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Culturel et cultural…

J’ai toujours été fasciné par le mot « culture » et son double sens : le cultural nourrit le corps, le culturel nourrit l’esprit. Ils ont la même étymologie, du mot latin « cultus » qui signifie « travailler assidûment »… la terre par exemple, ou « pratiquer habituellement »… l’esprit, la créativité, la religion.

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Remontant plus loin encore, vers nos racines indo-européennes, cul dérive de col… qui signifie tourner (un collier ?) ou retourner (la terre ?).

Bref, tourner ou retourner un sujet, dans les mains comme dans l’imagination, c’est un peu un travail d’artiste, d’autant plus plaisant s’il associe le cultural au culturel.

C’est ainsi qu’un de ces beaux dimanches d’été, des amis m’ont amené visiter une exposition d’artistes en Thiérache (Avesnois), au fin fond d’un bocage que je connais assez bien ; mon oncle y tenait un silo de la coopérative « L’essor agricole », aujourd’hui Uneal.

La Thiérache, dans la continuité du pays de Chimay, ce ne sont que des haies, des prairies, et un produit de terroir mondialement connu : le fameux fromage de Maroilles. En fait, c’est aussi un sol peu fertile pour cause de mauvaises argiles. On y retrouve des prairies, donc de l’élevage, avec un peu de maïs et céréales à paille dans les meilleures terres.

Je connais aussi la généalogie d’une des artistes. Surtout son grand-père, Charles Dufour, qui était contrôleur de l’Ondah (Office national des débouchés agricoles et horticoles) à l’époque. Sa petite-fille, Maëlle Dufour, témoigne de son ADN avec deux œuvres qui renvoient au monde agricole, la semence et le silo.

Par le verre (une spécialité locale dont le Musverre, situé à Sars-Poterie, entretient la mémoire), elle sublime ces éléments « terre à terre » en œuvres d’art. Quatre graines de maïs occupent l’espace d’un ancien moulin à eau. Elles ont même gardé la couleur rougeâtre que l’enrobage des semences caractérise si bien.

Je pose la question qu’il ne faut pas : « Tiens, le maïs n’est-il pas jaune naturellement ? ». Pile dans le mile : « C’est du transgénique, que l’on me répond, avec des pesticides ! » Bingo ! Je surjoue : « Transgénique, peu plausible mais hybride, certainement… ». Mon interlocuteur est sympa et n’insiste pas. Il sait qu’avec trois mots – OGM, pesticide et glyphosate –, tout le monde peut passer pour un expert agricole en milieu bobo.

Je n’insiste pas non plus en n’allant pas plus loin dans… « l’explication des complications et incompréhensions vu l’évolution de la réglementation au niveau désinfection », privilégiant l’empathie liant ce jour nos différentes cultures.

Nous poursuivons dans le bocage et voilà un silo kaléidoscope, où les reflets de la lumière jouent et déjouent l’imagination. Stockage d’herbe à la ferme ou de grains à la coopérative, qu’importe, j’y vois un hommage au monde agricole.

Le culturel, ici, côtoie de près le monde de l’élevage sans donner l’impression de le vouer aux gémonies. Les artistes se cherchent dans la créativité. Il n’y a pas un souffle d’écoterrorisme à la mode d’aujourd’hui. On y respire le bon air et la convivialité. Même les vaches peuvent ruminer tranquillement, comme au bon vieux temps. Même les silos et les graines de maïs sont acceptés, voire transfigurés. Merci les artistes !

JMP

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