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Organiser son site d’exploitation, c’est déjà gagner en efficacité

Gérer une exploitation laitière n’est pas chose aisée. Entre la traite, les soins aux veaux, le nourrissage du cheptel et la gestion du pâturage, l’éleveur ne sait parfois plus où donner de la tête. Dans ce contexte, organiser au mieux son site d’exploitation, en tenant compte du bâti existant et des constructions futures, générerait un gain de temps et d’efficacité d’autant plus important que le troupeau est grand.

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Ces dernières années, les troupeaux laitiers ne cessent de grandir et ce phénomène s’est amplifié avec la suppression des quotas. Si le nombre de vaches en lactation augmente, il en va inévitablement de même du cheptel de renouvellement. De ce fait, l’éleveur doit accroître la surface de son exploitation et disposer de suffisamment d’unités fonctionnelles.

Un ou plusieurs sites ?

« Dans ce contexte, il est légitime qu’il se pose une première question. Dois-je élever mon troupeau sur un seul site ou disposer de plusieurs sites spécialisés ? », expliquait Jean-Marc Pilet, responsable du service bâtiment de la Chambre d’agriculture de Mayenne (France), à l’occasion d’une journée d’étude organisée par le Centre wallon de recherches agronomiques, les Aredb d’Aubel, Herve, Fléron-Visé et Montzen et le Service public de Wallonie. Et ce dernier de citer un exemple : « Soit tous les animaux sont logés sur le même site, soit l’éleveur spécialise un premier site pour les vaches laitières et les veaux et un second pour les génisses ».

Ces deux solutions présentent des atouts mais aussi des inconvénients. Ainsi, disposer d’un seul site permettrait de réduire les investissements si l’éleveur ne dispose pas déjà d’un bâtiment valorisable. L’organisation du travail est également simplifiée du point de vue des déplacements et de la communication. Les coûts de fonctionnement seraient également réduits.

A contrario, la séparation sanitaire des animaux est plus complexe. Dans un tout autre domaine, abandonner un ancien site et ses bâtiments pour rassembler l’ensemble du troupeau sur le même lieu peut renvoyer une image négative vers le consommateur.

Répartir le troupeau sur plusieurs sites présente également quelques avantages. Premièrement, le bâti existant sera mieux valorisé, surtout lorsque la multiplication des sites résulte de la fusion de deux élevages. Ensuite, tant le pâturage que la gestion sanitaire du troupeau seront optimisés.

Côté inconvénients, Jean-Marc Pilet relève principalement une complexification de l’organisation du travail résultant des nombreux déplacements entre les différents sites. L’éleveur devra également disposer d’une plus grande quantité de matériel, ce qui engendrera une augmentation des coûts de fonctionnement.

Spécialiser les bâtiments

À l’échelle de l’exploitation, l’expert français recommande de spécialiser les bâtiments et plus particulièrement d’y regrouper les animaux par âge et par besoin.

Il conseille en premier lieu d’établir une nurserie. « Veillez à séparer les cases individuelles des cases collectives. Les besoins des veaux qui y logent sont différents », ajoute-t-il. Les niches extérieures constituent une alternative à condition qu’elles soient fréquemment et correctement nettoyées et désinfectées.

M. Pilet suggère ensuite de construire une étable de post-sevrage. « D’un point de vue sanitaire, il s’agit d’une solution extrêmement intéressante. Économiquement parlant, cela se justifie dans un nombre croissant d’élevage. »

Deux stabulations viennent compléter le parc de bâtiments. La première est dédiée aux génisses et vaches taries ; la seconde aux vaches laitières. Cette dernière intègre également les équipements de traites et les locaux d’intervention sur le troupeau.

L’expert conseille toutefois de ne pas multiplier les espaces de stockage des déjections et même de privilégier le stockage unique. Objectif : éviter les surcoûts et les pertes de temps. « En théorie, installer la fosse à lisier à proximité des étables tout en faisant attention aux barrières sanitaires constitue une bonne solution », explique-t-il.

Optimiser le travail

« Avoir des bâtiments bien pensés et idéalement situés ne suffit pas pour être efficace. Encore faut-il optimiser le temps de travail », poursuit-il. Et l’expert de livrer deux conseils : « Premièrement, limitez les déplacements au sein de l’exploitation. Pour ce faire, privilégiez les aménagements de site compacts. »

Deuxième conseil : « Rentabilisez au maximum le temps que vous consacrez aux tâches quotidiennes que sont l’alimentation, le paillage, l’entretien, la gestion des déjections, la surveillance du cheptel et le soin aux animaux ». Pour ce faire, il convient, par exemple, de stocker les fourrages et d’installer les silos à proximité de tous les bâtiments de logement. La distance entre les bâtiments peut aussi être réduite. « À condition néanmoins de conserver un espace suffisant entre les étables, d’une part afin d’assurer leur correcte ventilation, d’autre part pour manœuvrer facilement avec les engins agricoles. »

Pour Jean-Marc Pilet, il convient de placer les silos au plus proche
 des étables afin de se faciliter au maximum le travail.
Pour Jean-Marc Pilet, il convient de placer les silos au plus proche des étables afin de se faciliter au maximum le travail. - J.V.

Le bâtiment dédié aux génisses peut, lui, être plus éloigné étant donné que ces animaux demandent moins de travail et de surveillance. De même, les bâtiments liés aux cultures (stockage, matériel, engrais) et autres ateliers ne concernent qu’un travail saisonnier ou « occasionnel » et peuvent donc être placés en périphérie de l’exploitation.

« Ainsi, l’agencement des différents bâtiments peut aider l’éleveur à mieux travailler », estime Jean-Marc Pilet « Mais il faut également aider l’éleveur à mieux utiliser son bâtiment et ses équipements afin de réduire la pénibilité de son travail et le temps consacré à certaines tâches. »

Prévoir le futur

Une attention doit encore être portée à la gestion des différents circuits au sein du parc de bâtiments dans l’objectif d’éviter tout croisement entre les circuits « propres » et « sales ». « Bien que ce soit plus difficile à respecter avec la multiplicité des bâtiments en grands troupeaux, c’est essentiel ! » En outre, l’éleveur devra essayer de réduire au maximum les déplacements et le nombre de barrière à ouvrir afin de simplifier son travail. « Pour ce dernier point, l’installation de barrière canadienne s’avère très utile. »

«À chaque projet, il faut remettre en question l’organisation de son exploitation.»

Enfin, l’expert français recommande de ne jamais oublier que le site doit pouvoir évoluer au rythme de l’augmentation du troupeau. « Prévoyez un éventuel agrandissement à l’échelle du site et non du bâtiment pour éviter toute situation anarchique ». Au même titre, il conseille de préférer l’agrandissement par module, donc par l’ajout d’un bâtiment supplémentaire, plutôt qu’allonger les bâtiments existants, notamment par soucis d’efficacité de la ventilation.

J.V.

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