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Être maraîcher, c’est combiner production, planification, vente, communication…

Requérant du courage au quotidien, le métier de maraîcher va bien au-delà de la simple production, que l’on fasse ses premiers pas ou que l’on soit bien établi dans le secteur. Se faire connaître, communiquer, gérer son plan de culture et ses finances… ne sont quelques-unes des autres tâches qui incombent aux maraîchers et peuvent conditionner la réussite de leurs activités.

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L a rubrique « La voix de la terre » du Sillon Belge du 16 février exprime les différentes façons d’être agriculteur. Les maraîchers s’y retrouvent aussi avec pour chacun sa personnalité, ses souhaits, selon la situation propre de sa ferme.

Les statistiques nous indiquent un manque de production de légumes frais en Wallonie. Ne nous imaginons cependant pas qu’il suffise de s’installer pour réussir. De nouvelles fermes maraîchères s’installent chaque année, d’autres cessent leurs activités. Une ferme maraîchère est vivante, elle naît, grandit et puis un jour, elle cessera ses activités ou passera la main.

S’organiser…

Chacun d’entre nous est amené à gérer différents aspects de son activité professionnelle, en veillant à conserver la meilleure harmonie possible avec son quotidien individuel et familial.

La formation et l’information sont les bases de la réflexion préalable et de la concrétisation de son projet. Les aspects techniques et économiques viennent en support de l’humain. Plusieurs centres de formation et institutions spécialisées sont disponibles en Wallonie, n’hésitons pas à nous y référer.

Essayons de produire ce que nous savons vendre et ne tentons pas de vendre ce qui a été produit.

… et se faire connaître

Ce n’est pas nouveau, mais les trois dernières années nous l’ont particulièrement rappelé, il faut savoir vendre avant de produire. Le marketing est essentiel pour se lancer et pour maintenir son activité maraîchère. Il faut du professionnalisme dans l’élaboration et dans la présentation de nos productions… et il faut le faire savoir !

Il faut communiquer avant de se lancer et au moment du lancement. Il faut continuer à communiquer par la suite pour confirmer et maintenir notre présence. La présence sur le marché doit être physique et aussi virtuelle via les réseaux dits sociaux, c’est une réalité.

Cette démarche est importante pour toutes les formes de commercialisation. Elle prend une dimension particulière lorsqu’il s’agit d’organiser la vente directe ou par circuits courts.

Des affichages clairs, des heures d’ouvertures précises et respectées, des journées portes ouvertes pour créer des événements, tout cela est à réorganiser chaque année pour compléter et renforcer le bouche-à-oreille. La présence sur les marchés hebdomadaires est aussi importante et nécessite une action commerciale que chacun n’a pas nécessairement.

Le prix est aussi un critère à intégrer dans la communication. Il convient par exemple d’indiquer clairement les avantages de tel lot par rapport à tel autre.

La notion de production locale est un argument important que les acheteurs considèrent de manière variable entre les individus mais aussi dans le temps.

Chaque cas est différent

Les données publiées régulièrement par les institutions spécialisées confirment que chaque ferme maraîchère a ses spécificités. C’est bien compréhensible et cela nous confirme que se lancer en maraîchage ne signifie pas tenter d’imiter le fonctionnement d’un collègue. Il s’agit de valoriser au mieux notre situation propre.

C’est la raison pour laquelle les formations et les informations ont toute leur importance.

Le site production : sa localisation, sa qualité…

Nous n’avons pas toujours le choix du site de production. Bien que le nombre de fermes soit en diminution alarmante, la terre reste rare et son accès malaisé.

La conséquence est qu’il faudra souvent patienter qu’une opportunité apparaisse, que ce soit en faire-valoir direct (achat) ou indirect (location).

La localisation est importante pour être proche de son habitation et proche des marchés.

La qualité des sols est importante. Elle peut être améliorée pour sa composition chimique et le drainage. Ces améliorations sont coûteuses et peuvent être amorties sur la durée d’occupation. La composition physique, la planéité et l’orientation sont plus difficilement modifiées. Un sol limono-sableux permet plus facilement de récolter des racines, un sol argileux retient mieux l’humidité pour des productions avides d’eau.

Nous devons également tenir compte des possibilités d’approvisionnement en eau et en énergie.

Nous sommes parfois amenés à étudier les possibilités d’emploi en maraîchage d’une parcelle abandonnée depuis plusieurs années. Avant d’aller plus loin dans les démarches, nous devons connaître les raisons de cet abandon. Toutes les situations sont possibles, depuis un manque de fertilité ou une susceptibilité aux inondations ou la sécheresse jusqu’à une pollution historique du site. Il y a heureusement des cas plus simples avec une possibilité réelle de cultures maraîchères après avoir pu maîtriser l’enherbement. Le travail de décompaction et de désherbage peut prendre une année.

L’organisation et les machines au quotidien

De bons semoirs et de bonnes planteuses permettant une implantation précise et à bon écartement nous font gagner du temps tout en réduisant les surfaces nécessaires. Le semoir doit être suffisamment lourd pour assurer une bonne implantation des semences et un bon plombage de la ligne de semis.

