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La station météo, un outil qui facilite le pilotage de la ferme

Partout en Belgique, un nombre croissant d’agriculteurs s’équipe de stations agrométéorologiques connectées. Contrôle de la pluviométrie, mesure de la température ambiante, suivi du vent… Les paramètres mesurés constituent de précieuses aides à la décision. À conditions toutefois d’installer judicieusement l’appareillage et de veiller à son bon état de fonctionnement. C’est ce que nous explique en détail Arnaud Verlinden, de l’asbl Waldigifarm.

Temps de lecture : 7 min

En Belgique, des réseaux de stations météorologiques publics cohabitent depuis plusieurs années avec de nouvelles installations dites « privées ». Au sein des premiers, on retrouve le réseau mis en place par l’Institut royal météorologique (IRM). Celui-ci se compose, en Wallonie, de treize stations d’observation automatiques (s’y ajoutent treize autres en Flandre et une en Région bruxelloise) et d’une nonantaine de stations manuelles (sur un total de 200 environ en Belgique). Les données collectées et toute une série de prévisions peuvent être consultées sur le site web ou l’application de l’IRM.

Le réseau Pameseb (ou Agromet) est, lui aussi, porté les pouvoirs publics. Entièrement rénové entre 2005 et 2007 avec le soutien de la Région wallonne, il se compose de trente stations appartenant au Centre wallon de recherche agronomique. Celles-ci couvrent la Wallonie avec une maille d’environ 30 km. L’ensemble des données recueillies sont disponibles sur le portail Pameseb/Agromet (www.agromet.be). Elles alimentent également les outils d’aide à la décision que sont Céciblé (suivi de la cécidomyie orange du blé) ou Vigimap (suivi du mildiou de la pomme de terre).

Aux côtés de ceux-ci se trouvent les réseaux dits « privés » portés par des sociétés commerciales. On recense notamment Sencrop, Météus (Isagri), Pessl, Weenat, Dacom, iQBlue (Lemken) ou encore AgXtend. À ce niveau, selon Waldigifarm, 550 pluviomètres ainsi que 200 anémomètres seraient recensés en Wallonie. « De quoi fournir une quantité de données potentiellement énorme », commente Arnaud Verlinden.

Enfin, un réseau de stations météo installé par Le Sillon Belge, en partenariat avec Sencrop, permet de consulter la météo en temps réel en une petite vingtaine de lieux à travers la Belgique: https://www.sillonbelge.be/meteo. Cette nouvelle plateforme regroupe diverses données telles que la température, la pluviométrie...

Une station météo connectée, c’est quoi ?

De manière générale, une station météo connectée se compose d’un pluviomètre, d’un hygromètre et d’un thermomètre mesurant respectivement la quantité de précipitations, l’humidité de l’air et la température ambiante. Outre ses composants principaux, on peut retrouver un anémomètre ou encore une girouette permettant de mesurer la vitesse et la direction du vent.

Les stations les plus évoluées peuvent embarquer un humectomètre. « Mesurant le taux d’humidité du feuillage, cet accessoire s’avère très utile en arboriculture et viticulture. » Une sonde tensiométrique peut également faire partie de l’équipement. Elle évalue la disponibilité de l’eau du sol pour la culture et aide à piloter l’irrigation (en culture de pommes de terre, par exemple).

Cet attirail de capteurs est complété d’outils de géolocalisation et de communication.

Une interface web et une application permettent de consulter les données collectées par les différentes stations météo de la ferme ou du réseau de stations auquel adhère l’exploitation agricole.

Une bande enherbée entre deux champs constitue un emplacement de choix  en vue d’installer une station météo.
Une bande enherbée entre deux champs constitue un emplacement de choix en vue d’installer une station météo. - J.V.

Faciliter les récoltes, les traitements…

Les stations météo connectées présentent le grand avantage de fournir des données ultralocalisées, à l’échelle de la parcelle elle-même. De plus, elles sont disponibles immédiatement et sont fréquemment actualisées (toutes les 15 à 60 minutes selon la marque). « Être attentif aux données recueillies permet, notamment, de piloter aux mieux la moissonneuse-batteuse en été. À titre d’exemple, les orages estivaux sont connus pour être très localisés. Une vérification permet de s’assurer qu’aucun phénomène de ce type n’a touché la parcelle et ce, sans se rendre sur place », détaille M. Verlinden. Les pertes de temps et les déplacements inutiles sont ainsi facilement évités.

