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En 2022, bovins et porcins ont vu leurs effectifs reculer tandis que les céréales de printempsbondissent

S’il s’agit là de deux situations opposées, elles découlent, du moins en partie, d’un seul et même événement : le conflit russo-ukrainien. Celui-ci a, en effet, entraîné une hausse des prix des céréales, poussant un certain nombre d’agriculteurs à semer davantage de céréales de printemps. En parallèle, cela a fait grimper les prix des aliments pour animaux vers des sommets, ce qui s’est traduit par un fléchissement des cheptels bovins et porcins.

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Selon les résultats définitifs des statistiques agricoles, livrés le 18 avril par Statbel, l’office belge de statistique, la Belgique comptait 35.192 exploitations agricoles en 2022, soit un recul de 2,3 % par rapport à 2021. La baisse est plus prononcée en Flandre, où elle atteint 3,3 %. En détail, 22.449 fermes sont recensées en Région flamande, 12.670 en Région wallonne et 73 en Région de Bruxelles-Capitale. En parallèle, un léger fléchissement de la superficie agricole (-0,5 %) est constaté. Celle-ci atteint désormais 1.361.911 ha, dont 619.806 ha en Région flamande, 738.927 ha en Région wallonnes et 3.178 ha en Région de Bruxelles-Capitale.

Céréales de printemps en nette progression

Les chiffres montrent que 41,3 % de la superficie agricole est occupée par des prairies temporaires et permanentes. Leur part est plus grande en Wallonie (46,8 %) qu’en Flandre où elle s’élève à 34,8 %. Stabel détaille encore que 59,2 % des prairies temporaires se trouvent au nord du pays, et 65,5 % des prairies permanentes au sud. Les prairies temporaires ont diminué de 4,5 % en 2022. Cela s’explique par le fait qu’une partie de leur superficie a été convertie en maïs grain, en céréales, en pommes de terre, voire… en prairies permanentes.

Les cultures de céréales occupaient 23,7 % de la superficie agricole en 2022, en progression par rapport à l’année précédente. Cette situation s’explique par un accroissement de la superficie consacrée aux céréales de printemps (froment et orge) et au maïs grain de 36 % (soit 19.251 ha), à la suite de la hausse des prix des céréales découlant du conflit russo-ukrainien.

Davantage de jachères

Dans la perspective de l’entrée en vigueur de la nouvelle politique agricole commune en janvier 2023, l’Europe avait lancé en 2022 des régimes transitoires, appelés « éco-régimes ». L’une de ces mesures concernait l’ensemencement de cultures favorables à l’environnement, au climat et à la biodiversité.

Trois groupes de cultures étaient éligibles :

– les cultures protéagineuses annuelles, à savoir les légumineuses et les cultures mixtes de légumineuses et de céréales ;

– les cultures à couper à enracinement profond qui favorisent la qualité du sol. Ce groupe comprend le colza, la moutarde blanche, le radis oléifère, le chanvre et les tagètes ;

– les cultures favorables à la faune.

Ces mesures expliquent les glissements importants entre les rubriques « autres céréales » (-85,2 %, soit -4.330 ha), « autres légumineuses à récolte sèche » (+89,6 %, soit +4.432 ha) et « mélanges de légumineuses » (-94,3 %, soit 969 ha).

Par ailleurs, les terres en jachère ont prospéré de 16,5 % à l’échelle nationale (+13,5 % en Flandre et +24 % en Wallonie).

La Wallonie a aussi connu une forte augmentation des cultures d’oléagineux autre que le colza (+84,1 %). Ceci est entièrement dû à l’augmentation des superficies consacrées aux graines de tournesol et aux fèves de soja.

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En Wallonie, les fruits ont le vent en poupe

Parmi les cultures horticoles, la superficie consacrée à la culture maraîchère de plein air a fléchi de 4,5 % en 2022. Cette baisse concerne presque tous les légumes.

Du côté des fruits, et plus particulièrement des fraises, un transfert des fraises de plein air (-10,2 %) vers les fraises sous serres (+9,5 %) est à nouveau observé. Cependant, la superficie totale dédiée à ce fruit est restée pratiquement stable par rapport à 2021 (-0,6 %).

La superficie de vergers a augmenté légèrement de 1,8 %. Cette poussée est entièrement due à la progression des vergers en Wallonie (+18 %). En Flandre, on observe une légère substitution des pommes (-1,5 %) par les poires (+0,2 %).

Les petits fruits ont vu leur surface progresser de 11,2 % en 2022. Cette hausse est due au bond observé au niveau des vignobles (+20,7 %). La hausse a été plus importante en Wallonie qu’en Flandre (respectivement +25,8 % et +15 %) et la superficie totale atteint 673 ha.

Bovins en très léger recul

Du côté des animaux, Statbel constate que le cheptel bovin a diminué de 1,1 % en octobre 2022 par rapport à octobre 2021. La baisse est plus prononcée en Wallonie, où elle atteint 1,4 %, qu’en Flandre (0,8 %).

À la suite des prix favorables du lait en 2022, le cheptel laitier a grandi de 1,2 % par rapport à octobre 2021. En 2022, 64,7 % des vaches laitières se trouvaient en Flandre et 35,3 % en Wallonie.

La situation est différente pour les vaches allaitantes. Dans cette catégorie, le nombre de vaches a fléchi de 2,6 % en raison des prix élevés des aliments et de la baisse du prix de la viande. 61,3 % des vaches allaitantes se trouvaient au sud du pays contre 38,6 % au nord.

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Cheptel porcin : en baisse, probablement continue

Sur cette même période, le cheptel porcin s’est contracté de 4,8 % (-290.973 animaux). Cela concerne tant les porcs d’engraissement que les porcs reproducteurs.

Le nombre total de porcs d’engraissement de plus de 50 kg a diminué de 5,4 %. Les prix élevés des aliments sont probablement à la base de ce repli. Le nombre de porcs reproducteurs s’est, lui, tassé de 5,6 %. La baisse a été la plus marquée parmi les truies non encore saillies (-11,2 %). Le cheptel porcin va probablement continuer de diminuer, prévoit Statbel.

La grippe aviaire pèse sur les chiffres

Les volailles ont connu une légère augmentation de 0,3 % par rapport à octobre 2021. 84,3 % des volailles se situaient en Flandre en 2022.

Le nombre de poules pondeuses d’œufs de consommation a fléchi de 3,7 % en raison de la grippe aviaire, des coûts élevés de l’alimentation animale et, probablement, aussi des prix élevés de l’énergie. Le nombre de poules pondeuses d’œufs à couver et de poulettes a, par contre, augmenté de respectivement 3,7 % et 6,1 %. Cela indique que le cheptel de volailles va augmenter.

Les poulets de chair affichent, eux aussi, de très bons résultats en raison des prix élevés de la viande. On observe une hausse des effectifs de 0,2 % dans cette catégorie.

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