Une mélangeuse automotrice et électrique: une satisfaction pour les éleveurs et le cheptel
Distribuer les rations peut rapidement devenir une opération chronophage et ce, d’autant si la ferme compte des vaches laitières et un troupeau viandeux. Pour gagner en confort et économiser du temps, Jonas Wilczek et Johan et Rudy Ooms ont envisagé d’acheter une mélangeuse traînée associée à un tracteur d’occasion. Après réflexion, ils se sont finalement tournés vers une automotrice électrique dont ils sont aujourd’hui satisfaits.

À Herent, à quelques encablures de Louvain, Jonas Wilczek et ses oncles Johan et Rudy Ooms sont à la tête d’une exploitation mixte, bien que présentant une orientation accrue vers les bovins viandeux. Le plan de culture mis en place par le trio est d’ailleurs orienté vers cette spéculation : maïs, herbe, betterave sucrière, pommes de terre (pour la vente directe), orge et froment d’hiver. Depuis l’automne dernier, de l’orge brassicole a également été semé pour la première fois.
Jusqu’il y a peu, l’alimentation du bétail, réparti en plusieurs étables, se faisait à l’aide d’un godet de distribution attelé à une petite chargeuse articulée. L’herbe était, quant à elle, amenée devant le cornadis à l’aide d’un godet d’ensilage monté sur le tracteur. Enfin, les concentrés et minéraux, le soja et les céréales concassées étaient distribuées séparément.
Gagner en confort et économiser du temps
Pas moins de quatre heures et demie étaient nécessaires pour nourrir le cheptel… « Je me suis mis en quête d’une solution permettant de réduire le temps dédié à ce poste », explique Jonas, qui souhaitait également que les pistes étudiées permettent de gagner en efficacité et confort de travail. Des critères immédiatement approuvés par Rudy, lui qui passait ses journées sur la chargeuse articulée.
L’achat d’une mélangeuse traînée a été étudié… avant d’être éliminé pour plusieurs raisons. Premièrement, la famille aurait dû acheter un tracteur d’occasion fiable car elle ne disposait pas d’un engin pouvant être attelé en permanence, ou presque, à la mélangeuse. La maniabilité a été un autre facteur conduisant au rejet de cette piste. Un modèle traîné est, en effet, moins maniable, d’autant que la configuration des lieux oblige les éleveurs à entrer en marche arrière dans chaque étable. « Nous aurions perdu en praticité et rapidité », commentent-ils. C’est pourquoi leur choix s’est porté sur un modèle automoteur.
Et pourquoi ne pas opter pour une motorisation électrique ? Lorsque Jonas a réalisé le plan d’investissement relatif à cette acquisition, en comparant l’achat d’une mélangeuse traînée et d’un tracteur d’occasion d’une part, et d’une mélangeuse automotrice d’autre part, il s’est avéré que la différence de prix entre les deux options, en tenant compte du soutien apporté par le Fonds d’investissement agricole de la Région flamande, n’était pas si importante que cela.
Le modèle automoteur permet également d’être immédiatement opérationnel. En effet, avec une mélangeuse traînée, il arrive parfois que les machines doivent être dételées des tracteurs avant de pouvoir réellement commencer à mélanger les aliments.
Des arguments et un essai convaincants
La recherche de la mélangeuse répondant à leurs besoins a conduit Jonas, Johan et Rudy vers l’eTruck, un modèle de la marque Siloking, distribuée en Belgique par Kverneland Benelux. Accompagnés d’un délégué commercial, ils se sont rendus dans une ferme luxembourgeoise où une machine similaire était en service. Les essais de conduite, de même que l’expérience partagée par leur confrère luxembourgeois, ont fini de les convaincre.
Seul un doute subsistait dans l’esprit de Jonas : la version électrique serait-elle suffisamment puissante ? Avec le recul et l’usage, il s’avère que oui.
Le fabricant a également présenté des arguments jugés convaincants par le trio d’éleveurs. Cette mélangeuse automotrice électrique est sur le marché depuis 2016, avec de très bons résultats commerciaux sur le marché allemand. La technologie liée au mélange de la ration provient de la maison Siloking tandis que l’entraînement électrique de l’engin est assuré par le fournisseur Jungheinrich. Cette société allemande affiche plus de 20 ans d’expérience dans le domaine des chariots élévateurs électriques. Elle fournit aussi d’autres fabricants de machines agricoles, toujours en vue d’assurer l’électrification du matériel.
Neuf mélanges par charge
Actuellement, les charges se font durant la nuit, afin de profiter d’un prix de l’électricité plus avantageux. Une stratégie qui devrait bientôt évoluer. En effet, Jonas dispose de plusieurs devis relatifs à l’installation de panneaux photovoltaïques. Une fois ceux-ci placés, les charges ne se feront qu’en journée, lorsque l’installation fournira la ferme en énergie.
La mélangeuse demande un entretien spécifique, mais peu contraignant : les batteries doivent être alimentées en eau distillée tous les mois. Cela représente un volume de 8 à 10 l. Outre cela, l’huile du système hydraulique doit être changée chaque année. Notons que le système de direction, les roues et les vis sont entraînés par l’électricité.
Sur la route, la machine atteint une vitesse maximale de 20 km/h. Dans le cas présent, ce critère n’avait que peu d’importance car aucun animal n’est situé à distance de la ferme.
Quelques craintes rapidement levées
Jonas et ses oncles utilisent leur mélangeuse depuis avril dernier. Celle-ci leur procure entière satisfaction. Ils pointent cependant le fait qu’en été, il peut faire très chaud dans la cabine. « En pareil cas, vous êtes bien content que la fenêtre, voire la porte, de la cabine puissent être ouvertes », rigolent-ils.
Ce qui est remarquable, selon eux, c’est le silence qui règne dans les étables quand ils y travaillent. « Les animaux ne sont pas effrayés par un quelconque bruit. Et l’absence de gaz d’échappement ne peut qu’être bénéfique. »
Avant la mise en service, le trio témoignait de quelques craintes relatives à la distribution des aliments devant le cornadis. En effet, la machine n’est pas équipée d’un tapis de distribution mais déverse directement la ration depuis le bol. Ces craintes se sont depuis révélées infondées.
L’essieu arrière central, qui permet de diriger l’engin, a aussi été source de quelques doutes. « En faisant marche arrière dans le couloir d’alimentation, nous craignions qu’aucun aliment ne soit distribué sur les 50 à 60 derniers cm, soit la distance entre le point de déchargement et l’essieu. » Encore une fois, plus de craintes que de problèmes. En outre, une caméra de recul est présente et facilite les manœuvres dans les bâtiments.
Les rations sont programmées directement dans l’ordinateur de la mélangeuse. Ce dernier renseigne alors aux chauffeurs les quantités à charger pour chaque aliment composant la ration en question. Un écran dans la cabine du tracteur affiche aussi ces informations.
Lorsque le mélange est arrêté puis redémarre, l’entraînement électrique est suffisamment puissant que pour remettre en mouvement un bol rempli. Durant le chargement, le bourdonnement des moteurs électriques peut être entendu dans la cour de la ferme. C’est complètement différent du sifflement ou du rugissement que l’on retrouve typiquement avec un moteur diesel classique, mais un modèle électrique présente bien des avantages.