Au Mecanic Show (2/2): un condensé de nouveautés à découvrir sans tarder

Après les tracteurs, le robot, le matériel de fenaison et les outils de désherbage, découvrons cette semaine les autres innovations primées par le Mecanic Show de la Foire de Libramont.

Fertilisation minérale et organique

Dans cette catégorie, quatre lauréats ont été récompensés

  Rauch Aero 32.1

Deux ans après avoir annoncé la relance de la production de distributeurs d’engrais portés pneumatiques à rampes, le constructeur allemand Rauch présente sa technique avec cet Aero 32.1. L’innovation majeure sur cette machine réside dans son système de dosage.

Rappelons préalablement l’intérêt de la rampe : elle permet une précision d’épandage accrue, sur toute la largeur, en ce compris en limite de rampe sans influences négatives liées aux conditions de vent. Ceci se traduit par un meilleur approvisionnement de la culture en tout endroit, même avec des engrais mélangés ou de qualité balistique médiocre.

Le système doseur innovant MultiRate se compose de 4 doseurs indépendants, soit une unité de dosage par section de la rampe. Chaque doseur est constitué de 6 roulettes de dosage pouvant être entraînées individuellement et donc indépendamment l’une de l’autre. Ce doseur ouvre ainsi la voie vers une modulation de dose jet par jet. La précision de dosage est donc très élevée, tant pour la gestion des coupures de tronçons jet par jet que pour la variation des doses épandues en fonction des consignes délivrées via les cartes d’épandage en agriculture de précision.

D’une capacité de 3.200 l, l’Aero 32.1 est disponible avec des rampes de 24, 27, 28 et 30 m. Cet appareil dispose d’un système de pesée en continu capable de prendre des mesures cent fois par seconde et pouvant dès lors corriger instantanément toute variation constatée. Ce système affiche également en continu la quantité d’engrais restante dans la trémie.

Grâce à sa précision d’épandage, ce distributeur d’engrais contribue activement à l’objectif de réduction d’intrants par une optimisation de la quantité d’engrais épandue, sans aucune perte.

  Combinaison avant-arrière de distributeurs d’engrais Vicon GeoSpread

Les travaux de fertilisation posent aujourd’hui de nombreux défis : surfaces en augmentation, fenêtres d’intervention réduites en raison d’aléas climatiques, risque de compaction des sols et d’orniérage ou encore application de divers produits aux caractéristiques différentes n’en sont que quelques exemples. Avec cette combinaison avant-arrière de distributeurs d’engrais centrifuges, Vicon entend apporter une réponse à ces problématiques, notamment de par l’augmentation de la capacité totale de l’ensemble à 5.000, 6.000 voire 7.000 l sans avoir recours à un distributeur traîné qui est moins maniable et avec lequel il faut rouler moins vite.

Outre cet accroissement de capacité, cette combinaison avant-arrière permet d’appliquer des engrais aux caractéristiques de forme, diamètre ou densité différentes avec une répartition idéale en assurant l’épandage de l’un par la machine arrière et de l’autre par le distributeur avant. Il n’est donc plus nécessaire de mélanger ces engrais dans une seule machine, évitant de ce fait une qualité de distribution pour le moins douteuse.

Ceci permet, en outre, d’épandre, en un seul passage, un engrais en combinaison avec des biostimulants, des granulés anti-limaces voire certaines semences, alors que ces produits diffèrent fortement des caractéristiques de l’engrais.

Le fait de réduire le nombre de passages a une influence positive sur le niveau de compaction du sol et la création d’ornières, sans oublier les économies en matière de temps, main-d’œuvre et carburant. L’équilibre des masses réparties sur les roues du tracteur est aussi plus favorable qu’avec un seul épandeur arrière de grande capacité.

Enfin, le distributeur avant, commandé par Isobus, peut être couplé à d’autres machines attelées à l’arrière : il devient ainsi possible de fertiliser en même temps que la préparation du lit de semence ou que le semis.

  Joskin Tetraliner RL

Nombreux sont aujourd’hui les chantiers d’épandage de lisier décomposés, avec un tonneau assurant l’épandage sur la parcelle et des véhicules spécifiques pour le ravitailler. Ces derniers sont généralement soit des cuves à deux ou trois essieux semi-portées, soit des cuves traînées posées sur un ou deux essieu(x) à l’arrière et une tourelle à l’avant dans une configuration semblable à celle d’un chariot.