Un bon semoir est indispensable pour débuter en maraîchage. Réussir son semis, cela signifie une population suffisante de plantes, peu ou pas de ratés et moins de travail d’éclaircissage de la ligne de semis en cas de surpopulation.

Pour les plants à repiquer, il ne faut pas nécessairement produire tous ses plants soi-même. Pas mal d’espèces demandent des apports importants en chaleur et les machines de production des mottes sont coûteuses si elles ne servent que peu d’heures par an. Attention toutefois : les commandes de plants chez des fournisseurs doivent être organisées à temps.

Avec la météo de chez nous, plusieurs machines doivent être disponibles très rapidement pour maîtriser au mieux l’enherbement  : bineuses précises, herses de plusieurs types pour les cultures implantées et aussi pour les faux-semis. En période de pluies répétées, nous n’avons parfois qu’une journée convenable pour réussir un désherbage mécanique. Rater cette opportunité peut amener un travail considérable de rattrapage. La combinaison avec le désherbage thermique est souhaitable.

Une planteuse ne sert que quelques jours par an. De plus, son fonctionnement  nécessite l'intervention de plusieurs opérateurs. L'achat et l'emploi  en commun avec d'autres producteurs peuvent se justifier.
Une planteuse ne sert que quelques jours par an. De plus, son fonctionnement nécessite l'intervention de plusieurs opérateurs. L'achat et l'emploi en commun avec d'autres producteurs peuvent se justifier.

Si les services d’entrepreneurs sont accessibles rapidement, c’est probablement la meilleure solution pour disposer de machines performantes. Dans le cas contraire, l’achat en commun ou seul est une autre solution. N’attendons pas d’être débordés pour faire nos choix.

Disposer de récolteuses spécialisées pour une large gamme de cultures est impossible. Nous devons choisir à la fois les cultures que nous produisons et les machines nécessaires pour réduire les besoins en main-d’œuvre.

L’achat en commun de matériel et la rationalisation de la production en se limitant à quelques espèces maraîchères sont deux manières de mieux gérer sa ferme maraîchère et d’optimaliser les charges financières et de ressources humaines.

Les premiers pas

En souhaitant s’installer, le candidat maraîcher ne part pas de rien. Il a ses atouts, ses bagages de connaissances. La démarche vers l’installation peut se faire progressivement en profession accessoire d’abord ou en passant d’emblée en fonction principale. Mais l’équilibre économique n’arrive pas nécessairement dès le début de l’activité, il se fera attendre quelques années, le plus souvent entre 5 et 10 ans.

Les atouts à mettre en évidence comprennent les liquidités, la disponibilité de terrains convenables, l’accessibilité pour la clientèle, les partenariats avec des structures complémentaires, la compétence et les connaissances.

Il peut être tentant de commencer très petitement. En soi, cela peut paraître raisonnable, mais une certaine taille est nécessaire pour faire vivre une famille. Nous avons aussi besoin de surfaces libres, en sus des surfaces maraîchères, pour assurer une certaine rotation.

Parmi les atouts du candidat maraîcher, l’aptitude à entretenir et réparer son matériel est importante, comme en agriculture en général. Les machines sont coûteuses, en les entretenant bien, nous pouvons augmenter leur durée de vie et leur valeur de revente. Les protéger des intempéries fait partie de l’entretien.

La capacité de gestion n’est pas innée. Des formations sont organisées régulièrement par les services officiels et les organisations agricoles. Elles sont par ailleurs requises pour espérer l’accès à certaines aides publiques.

Gérer, c’est prévoir. La gestion de la production implique la planification des travaux de A à Z, avec les quantités de légumes souhaités pour chaque période de production, le calendrier des semis, les surfaces requises pour chaque légume, un plan permettant la rationalisation de l’accès aux différentes parcelles.

La gestion financière permet la planification des dépenses et investissements. Elle concerne des matières un peu différentes mais elle est très comparable à la gestion financière des fermes d’élevage et de grandes cultures. À nouveau, des formations performantes sont dispensées chez nous.

Le plan des parcelles et le registre de production sont nécessaires pour permettre la traçabilité. Les informations sont disponibles sur plusieurs sites officiels, dont celui de l’Afsca (https ://www.favv-afsca.be/professionnels/). N’hésitons pas à questionner également les Unités Locales de Contrôle de la même agence. Celle-ci est compétente également pour accorder les autorisations nécessaires aux valorisations diverses de nos productions fermières.

Mais encore…

Le portail de l’agriculture wallonne du Service public de Wallonie (https ://agriculture.wallonie.be/accueil) constitue une autre source d’information. Les demandes de permis, l’inscription à la Banque Carrefour des Entreprises et à une caisse d’assurance sociale y sont expliquées. D’autres démarches suivent l’installation, comme la demande d’un numéro de partenaire et les formalités administratives.

Le régime de TVA peut être choisi via les informations disponibles au Service public fédéral des Finances (https ://finances.belgium.be/fr).

F.

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