Accueil Maraîchage

Autoproduire ses plants de légumes sur sa ferme: une réflexion à mener quand un critère économique ou organisationnel change

Les réflexions au sujet de l’autoproduction de ses plants de légumes sont régulièrement remises en question.

Temps de lecture : 6 min

Les fermes maraîchères peuvent commander leurs plants chez des fournisseurs spécialisés. Pour des raisons économiques ou organisationnelles, il peut être choisi de produire soi-même les plants de légumes destinés à notre propre usage. C’est notamment le cas pour des petits lots ou pour des productions hors-saison pour lesquels les coûts de livraison sont proportionnellement élevés par plante. Le coût de livraison pour être pris en charge par le fournisseur se retrouve alors dans les documents comptables. Quand nous assurons nous-mêmes le transport, nous devons en tenir compte aussi. Ce poste du transport assumé avec le véhicule de la ferme est important par le coût d’usage et d’usure du véhicule et du temps passé pour cette activité.

Pour la production de plants destinés à être vendus dans d’autres entreprises, nous avons à répondre aux critères de traçabilités légaux.

Chaque fois qu’un critère économique ou organisationnel change, la réflexion se doit d’être remise en question.

La meilleure solution n’est pas nécessairement identique pour les différentes espèces végétales et les différentes dates d’implantation. Disposer de surface de production de plants adaptée pour être chauffées demande des investissements bien plus importants que pour les élevages de plantules en serre maraîchère froide ou en plein air.

Produire ses propres plants

Les plants en mottes pressées ou en mini-mottes sont les plus utilisés. Pour les poireaux et quelques autres espèces, les plants à racines nues restent les plus fréquents.

Ces derniers peuvent être produits à la ferme sans nécessiter de matériel spécifique. Au contraire, les plants en mottes pressées ou en mini-mottes font appel à des motteuses ou à des plateaux à alvéoles.

Surtout, nous devons disposer de surfaces chauffées en suffisance pour héberger les plantes au printemps.

La taille des lots concernés a une influence directe sur le prix de revient final.

La couleur du feuillage des poireaux est lié à la variété, comme la forme générale du port.  Le marché est demandeur de variétés à port dressée et au feuillage foncé.
La couleur du feuillage des poireaux est lié à la variété, comme la forme générale du port. Le marché est demandeur de variétés à port dressée et au feuillage foncé.

Des surfaces chauffées de bonne qualité

Les surfaces chauffées pour l’élevage des plantes au printemps doivent être de bonne qualité pour cet usage. La luminosité, le chauffage, l’aération et l’irrigation doivent être impeccables.

La luminosité  sera obtenue par une couverture en verre ou en plastique récent et bien nettoyée des sédiments éoliens, des mousses et d’autres dépôts. L’ombre induite par les bâtiments et les végétaux ligneux est surtout importante lors des mois de fin d’hiver et de début de printemps, lorsque la trajectoire du soleil reste encore basse.

Le chauffage  peut être obtenu de différentes manières, c’est la disponibilité locale qui oriente le choix de l’énergie et éventuellement son mode de production. N’hésitons pas à calculer le coût d’une serre de petite dimension mais très bien équipée à placer à côté de serres maraîchères froides classiques plutôt que de devoir équiper une grande serre utilisée partiellement.

L’aération  est très importante pour éviter les condensations, les fluctuations importantes de température et les chutes de disponibilité en CO2 à certaines heures de la journée (photosynthèse).

L’irrigation  doit être bien raisonnée. La température de l’eau d’arrosage des plantules doit être maîtrisée. Il n’est pas utile de chauffer une surface de serre si nous arrosons avec de l’eau glacée. L’eau doit être bien filtrée pour éviter les bouchages d’asperseurs qui sont toujours dommageables en élevage de plantules.

Entre deux saisons de culture, la serre doit être bien nettoyée des débris végétaux, les surfaces des tablettes doivent être bien nettoyées.

Le terreau, ce produit vivant

La qualité du terreau est, bien sûr, extrêmement importante. Le terreau doit bien retenir l’eau et les minéraux nutritifs, il doit avoir un bon équilibre de pH et de salinité. Après confection des mottes, il doit rester souple et aéré.

Pour que ces qualités se maintiennent entre la réception du terreau et son emploi, plusieurs précautions sont requises. La première est d’éviter les stockages de longues durées. Le terreau est un produit vivant qui évolue.

L’entrepôt doit être bien abrité pour plusieurs raisons :

– la chaleur amène une minéralisation de matières organiques et donc une libération d’éléments minéraux qui pourraient induire une phytotoxicité ou une libération excessive d’azote ;

– la lumière dégrade les emballages plastiques ;

– la pluie amène le lessivage des éléments solubles ;

– les limaces et escargots peuvent s’y installer et y pondre.

L’endurcissement est une étape cruciale pour l’avenir de la culture.
L’endurcissement est une étape cruciale pour l’avenir de la culture.

Conserver ses semences

Les semences ne sont pas stockées dans la serre, les variations de température et les risques de condensation y sont incompatibles avec le maintien du pouvoir germinatif. L’identification des lots est indispensable, elle permet de repérer l’origine de problèmes lors de la levée et de mettre en œuvre les mesures correctrices.

Les lits de semis en pépinière

Pour la production de plants à racines nues, c’est le sol du terrain qui accueille les semis. La première qualité d’un tel terrain est le faible niveau d’enherbement. C’est un point sur lequel nous revenons souvent dans le SB. Un ou plusieurs faux-semis sont requis avant l’implantation de la culture, dès que l’accès au sol est possible sans risque de compaction. Un voile permet de hâter les levées d’adventices qui seront détruites par un hersage très superficiel (herse étrille) ou thermiquement ou encore chimiquement.

Le semis se fait classiquement en ciblant un excellent contact sol-graine et une faible profondeur de semis.

Le semis en mottes et terrines

Le semis est classique et est recouvert de vermiculite ou de sable clair. La température de germination est mesurée au niveau de la zone de semis et pas uniquement dans l’air : la différence entre ces deux mesures peut être énorme, surtout sur les arrosages ne sont pas à l’eau tempérée.

Pour les semis en terrines, le repiquage en mottes se fait au stade cotylédons bien étalés ou apparition des premières vraies feuilles Le repiquage se fait en mottes bien humides et est suivi rapidement d’un arrosage pour permettre l’encrage des radicelles.

Après l’élevage, l’endurcissement

L’élevage se fait en conditions de température et d’humidité idéales pour l’espèce cultivée, par exemple 17ºC la nuit et 20ºC le jour. Lors de la plantation à l’emplacement de culture, le climat de l’abri ne sera probablement plus maîtrisé avec autant de précision, le plus souvent il s’agit d’une serre froide ou du plein air.

L’endurcissement est une étape cruciale pour l’avenir de la culture. Durant cette étape de 5 à 7 jours, les plants sont installés dans une ambiance de 10 à 12ºC la nuit et 12 à 15ºC le jour, en veillant à ne pas laisser la motte se dessécher.

Ce n’est qu’après cette étape que les plants seront installés à l’emplace ment définitif.

F.

A lire aussi en Maraîchage

La fertilisation en maraîchage diversifié

Maraîchage La fertilisation des cultures maraîchères et celle des grandes cultures répondent aux mêmes principes. Il s’agit d’améliorer le sol physiquement, chimiquement ou biologiquement. Cependant, les particularités propres aux cultures maraîchères influencent les décisions prises par les producteurs, notamment en ce qui concerne la durabilité économique, sociale et environnementale.
Voir plus d'articles