Ces deux types de véhicules présentent chacun des inconvénients : le tonneau semi-porté a tendance à tourner plus court et donc à recouper la trajectoire dans les virages serrés, ce qui est problématique dans les chemins exigus. La cuve sur tourelle conventionnelle, de son côté, ne génère aucun report de charge sur le tracteur, qui peut alors rencontrer des difficultés de traction et d’adhérence, notamment dans les entrées de parcelles.

Joskin innove avec le Tetraliner RL et sa tourelle sur laquelle l’essieu est reculé par rapport à l’axe de rotation de la tourelle. Le timon est fixé de manière rigide à l’essieu et cet ensemble s’articule à la tourelle par un point de pivot horizontal, ce qui permet un report de charge sur l’œillet de 4 t. Ce véhicule allie ainsi les avantages des engins semi-portés et traînés. Il suit parfaitement la trajectoire du tracteur dans les virages, ce qui est très apprécié lors de la traversée d’agglomérations par exemple, procure un confort en ne donnant pas d’à-coups intempestifs comme peut le faire un véhicule à tourelle classique, et accroît la capacité de traction de par ce report de charge.

Le plus grand défi ne fut cependant pas de concevoir ce système mais bien de le faire homologuer : un tel engin traîné avec report de poids sur l’œillet ne se classait, en effet, dans aucune catégorie prévue par la législation européenne. Le constructeur est parvenu à le faire homologuer en le faisant classer comme machine à timon rigide, faisant de ce Tetraliner RL le premier véhicule de ce type à pouvoir circuler sur les routes d’Europe.

  Rampe d’épandage T.A.B.

Toujours dans le domaine du lisier, le constructeur allemand T.A.B. commercialise une nouvelle rampe d’épandage. Celle-ci représente une innovation en matière d’épandage au ras du sol puisqu’elle permet une application uniforme du précieux effluent sur toute la largeur de la rampe, sans la formation des bandes caractéristiques des rampes à pendillards. Ce résultat est obtenu grâce aux 48 mini-palettes situées à l’extrémité de chaque tuyau de descente et supportées chacune par des dents flexibles.

La rampe de 12 m est composée de 12 segments portant chacun quatre unités d’épandage. La pression au sol de celles-ci est identique sur toute la largeur de la rampe.

Cette rampe T.A.B. peut être adaptée aux tonneaux d’autres marques et disposer de la commande à mémoire programmable SPS qui permet de programmer individuellement et de gérer des processus de commande automatisés pour les modes de pompage, de transport et d’épandage.

Elle peut aussi équiper les tonnes à lisier de la marque se distinguant par leur construction à partir d’éléments modulaires en inox de 4 ou 5 m³. Le châssis consiste, lui, en un assemblage boulonné plutôt que soudé et intègre une nouvelle articulation d’essieu triangulaire le rendant plus stable et le soumettant à moins de contraintes de torsion.

Travail du sol et semis

Ici, deux diplômes ont été décernés.

  Väderstad Carrier XT

Le déchaumeur à disques Väderstad Carrier XT se distingue par son innovant système permettant de régler deux angles différents des disques. Celui-ci rend l’outil très polyvalent et en fait un équipement convenant tant au travail du sol ultrasuperficiel qu’à l’incorporation plus profonde des résidus végétaux.

La modification de l’angle des disques n’est pas un coup d’essai chez le constructeur suédois. En effet, le réglage du premier angle des disques, appelé angle de rotation, est disponible sur les déchaumeurs de la marque pour moduler l’agressivité des disques, et donc l’intensité du travail, depuis une dizaine d’années. La nouveauté réside dans le fait qu’il est possible, sur ce déchaumeur, de modifier un second angle, appelé angle d’inclinaison, ce qui permet, cette fois, de modifier la force de pénétration du disque dans le sol, et donc la profondeur de travail.

Ce rôle de réglage de la profondeur de travail n’est donc plus dévolu au rouleau arrière comme c’est habituellement le cas sur les déchaumeurs à disques. Ceci a une conséquence : il devient possible d’utiliser des disques de plus petit diamètre pour travailler à grande profondeur. Qui dit disque plus petit, dit aussi vitesse de rotation du disque supérieure. Il en résulte une optimisation du flux de terre et une capacité de malaxage de la matière plus importante, facilitant dès lors l’incorporation des résidus de récolte dans le sol.

