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Préparer la serre maraîchère avant d’entamer la nouvelle saison

La nouvelle saison se profile à l’horizon et, avec elle, les opérations de nettoyage et désinfection des serres maraîchères. Celles-ci sont, en effet, nécessaires pour éviter que les maladies et ravageurs habituels fassent leur apparition plus tôt qu’en l’absence d’intervention. Outre la serre, on veillera aussi au bon entretien du système d’irrigation tandis que les outils et le matériel de travail seront nettoyés soigneusement dès maintenant et tout au long de la saison, toujours pour des raisons sanitaires.

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L a question du choix et de l’installation d’une serre maraîchère a déjà été abordée voici peu (lire Le Sillon Belge du 13 octobre 2022). Et pour les anciennes serres, devons-nous prévoir un entretien particulier avant la nouvelle saison ? Certains maraîchers pensent que l’équilibre installé dans une serre doit être préservé et qu’il est préférable de s’abstenir de toute intervention lourde. D’autres, au contraire, estiment qu’il est préférable de désinfecter la structure de fond en comble.

Nous constatons en pratique que l’absence d’intervention risque d’amener les maladies et les ravageurs habituels plus tôt dans l’année. Nous savons qu’un équilibre dans les milieux vivants comme le sol est une garantie de maintien du bon état sanitaire. Mais sur des supports inertes comme les films plastiques ou les supports métalliques, c’est bien moins évident.

À tout le moins, un nettoyage rigoureux est vivement conseillé, emmenant les débris végétaux, les saletés coincées dans les replis de la structure de la serre ou collées aux parois.

Le nettoyage d’abord

Pour les abris, comme les serres, le nettoyage suivi éventuellement d’une désinfection est organisé entre deux cultures. Sont visés particulièrement les acariens tétranyques et les spores de champignons. En conventionnel, les traces de produits phytosanitaires sur les structures seront nettoyées avec soin pour éviter de freiner la mise en place d’auxiliaires, tel Encarsia formosa contre les aleurodes, par exemple.

Désinfecter par des moyens physiques…

La désinfection peut se faire par des méthodes physiques. La mise en application et les résultats diffèrent selon le mode de traitement.

Les nettoyeurs à hautes pressions pouvant générer de l’eau chaude à 90ºC permettent de très bons nettoyages de contact. La vapeur permet d’atteindre 80 ou 90ºC au niveau des surfaces. Peu de spores, d’insectes ou encore de nématodes le supportent. Cette méthode est bien pratique pour les supports métalliques.

Les générateurs de vapeur à plus de 150ºC sont bien adaptés pour la désinfection et peuvent également servir pour la désinfection de sol (atteindre 95ºC dans la zone à désinfecter) et le désherbage thermique à la vapeur. Le coût de tels traitements est à évaluer, seules les situations à risques avérés entrent en ligne de compte.

Mais les films plastiques de couverture ne le supportent pas non plus. À leur niveau, un bon nettoyage de surface sera requis. Sans plus.

La solarisation du sol est souvent évoquée dans les notes techniques du midi français et dans le bassin méditerranéen. Dans nos conditions, les résultats sont très variables.

La lumière a elle-même un certain pouvoir de désinfection. Pour qu’elle agisse sous abris, veillons à maintenir les surfaces de couverture propres. La luminosité descend en automne et en hiver, c’est le bon moment pour nettoyer et déblanchir les serres maraîchères et réparer les verres et plastiques endommagés.

… et par l’emploi de produits

Des produits de désinfection sont proposés par les distributeurs. Ils peuvent apporter des solutions intéressantes lorsque le nettoyage et les règles agronomiques de base ne suffisent pas. Soyons très prudents sur le choix de ces moyens et assurons-nous qu’ils répondent aux critères des cahiers de charges en vigueur à la ferme, en particulier en bio.

Les systèmes d’irrigation seront nettoyés également. Pour ceux-ci, commençons par purger, si ce n’est pas encore fait, puis bien nettoyer les filtres. Ensuite, nous désinfectons en respectant les modalités d’emploi. Enfin, nous nettoyons à nouveau les filtres pour les débarrasser des résidus nouvellement apportés suite à la désinfection. Nous pouvons profiter de ce moment de repos du matériel pour détartrer et nettoyer les asperseurs et les goutteurs démontables. Le réseau d’irrigation peut également être purgé pour éliminer les risques de maintien d’une flore pathogène.

