de connaissance n’est pas propre au monde agricole, mais est observé chez l’ensemble des Belges. Il résulte de la complexité des contrats et modes de calcul des tarifs pratiqués par les fournisseurs. d’énergie. « Depuis quelques mois, les contrats fixes ont disparu. Seules les formules tarifaires variables sont encore commercialisées. Cependant, le mode de calcul utilisé, faisant intervenir plusieurs facteurs, dépend d’un acteur à l’autre, ce qui complique les comparaisons… »

Analyser sa facture est le premier point sur lequel s’attarder, bien que cela soit parfois un véritable casse-tête.
Analyser sa facture est le premier point sur lequel s’attarder, bien que cela soit parfois un véritable casse-tête.

De plus, la facture finale, que certains jugent relativement opaque, ne fait pas intervenir que l’énergie. S’y ajoutent les coûts de distribution et transport, diverses cotisations, la TVA… et une contribution relative à l’énergie verte. « Si les premiers sont non négociables, cette dernière est définie au sein d’une fourchette. Or, qui dit fourchette, dit variation d’un fournisseur à l’autre. Il est donc utile d’y porter attention, au même titre que l’on s’attarde au prix de l’énergie, et de faire les comparaisons qui s’imposent. »

Tout cela requiert plusieurs heures de travail, d’analyser les offres commerciales régulièrement et fréquemment avant de choisir, parfois par défaut, l’offre qui semble être la plus intéressante. Au risque de se demander, quelques semaines ou mois plus tard, si le choix posé était le bon. Peu d’agriculteurs prennent également le temps de négocier avec les fournisseurs en vue d’obtenir un tarif plus intéressant.

« L’électricité la moins chère est celle qui n’est pas consommée ! »

Dans le contexte actuel, il peut être intéressant de déléguer ces rôles à d’autres. Broptimize est notamment en mesure de le faire, en gérant les dossiers administratifs des agriculteurs, en vérifiant les factures établies par les fournisseurs d’énergie et en négociant les contrats et ce, en toute indépendance. « En fédérant plusieurs agriculteurs, nous sommes en mesure d’apporter de gros volumes énergétiques aux fournisseurs. Ceux-ci réduisent leur marge afin d’être plus compétitifs et d’acquérir un nouveau lot de clients, ce qui est bénéfique pour le portefeuille des producteurs. »

Diminuer sa consommation

Réduire sa consommation énergétique est la deuxième chose à envisager. « En effet, l’électricité la moins chère est celle qui n’est pas consommée ! », affirme Renaud Polidor.

Il est donc nécessaire d’analyser l’ensemble des flux de consommation de l’exploitation. L’objectif : déterminer les postes où des économies peuvent être réalisées. L’examen porte sur l’éclairage, le chauffage, le froid, la ventilation, les fours, les machines, l’isolation… « A titre d’exemple, il vaut mieux remplacer un frigo ayant 20 ou 30 ans, et qui se montre donc très énergivore, avant d’envisager le placement de panneaux photovoltaïques. Les points d’éclairages devraient également tous être équipés d’ampoules Led. »

«Il faut réduire ses coûts et produire sa propre énergie si l’on veut assurer la viabilité à long terme de sa ferme», affirme Renaud Polidor.
«Il faut réduire ses coûts et produire sa propre énergie si l’on veut assurer la viabilité à long terme de sa ferme», affirme Renaud Polidor. - Broptimize

Quelques actions concrètes peuvent déjà permettre de réduire sa consommation, et donc sa facture.

Produire son énergie

« Une fois sa consommation réduite au maximum, il peut être intéressant de produire sa propre énergie afin d’être le plus autonome possible. » Pour ce faire, plusieurs technologies cohabitent sur le marché : les éoliennes, les panneaux photovoltaïques ou encore les unités de biométhanisation. L’une ou l’autre sera à privilégier selon sa consommation (relativement stable tout au long de l’année pour un éleveur laitier, saisonnière pour un patatier, par exemple), les possibilités techniques (orientation des toits, conditions venteuses ou non, capacité à alimenter une station de biométhanisation…), l’enveloppe budgétaire dédiée, la rentabilité désirée… Il est également possible de combiner plusieurs sources.

L’unité de biométhanisation figure parmi les solutions possibles pour produire de l’énergie à la ferme.  Il convient néanmoins de s’assurer qu’il s’agit de la solution qui corresponde le mieux à sa situation.
L’unité de biométhanisation figure parmi les solutions possibles pour produire de l’énergie à la ferme. Il convient néanmoins de s’assurer qu’il s’agit de la solution qui corresponde le mieux à sa situation. - P-Y L.

Pour faciliter le travail des agriculteurs, les ingénieurs de Broptimize (ou d’autres consultants en énergie) sont en mesure de mener les diverses études techniques selon les souhaits de l’agriculteur et les possibilités que présente sa ferme, d’analyser les données de consommation énergétique, de rédiger les cahiers de charge, de demander des devis et les analyser… tout en laissant le porteur de projet opter pour la solution de son choix. « En mettant en concurrence plusieurs installateurs et acteurs spécialisés, nous arrivons, en moyenne, à faire baisser les devis de 15 à 20 % », ajoute M. Polidor. À noter toutefois que le service fourni par la société a aussi un coût.

Il est, bien entendu, également possible de faire appel soi-même à plusieurs installateurs et de comparer leurs devis, ou encore de demander conseil à un voisin qui serait satisfait de ses choix.

Suivre sa production

Renaud Polidor livre un dernier conseil, principalement aux détenteurs de panneaux photovoltaïques. « Il est essentiel de suivre sa production mais aussi sa consommation. L’objectif est d’autoconsommer au maximum l’énergie que l’on produit. Dans le cas d’une installation photovoltaïque, il faut donc envisager son orientation en fonction des pics de consommation. Si ceux-ci sont observés en matinée et en fin de journée, il n’est peut-être pas utile d’orienter tous ses panneaux au sud, car le pic de production sera alors atteint en milieu de journée. »

Il convient également de gérer son contrat d’injection d’électricité en cas de surproduction, de réaliser un monitoring complet de son installation afin de s’assurer qu’elle fonctionne au maximum de ses capacités ou encore d’en surveiller la rentabilité financière. Autant de tâches qui peuvent être déléguées à des prestataires de services ou qui peuvent être réalisées soi-même, à condition d’en prendre le temps.

J. Vandegoor

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