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Désherbage du maïs: contre les vivaces, les solutions actuelles conservent leur efficacité

Liseron des haies, repousses de pommes de terre, souchet comestible… Face à ces adventices, une stratégie adéquate doit être mise en œuvre. En la matière, les produits disponibles actuellement sur le marché conservent leur efficacité.

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Si la lutte contre les graminées (lire notre édition du 30 mars) est cruciale pour laisser la culture de maïs exprimer son plein potentiel, il en va de même en présence de vivaces. Face aux différentes situations rencontrées, le Centre indépendant de promotion fourragère (Cipf) livre ses conseils pour un désherbage réussi.

En présence de liserons des haies

La principale difficulté réside dans l’apparition échelonnée des liserons et la difficulté de détruire le système racinaire en profondeur.

Le Callam associe le tritosulfuron 12,5 % et le dicamba 60 %. Il est très efficace contre les liserons des haies à la dose de 0,4 kg/ha. En cas de forte infestation, le fractionnement de la dose 0,25 kg suivi d’une correction 10 jours plus tard avec 0,15 kg, procure les meilleurs résultats. Il peut être associé avec les produits couramment utilisés.

Le Casper associe le dicamba 50 % et le prosulfuron 5 %. Son efficacité contre liserons des haies est bonne également avec très peu de repousses l’année suivante. Il est agréé à la dose de 300 g/ha en une ou deux applications (200 g puis 100 g).

Le Banvel appliqué à la dose de 0,4 l est un compromis entre la sélectivité vis-à-vis de la culture et l’efficacité. En cas de forte infestation, il est appliqué dans la pratique à la dose de 0,4 l avec une correction Peak 20 g/ha si nécessaire. Il peut être associé aux autres substances actives habituellement utilisées. À la dose de 0,25 l, il détruit les renouées liserons, gaillets et mourons.

Le Kart (fluroxypyr 100 g/l + florasulam 1 g/l) peut également être utilisé dans le cadre de cette lutte. L’efficacité de ce produit à la dose de 0,7 l est assez comparable au précédent. Cependant, une correction 7 à 10 jours plus tard, avec Kart 0,5 l + Peak 10 g/ha peut toutefois s’avérer nécessaire localement pour assurer une destruction des levées tardives de liserons des haies. La sélectivité de ces traitements est très bonne.

On observe également une bonne action complémentaire sur capselles bourse-à-pasteur, séneçons, renouées liserons et mourons des oiseaux.

Le Trevistar (fluroxypyr 100 g/l + florasulam 2,5 g/l + clopyralid 80 g/l) appliqué à la dose de 0,75 l peut convenir également dans le cadre de cette lutte au premier passage. Par contre, ce produit n’étant agréé qu’en un seul passage, si une correction est nécessaire, une application avec Kart 0,5 l + Peak 10 g donnera entière satisfaction.

Par rapport au Kart 0,75 l, on choisira préférentiellement le Trevistar 0,75 l en présence de repousses de colza, renoncules, chardons, laiterons.

Ces différents produits peuvent également être associés aux différents partenaires déjà présentés.

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Contre les repousses de pomme de terre…

Les repousses de pomme de terre sont bien combattues au stade « 10 à 15 cm » des bouquets foliaires les plus développés par un traitement impliquant du Callisto 1,0 à 1,25 l + partenaires en fonction de la flore présente. Les associations Callisto 1,0 l + [Starane Forte 0,4 l ou Banvel 0,4 l] + Aspect T 1,6 l permettent également de bien détruire les repousses présentes.

Sans terbuthylazine, un essai mené à Naast en 2021 a permis de confirmer l’excellente efficacité des traitements Callisto 0,75 l + [Starane Forte 0,3 l ou Trevistar 1,0 l ou Monsoon Active 1,0 l] + Frontier Elite 1,0 l. Botiga 1,0 l + Frontier Elite 1,0 l a également prouvé toute son efficacité contre les repousses de pomme de terre. Les traitements sont insuffisants contre les levées ultérieures.

En présence de repousses de pomme de terre, la lutte interviendra  au stade « 10 à 15 cm » des bouquets foliaires les plus développés.
En présence de repousses de pomme de terre, la lutte interviendra au stade « 10 à 15 cm » des bouquets foliaires les plus développés. - J.V.

… et de chicorée witloof

La difficulté dans la lutte contre les repousses de racines de chicon ou chicorée réside dans le fait que les bouts de racines lèvent de manière échelonnée suite à leur dispersion dans toute la profondeur du profil. Une application fractionnée de Casper 0,2 kg puis Casper 0,1 kg + Trend 0,1 % et de Banvel 0,4 l puis Peak 0,02 kg + Trend 0,1 % permet d’excellents résultats Les destructions sont très bonnes tant sur les repousses présentes lors du traitement que sur celles qui sont apparues après la pulvérisation.

Intervenir préventivement contre le souchet comestible

Le souchet comestible (Cyperus esculentus) est une plante vivace et envahissante qui ne cesse de s’étendre. En Belgique, elle est présente sur 15 à 20.000 ha, en large majorité localisés en Flandre. En Wallonie, les foyers sont ponctuels mais en forte augmentation, surtout en Hainaut. D’après les agriculteurs concernés, l’origine de ces dernières contaminations proviendrait d’étalement de terres de déterrage issues d’usine de transformation de la pomme de terre.

Avant d’envisager une lutte chimique, différentes méthodes préventives doivent être respectées. Le tracteur et les outils de travail du sol peuvent disperser le souchet sur une ferme en transportant des micro-tubercules entre les parcelles. Il est donc essentiel de bien nettoyer les machines et outils lorsque ceux-ci ont été utilisés dans un champ où le souchet est présent. Il convient également de prendre toutes les précautions pour ne pas épandre sur des parcelles saines des résidus de récolte ou de la terre provenant de parcelles déjà infestées.

Pour les agriculteurs qui auraient repris des terres de déterrage de pomme de terre provenant d’usine de transformation, il est préférable, si c’est encore possible, de les laisser en tas quelques années avant de les étaler et vérifier qu’il n’y a pas un développement de cette adventice.

En cas de location ou mise à disposition d’une terre, le locataire éventuel doit être informé par écrit de la présence du souchet et un document doit être signé de commun accord. Quelques parcelles de betteraves infestées par le souchet ont déjà fait l’objet d’un refus d’arrachage par la sucrerie.

L’agriculteur qui possède une parcelle infestée de souchet comestible doit renoncer à cultiver sur celle-ci toute culture susceptible d’exporter de la terre telle que des pommes de terre, des betteraves sucrières ou fourragères, chicorée, légumes racines, plantes à bulbes etc.

Les tubercules de souchet se trouvant à différentes profondeurs dans le sol, l’apparition des plantules est assez étalée dans le temps et la lutte nécessite deux passages. Le premier s’effectue au stade 5 à 15 cm des souchets, vers le stade 5è et 6è  feuille visible du maïs. Une destruction de 99 % peut être obtenue avec un traitement Zeus 1,0 l + Onyx 0,75 l ou Osorno (ou Callisto) 0,5 l + Zeus 0,5 l + Onyx 0,75 l suivi d’un second traitement appliqué deux semaines après le premier avec Osorno 1,0 l + Onyx 0,75 l.

G. Foucart, F. Renard,

J-P. Mazy et M. Mary

Centre pilote maïs, Cipf

UCL – Louvain-la-Neuve

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