Il devient également possible d’optimiser les performances de découpe à faible profondeur tout en augmentant la précision de travail à plus grande profondeur.

Le Carrier XT est disponible en version portée ou traînée, avec un choix de quatre disques différents et une largeur de travail de 4,25 m, 5,25 m ou 6,25 m.

  Kverneland Pudama

Le système Pudama développé par Kverneland, associé au semoir monograine Optima SX de la marque, est un système de dépose ultralocalisée de l’engrais lors du semis de maïs. Il dépose la juste quantité d’engrais starter précisément et uniquement au niveau de chaque graine, là où il est nécessaire, c’est-à-dire à 5 cm en dessous et à côté de la semence. Il évite donc de le déposer tout le long de la ligne de semis comme le font les systèmes traditionnels.

Ceci permet une utilisation optimale de l’engrais par la culture en augmentant sa disponibilité et réduit significativement la quantité d’engrais employée. Selon les chiffres avancés, ce sont pas moins de 25 % d’engrais qui sont ainsi économisés tout en maintenant le même potentiel de rendement. Il en résulte un gain d’argent mais aussi une contribution à la préservation de l’environnement en économisant des ressources et en réduisant l’apport d’éléments fertilisants dans les eaux de surface et souterraines.

Le principe de fonctionnement du système Pudama est le suivant : l’engrais, prélevé dans la trémie par l’unité de dosage, aboutit dans un canal au niveau duquel il est retenu par une brosse conique sous laquelle se trouve une vanne. Cette vanne s’ouvre périodiquement sur base des mesures d’un capteur prenant notamment en compte la vitesse et la distance entre graines dans le rang, et permettant de synchroniser la dépose de l’engrais avec celle de la semence. Un flux d’air généré par un compresseur spécifique propulse l’engrais vers le soc qui le dépose exactement à l’endroit prévu dans le sol. Le fait que l’engrais soit maintenu sur une brosse puis transporté par de l’air permet de préserver l’intégrité de l’engrais, en évitant toute casse de ce dernier.

L’outil peut générer 25 spots de dépose ultralocalisée de l’engrais par seconde, autorisant ainsi une vitesse de semis pouvant atteindre 15 km/h.

Pailleuses

Dans ce domaine, deux constructeurs sont repartis avec un diplôme chacun.

  Emily Vortex

La pailleuse Emily Vortex dispose du système anti-bourrage « Ijinius » breveté par la société bretonne.

Les dispositifs classiques visant à protéger les pailleuses à turbine lors d’un bourrage sont le boulon de sécurité, qu’il faut alors remplacer, ou l’embrayage de sécurité, qui peut s’user, chauffer et provoquer le cas échéant fumées et départ de feu. Tout cela conduit le chauffeur à devoir rester en permanence vigilant et concentré ; ce qui génère stress et fatigue. Sans oublier que l’opération de débourrage est souvent laborieuse et dangereuse. Le système anti-bourrage Ijinius collecte des mesures lui permettant de piloter automatiquement la vitesse du tapis et l’embrayage/débrayage du démêleur. Il réagit en fonction des mesures qu’il prend et est ainsi capable d’adapter sa réponse à la situation.

Par exemple, s’il constate un léger patinage ou une légère baisse de régime, signe d’un léger bourrage, il maintiendra le démêleur embrayé mais arrêtera le tapis d’approvisionnement. Celui-ci redémarrera ensuite progressivement lorsque le dispositif aura mesuré une vitesse conforme aux consignes. S’il détecte un bourrage plus important, il débrayera immédiatement le tapis et le démêleur. Ijinius réagit en 5 millièmes de seconde, soit 200 fois plus rapidement qu’un être humain.

Des bourrages et casses peuvent aussi survenir au démarrage lorsque le régime moteur est insuffisant au démarrage du démêleur ou si la prise de force tourne trop vite, à 1.000 tr/min au lieu de 540 tr/min. Le système empêche alors l’embrayage du démêleur tant que la vitesse n’est pas adéquate.

Pilotant également le peigne de retenue, Ijinius propose 4 modes de fonctionnement pour s’adapter à toutes les situations et aux différents types de fourrages. Notons enfin que l’Emily Vortex est aussi équipée du système breveté V-Cut coupant et facilitant l’extraction des films et filets.