Les différentes mesures sont également utilisables avec des outils d’aides à la décision. Citons, entre autres, Vigimap. Elles peuvent donc guider les cultivateurs de pommes de terre en matière de traitements phytosanitaires.

En outre, les stations météos connectées peuvent fonctionner en réseau. Les données de plusieurs stations sont ainsi disponibles sur une seule et même plateforme et peuvent être partagées avec d’autres membres de ce réseau (à condition de l’autoriser, bien sûr).

Enfin, sur le plan du pragmatisme, ce type d’équipement est simple à installer et à utiliser et est désormais accessible à des prix démocratiques.

En cas de très faibles ou très fortes précipitations

Au rang des inconvénients, la fiabilité du pluviomètre peut poser question en cas de très faibles ou, au contraire, très fortes pluies ; l’une et l’autre étant souvent sous-estimées. Pour comprendre pourquoi, Arnaud Verlinden s’intéresse au comportement de l’outil : « Le pluviomètre fonctionne selon le principe des augets basculeurs. Lorsqu’il pleut, un premier auget se remplit progressivement d’eau, bascule et cède sa place au second auget qui se remplit à son tour avant de basculer, et ainsi de suite. Chaque basculement est enregistré par la station météo, permettant ainsi d’évaluer le niveau des précipitations ».

Mais d’où vient le problème ? « Les très faibles précipitations ne sont pas en mesure de faire basculer l’auget et ne sont donc pas comptabilisées. Quant aux pluies très abondantes, et orages, ils peuvent entraîner un débordement des augets avant leur basculement, avec un risque de sous-estimation de la quantité de précipitations tombées », éclaire-t-il.

Un positionnement judicieux

L’emplacement choisi pour installer une station météo doit satisfaire à divers critères. « Les emplacements idéaux ne sont pas si nombreux que cela. Être attentif aux contraintes naturelles et humaines est très important. »

Du côté des contraintes naturelles, citons les arbres, haies… qui pourraient influencer la prise de mesures. « Il convient de respecter une distance d’au moins quatre fois la hauteur du premier éventuel obstacle entre la station météo et ledit obstacle. » Une considération qui vaut également à proximité des hangars et autres constructions.

L’installation ne doit pas être un obstacle au travail. Culminant à une hauteur de 1,50 m environ, elle ne doit pas constituer un frein à l’utilisation de certains outils. On pense ici aux pulvérisateurs dont les bras couvrent une certaine largeur de travail.

Des pics « anti-oiseaux » sont prévus pour éviter que des volatiles se perchent sur l’installation et endommagent celle-ci.
Des pics « anti-oiseaux » sont prévus pour éviter que des volatiles se perchent sur l’installation et endommagent celle-ci. - D.J.

« Veillons également à ce que l’installation ne soit pas trop facilement accessible à tout un chacun tout en conservant un accès aisé pour l’agriculteur. Il faut trouver le juste compromis… » Dans la foulée, précisons que les dégradations et vols de stations météo connectées sont extrêmement rares et que certaines possèdent un tracker (traceur) permettant de les retrouver.

Quels lieux favoriser dès lors ? « Une bande enherbée entre deux champs ou à mi-pente d’une parcelle constitue un emplacement de choix, de même qu’un coin de parcelle en angle aigu, déjà inaccessible pour les engins agricoles. »

Veiller à la maintenance

Une utilisation correcte des stations météo requiert de veiller à leur maintenance. Bien que légère, celle-ci doit s’effectuer ponctuellement.

Premièrement, le pluviomètre doit être nettoyé tous les mois ou tous les deux mois. Celui-ci peut, en effet, être bouché par des fientes, poussières, hannetons, altises… C’est également l’occasion de jeter un œil aux augets basculeurs. « Les opérations de travail du sol créent de la terre fine qui, sous l’effet du vent, peut s’envoler et retomber dans les augets. À la première pluie, le pluviomètre se retrouve bouché », éclaire Arnaud Verlinden.

Des pics « anti-oiseaux » doivent être prévus pour éviter que des volatiles se perchent sur l’installation et l’endommagent. On évitera que les installations les plus basses soient envahies par un enherbement excessif. Enfin, il est parfois nécessaire de relever des stations mal fixées qui auraient été renversées par un sanglier.

« En cours de saison, nous recommandons d’effectuer une visite de maintenance une fois par mois », recommande-t-il encore.

J. Vandegoor

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