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Le critère «Cellules»: pourquoi ne pas le supprimer?

Les bactéries s’adaptent aux antibiotiques. Elles font de l’antibiorésistance ! Pour contrer cette antibiorésistance dans les élevages, la commission européenne impose la limitation de l’usage des antibiotiques, et l’interdit carrément en préventif. En alternatif, parmi différentes mesures hygiénistes, elle conseille d’augmenter, par tous les moyens possibles, l’immunité des animaux. Assez curieusement et en contradiction avec ce dernier conseil, en vache laitière, cette même commission européenne, ne supprime pas le critère « Cellules ». Pourquoi ?

Temps de lecture : 6 min

Le taux cellulaire est le marqueur de la capacité immunitaire de la vache laitière. Les cellules sont des globules blancs qui défendent la santé du vivant qui les produit, c’est leur rôle. Par une directive européenne de 1984 appliquée trois ans plus tard en Belgique, elles furent limitées à 750.000 par millilitre. Actuellement le lait est déclaré impropre à la consommation au-delà de 400.000 cellules et de nombreuses laiteries donnent des primes pour descendre sous 200.000 cellules. L’insémination a sélectionné des taureaux qui engendrent des veaux carencés au niveau production de globule blancs. Résultat, des veaux immunodépresseurs. D’après les statistiques, en 2021, ils représentaient 85 % des traitements curatifs aux antibiotiques en exploitation laitière.

En 1960, quand j’ai commencé à travailler comme aidant avec mes parents, hormis fin de l’hiver, au mois d’avril, les problèmes sanitaires étaient rares chez les veaux. On les soignait souvent par du thé de foin. À l’époque, le dimanche, dans les parlottes d’après messe sur le parvis de l’église, un veau mort se commentait tandis que maintenant, c’est une banalité.

Vous me direz que cellules = mammite ! Pas si sûr ! Depuis 28 ans je suis convoqué comme jury externe à l’école d’agriculture de La Reid pour les 5e et 6 t echniques qualifications, j’en ai vu défiler des mémoires ! Un jour, lors d’une présentation, deux professeurs fustigèrent un élève dont les résultats cellulaires moyens de l’exploitation tournaient autour des 400.000 cellules. Je fis remarquer que sur l’année, sur les 104 vaches de la ferme, seules 6 d’entre elles avaient développé une mammite alors qu’une autre exploitation, que nous venions de visualiser, se situant sous les 100.000 cellules, avait, elle, 68 mammites pour 70 vaches. Ce genre de constatation se répète souvent.

À la naissance du veau, la vache, via son colostrum, produit des anticorps indispensables à la survie de son rejeton. Ensuite, elle soigne et stimule immunitairement son veau par son lait et les globules blancs qu’il contient. Ces cellules somatiques ou globules blancs ont des fonctions précieuses : Ils contribuent à la constitution de l’immunité du buveur (humain ou bovin) et ils ont également un effet thérapeutique en cas de maladies. Ce sont de vrais alicaments naturels !

Lors d’une conférence sur la dangerosité du lait de vache, j’ai entendu un nutritionniste affirmer qu’il ne fallait pas donner du lait de vache aux nourrissons sous prétexte qu’il contenait trois fois moins de globules blancs (cellules) que le lait de femme ?!! Je lui ai rétorqué que c’était normal, l’Europe ne sélectionnait pas les femmes allaitantes sur base de ce critère. Au-delà de cette comparaison entre mammifère qui fit débat, ceci révèle l’absurdité de la norme cellule somatique.

J’aimerais que l’on me montre l’étude qui prouve que les globules blancs sont impropres à la consommation humaine ! Pourquoi le lait de vache est-il impropre à la consommation à partir de 400.000 cellules et celui des chèvres, brebis et bufflonnes, qui sont également une race de vache, ne sont-ils, eux, impropre à la consommation humaine qu’au-delà de 1.000.000, oui vous lisez bien, un million de cellules ? Pourquoi ce paradoxe ? Oui pourquoi ?!

La réponse se trouve dans le fromage ; le lait de brebis, chèvres et bufflonnes sert à la fabrication du fromage. Un lait riche en cellule caille facilement. Outre l’effet immunitaire et thérapeutique bienfaisant cité plus haut, pour le veau, le fait de cailler fige et détruit les pathogène que l’animal ingurgite avec ce lait. Au millénaire passé, voici plus de 25 ans donc, une dame m’a amené, scandalisée, une bouteille en verre contenant du lait pasteurisé non périmé, acheté en grande surface. Il avait caillé dans sa voiture surchauffée. J’ai eu du mal à lui faire comprendre que ceci était la preuve que ce lait était sain, sous l’effet de la chaleur il avait commencé à s’auto-digérer.

L’industrie a horreur de ce genre de problème, elle exige du lait qui se conserve. Qualité hygiénique oui ! Mais qualité mortifère quand même ! De temps à autre, gène du passé, resurgit dans les exploitations une primipare dont le lait titre 600.000 à 700.000 cellules, niveau qui restera constant, elle n’est jamais malade, l’éleveur la garde, elle n’influence pas trop la moyenne du troupeau.

Si l’Europe veut éviter l’usage des antibiotiques, c’est ce genre de vache qu’elle doit sélectionner et multiplier. Le phénomène est analogue aux cultures produites sans pesticides, devant se battre contre de multiples agresseurs, elles développent des antioxydants qui, comme un lait frais et riche en cellules, sont très utiles pour la santé des consommateurs que nous sommes. Cette symbiose entre mangeurs et mangé, je l’appelle la mutuelle du bon Dieu. Elle mériterait d’être beaucoup mieux étudiée et cela même au niveau bactérien. Nous nous focalisons sur les pathogènes alors que les bactéries biogènes sont infiniment plus nombreuses. Bio veut dire vie, donc ces bactéries sont des gènes de vie.

Quand un veau boit du lait, si celui-ci ne caille pas dans sa caillette, il développera une diarrhée et souvent ne sera sauvé que par des poudres et médicaments dont les fameux antibiotiques, d’où problèmes antagoniques au niveau européen : soit la santé naturelle d’un bon taux cellulaire, soit le choix médicamenteux problématique au niveau intensification de l’antibiorésistance. Et pour l’humain que se passe-t-il ? Si le lait ne caille pas dans l’acidité de l’estomac, il fermente et continue son chemin dans l’intestin. Caillé, le lait libère ses vitamines et nutriments directement assimilables. Ceux-ci vont booster bénéfiquement l’organisme. Quant à la fermentation, elle provoque des dérèglements gastro-intestinaux.

Votre médecin vous dira que vous êtes intolérant au lait. Non ! Vous n’êtes pas intolérant, c’est l’Europe qui par sa réglementation « cellules somatique », a rendu le lait intolérable, malsain et impropre à votre consommation.

Conclusion : en cas d’agression virale, bactérienne ou même physique, l’organisme du vivant, qu’il soit animal ou végétal, réagit au quart de tour. Il a des capacités de défense et de reconstruction inouïes, dont certaines sont encore à découvrir. Que diriez-vous si l’on sélectionnait des individus incapables d’avoir de la fièvre pour lutter contre la maladie ? Les cellules somatiques ou globules blancs sont les milliards de soldats qui défendent l’intégrité sanitaire de la vache et du veau mais également de tout autre buveur de ce lait.

Soyez intelligents ! Arrêtons d’urgence le massacre sinon, dans quelques générations, nos descendants nous trouveront bien stupide d’avoir à la foi incité à renforcer l’immunité pour réduire l’usage des antibiotiques, et, paradoxalement, limité drastiquement celle-ci.

Lu vî Gustave

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