  Robert Hydropail 1 GL Compact

L’Hydropail 1 GL Compact, développée par la société andennaise Robert, est dédiée spécifiquement aux petits engins porteurs. Cette machine constitue donc une solution de paillage mécanique à nombre de petites exploitations ne disposant pas d’engins de manutention de plus gros gabarit. Elle dérive de la gamme Hydropail 1 lancée sur le marché il y a environ un an et qui suscite l’intérêt des propriétaires de valets de ferme et d’agriculteurs souhaitant employer la pailleuse sur un chargeur frontal.

Ce tout nouveau modèle Hydropail 1 GL Compact gagne encore en compacité. Pour ce faire, la goulotte a été déplacée au-dessus de la turbine, et non plus sur le côté. Ceci permet de gagner 24 cm en largeur lorsque la goulotte est fermée et jusqu’à 67 cm quand elle est ouverte en position de travail. La largeur maximale de la pailleuse est d’à peine 159 cm pour une hauteur maximale de 161 cm, rendant son utilisation aisée même dans les endroits exigus.

Cette machine Robert peut être utilisée en toute sécurité par des engins dotés d’une capacité de levage de 1.200 kg et peut embarquer des balles rondes de 1,40 m de diamètre et des balles carrées d’une section de 70 cm sur 90 cm pour une longueur de 1,40 m.

Elle dispose des mêmes points forts techniques que ses grandes sœurs de la gamme Hydropail 1 avec, notamment, la goulotte à jet concentré évitant tout jet en parapluie pour une meilleure visibilité et moins de poussière, le démêleur en spire garantissant une dynamique d’acheminement de la paille vers la turbine plus efficace, ou encore les peignes régulateurs, l’aspiration d’air contrôlée et la turbine à double flux.

Terrassement

Une fois n’est pas coutume, un matériel de terrassement a eu droit aux honneurs du Mecanic Show.

  iDig 3D Connect

Dans le domaine du terrassement, le Mecanic Show s’est intéressé au guidage iDig du 2D au 3D, seul système de guidage de pelle évolutif en fonction des besoins de l’opérateur.

Habituellement, le conducteur d’une pelle doit soit faire appel à un porte-mire qui prendra les mesures ad hoc au sol grâce à un laser, ce qui n’est pas sécuritaire étant donné que le porte-mire se retrouve dans la tranchée à proximité du godet, ou doit prendre lui-même ces mesures en descendant et remontant régulièrement dans sa machine au détriment de ses dos, genoux et reins. iDig permet d’effectuer automatiquement tous ces travaux depuis la cabine et sans porte-mire, de manière à terrasser selon les profondeurs et pentes prévues.

L’opérateur est aidé, pour ce faire, d’un moniteur en cabine et d’un bargraphe situé dans son angle de vision de travail. Le système, complété par trois capteurs sur le bras, le balancier et à proximité du godet, est innovant car il est sans câble, sans risque d’arrachement donc, et rechargeable à l’énergie solaire. Il peut être installé très simplement sans qualification requise et est facilement transposable d’une pelle à une autre.

Si cette fonction de guidage de pelle, baptisée 2D, existe aussi sur d’autres matériels sur le marché, le système iDig 3D Connect est novateur pour trois raisons. Premièrement, il est évolutif en fonction des besoins. Le chauffeur peut faire des levés de terrain et des implantations de chantier sans avoir à attendre l’intervention d’un géomètre. Il peut aussi créer des plans ou lire d’autres plans que l’on peut y importer.

Deuxième innovation : le guidage de pelle a recours à un seul récepteur Gnss, au lieu de deux, voire trois, pour la concurrence. Ce récepteur peut, en outre, être détaché de la cabine et placé sur une canne pour procéder à des levés de terrain précis alors qu’il faut un second récepteur chez les concurrents pour parvenir au même résultat.

Enfin, c’est le seul système évolutif ; il est donc capable de passer de 3D en 2D et vice-versa. Autrement dit, si le signal de localisation satellitaire Gnss disparaît, comme ce peut être le cas dans des régions reculées, le système bascule de lui-même de 3D en 2D. Il n’est alors plus possible de faire des levés ou des implantations de chantier par exemple, mais le guidage du godet reste toujours bien opérationnel pour poursuivre les travaux avec précision.

D’après Nicolas Higuet,

président du comité de sélection

du Mecanic Show