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Liserons, chiendent et prêles: ces plantes qui poussent bien… et contre lesquelles il est temps d’intervenir

Dans la nature, les liserons, les prêles et le chiendent sont concurrencés par toutes les autres espèces présentes autour d’eux. Dans notre potager, la seule concurrence des légumes peut ne pas suffire pour limiter leur extension, surtout au début de la culture. Avec la météo particulière de cette année 2023, plusieurs périodes ont été favorables à leur extension…

Temps de lecture : 6 min

Soutenues jusque mi-mai, les précipitations ont retardé l’implantation de certaines cultures dans les potagers. Ce fut notamment le cas des pommes de terre. Par conséquent, la concurrence naturelle exercée par nos cultures sur les plantes adventices a été retardée également.

La période sèche et chaude qui a suivi a limité la croissance des parties aériennes des cultures. La concurrence vis-à-vis des adventices a été freinée. Mais la croissance de ces dernières était limitée également.

A contrario, les pluies abondantes des deux dernières décades de juillet et de la première d’août ont permis un développement considérable des liserons, prêles et chiendents. Ce n’est pas nécessairement cette année que ces espèces se sont implantées dans le potager. Mais la météo des derniers mois a fortement favorisé leur extension…

Les conditions actuelles sont propices aux interventions visant à préparer la saison culturale prochaine. Voyons comment nous y prendre.

Comment lutter contre les liserons ?

Le liseron des haies (Calystegia sepium) et le liseron champs (Convolvulus arvensis) sont deux espèces fréquemment rencontrées dans nos jardins.

Ces deux espèces se multiplient par les graines et les rhizomes. Les liserons se développent plutôt tardivement dans l’année et sont actuellement en plein épanouissement. Ils profitent des espaces laissés libres par les cultures que nous récoltons pour s’étendre.

Les tiges s’allongent et grimpent en s’enroulant dans le sens contraire des aiguilles d’une montre. Les fleurs, mellifères, s’épanouissent par beau temps ensoleillé et se referment par temps humide. Les graines sont très fertiles et peuvent être emmenées par les oiseaux et seront ainsi disséminées. Les tiges rampant sur le sol sont capables d’émettre des racines et des rhizomes et, ainsi, de se marcotter. Elles peuvent descendre très profondément dans le sol. Puissantes, elles décompactent le sol en profondeur (70 ou 80 cm).

Les liserons sont très envahissants, surtout à partir de l’été. La croissance très rapide de leurs tiges grimpantes devient rapidement encombrante. Les légumes en place subissent une très forte concurrence, d’autant que les racines sont capables de s’étendre rapidement.

La lutte contre l’extension des liserons combine plusieurs démarches complémentaires. Nous devons, tout d’abord, arracher les parties aériennes pour éviter la production de semences, d’une part, et empêcher la plante d’accumuler des réserves de sucres dans ses parties souterraines, d’autre part. Une bâche noire placée sur les adventices les prive de lumière et les fait disparaître.

En emprisonnant la tige du liseron dans une boîte de conserve métallique, elle meurt et disparaît également. C’est faisable tant que le nombre de plantes est très limité.

La fourche-bêche permet d’extirper les racines et rhizomes et de les éliminer en provoquant leur dessèchement sur une surface sur laquelle ils ne pourront pas s’enraciner à nouveau. Une pelouse peut convenir ; les tontes répétées ne permettront pas aux liserons de s’installer.

Les engrais verts à végétation dense (la moutarde, par exemple) sont de forts concurrents pour les liserons et constituent une méthode de lutte efficace.

Il est très difficile à se débarrasser des liserons : nous devons être opiniâtres et persévérants.

Attention : le travail du sol avec un motoculteur découpe les racines et les rhizomes en petites boutures qui permettront la multiplication de l’espèce. Les binages découpent des tronçons également. À éviter !

Le chiendent, plus compliqué à gérer

Bien adapté à nos conditions écologiques et naturellement présent dans nos potagers, le chiendent (Apropyron repens) est une des espèces les plus compliquées à gérer.

Il se propage par ses rhizomes ramifiés. Puissants et pointus, ceux-ci sont capables de traverser un obstacle comme un tubercule ou la racine d’une autre plante. Il se multiplie par les semences produites et par les rhizomes. Faisant partie de la flore naturelle des herbages et des bords de voiries, il tend à s’étendre dans les potagers ou les terrains voisins.