Le nettoyage des structures est bien plus aisé en période de vide sanitaire de la serre.
Le nettoyage des structures est bien plus aisé en période de vide sanitaire de la serre.

Plusieurs types de produits sont disponibles et s’emploient en alternance pour éliminer les biofilms de bactéries, de champignons ou d’algues installés dans les conduites d’une part, et les dépôts minéraux d’autre part. L’ensemble des tuyauteries est concerné. Dès que l’eau a stagné, les risques de développement d’algues ou d’autres espèces sont importants. Ce n’est pas un travail à réaliser lorsque nous devrons mettre les systèmes d’irrigation en route. Cela doit être fait dès à présent.

Conserver un matériel et des serres propres

Un point plus délicat est le maintien d’une flore et donc d’une faune dans des zones refuges à proximité des parcelles. Des ravageurs peuvent y séjourner, mais c’est justement grâce à cette présence que les auxiliaires restent à demeure.

Surtout lorsqu’une maladie ou des ravageurs sont repérés sur une parcelle de la ferme, évitons leur propagation en nettoyant soigneusement les outils, les pneus, les chaussures, le matériel de travail… Le placement de pédiluves à l’entrée des serres a du sens, surtout si les visiteurs et les travailleurs se rendent régulièrement dans d’autres unités de production en interne ou en externe.

Les serres et leur environnement immédiat sont à tenir propres, c’est-à-dire indemnes de foyers de bio-agresseurs. Dans les serres, la densité des plantes est élevée ce qui augmente certains risques de propagation de maladies ou ravageurs. Entre deux cultures successives, il est intéressant de procéder à un bon nettoyage, qui peut être réalisé systématiquement, mais pas nécessairement de désinfecter. C’est l’observation de la culture précédente, sur place, qui oriente le choix.

Même dans le cas d’une nécessité de désinfecter, il faut nettoyer d’abord les surfaces. Dans le cas de la désinfection, il faut choisir les actions et les produits qui ne laissent pas de résidus, et ceci en vue de permettre une bonne implantation des auxiliaires.

Procédons avec ordre

Lorsque nous nettoyons la serre, nous commençons par le haut de celle-ci et descendons ensuite vers les supports, les tablettes et, enfin, le niveau du sol. Il s’agit de ne pas contaminer à nouveau par des chutes d’eau et de poussières contaminées les parties nettoyées antérieurement.

C'est entre deux saisons de culture que la serre est le plus facilement nettoyée  des débris végétaux qui hébergent des œufs et spores de ravageurs et de maladies.
C'est entre deux saisons de culture que la serre est le plus facilement nettoyée des débris végétaux qui hébergent des œufs et spores de ravageurs et de maladies.

Si nous recourons à un produit désinfectant, commençons d’abord par un bon nettoyage. Ensuite nous laissons sécher pour éviter que le désinfectant ne soit dilué dès son application. Et enfin, nous appliquons le désinfectant.

Un soin particulier doit être apporté pour le nettoyage et la désinfection des terrines de semis.

Et durant le cycle cultural ?

Pour les cultures maraîchères, les plants à repiquer peuvent être une source de grande vigueur mais aussi de foyers infectieux si on n’y prend pas garde. La qualité des plants amenés dans la serre garantie une maîtrise de ce type de risques, des contrôles supplémentaires à la réception valent la peine.

C’est assez fréquent de se trouver face à un foyer de sclerotiniose en laitue (ou toute autre culture sensible). Quand le foyer est repéré et si sa taille le permet, évacuons les plantes atteintes mais aussi la terre qui l’entoure car elle est susceptible de contenir du mycélium ou des sclérotes. Cela sera évacué au plus vite hors de la serre et hors de la zone de production de la ferme maraîchère.

Un autre cas fréquent est d’introduire un lot de plants porteur d’une maladie à transmission aérienne, Botrytis par exemple.

Un examen attentif des lots entrant limite les risques de contamination.

F.

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