Les racines du chiendent ne se développent pas très profondément. Ses rhizomes s’étendent latéralement et permettent l’extension de la plante. Les pratiques culturales de travail du sol qui favorisent la section de ces rhizomes permettent leur bouturage. Ils sont également capables de développer sur un tas de compost.

Notons que les rhizomes de chiendent sont de précieux maintiens du sol des digues de fossés ou des bords de pente en état.

Bien adapté à nos conditions écologiques et naturellement présent dans nos potagers,  le chiendent (Apropyron repens) est une des espèces les plus compliquées à gérer.
Bien adapté à nos conditions écologiques et naturellement présent dans nos potagers, le chiendent (Apropyron repens) est une des espèces les plus compliquées à gérer.

Dans le cadre de la lutte contre cette espèce, nous pouvons travailler à la fourche-bêche pour extirper les rhizomes et les laisser se dessécher au soleil sur une surface dure sur laquelle ils ne pourront pas s’enraciner.

Le paillage est insuffisant pour freiner le chiendent, à moins qu’il soit de très grande épaisseur.

Le chiendent a des racines peu profondes. Les labours profonds sont des méthodes de lutte mais présentent d‘autres inconvénients.

Notons que le chiendent ne supporte pas bien le piétinement, il tend à disparaître dans les prairies pâturées mais demeure sous les clôtures.

Intervenir dès maintenant face aux prêles

Plusieurs espèces de prêles sont présentes en Wallonie. La prêle des champs (Equisetum arvense) est fréquente.

Les prêles sont souvent mentionnées comme des plantes indicatrices de l’acidité du sol. Cela ne signifie pas qu’elles disparaissent quand le pH est proche de la neutralité. Au contraire, elles se développent très bien dans les terres fertiles de nos potagers mais subissent l’effet concurrentiel des cultures à forte couverture foliaire.

La lutte contre les prêles consiste à occuper le sol avec des plantes couvrantes,  en particulier à partir du milieu de l’été.
La lutte contre les prêles consiste à occuper le sol avec des plantes couvrantes, en particulier à partir du milieu de l’été.

Elles peuvent se reproduire par les spores et, surtout, par les rhizomes. Ce sont les organes souterrains qui accumulent les réserves qui permettront la survie hivernale.

Les rhizomes descendent profondément dans le sol, de plusieurs mètres si le niveau de la nappe permanente d’eau le permet. Chaque année, ils s’étendent latéralement de 50 cm ou de 1 m, voire plus en conditions favorables et sans forte concurrence.

Le travail du sol fractionne les rhizomes et facilite leur propagation. Des tubercules sont formés à la profondeur d’environ 50 cm en fin d’été et début de l’automne. C’est au départ de ceux-ci que seront formées les plantes de l’année prochaine.

La prêle des champs (Equisetum arvense) est fréquente en Wallonie. Elle se développe très bien dans les terres fertiles  de nos potagers.
La prêle des champs (Equisetum arvense) est fréquente en Wallonie. Elle se développe très bien dans les terres fertiles de nos potagers.

La lutte s’organise donc maintenant pour empêcher la mise en place de ces réserves par la plante. Elle consiste à occuper le sol avec des plantes couvrantes, en particulier à partir du milieu de l’été.

La fauche répétée de la partie aérienne de la prêle limite les mises en réserves dans les parties souterraines mais elle ne disparaît vraiment qu’après plusieurs années de ce régime.

Le paillis a une efficacité incomplète ; la prêle arrive même à percer des géotextiles.

Pour ces trois espèces…

Si nous disposons d’un terrain qui sera cultivé comme jardin l’année prochaine, commençons dès à présent la maîtrise de ces espèces. Ce sera possible dès que les terrains seront accessibles après les pluies abondantes des dernières semaines. Pour ces trois espèces, évitons de couper les racines ou rhizomes en en faisant des boutures. Le fraisage motorisé est déconseillé à ce titre pour cet usage. Les hersages permettent de remonter les rhizomes en surface et de les éliminer ou de les laisser se dessécher au soleil.

F.

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