Accueil Bovins

Réussir l’alimentation du veau en cinq étapes clés

La bonne santé des veaux est un enjeu primordial pour tous les éleveurs. Afin d’avoir des bovins en pleine forme, l’essentiel est de miser sur une alimentation adéquate qui correspond à chaque étape de leur début de vie. Le directeur technique de Rumexperts et docteur en médecine vétérinaire, Léonard Théron, nous explique les phases essentielles pour « réussir son veau ».

Temps de lecture : 6 min

Selon le vétérinaire Léonard Théron, la vie d’un veau peut être décomposée en cinq phases : utérine, colostrale, lactée, présevrage et sevrage. Afin de mieux comprendre ces moments clés dans la vie d’un jeune bovin, Rumexperts, bureau de consultance en médecine vétérinaire et en gestion de la production, a examiné plus de 1.300 veaux de races Blanc-Bleu Belge et Holstein.

Commencer un mois avant le vêlage

La première étape à ne surtout pas négliger est donc la période utérine. En effet, certaines pathologies du veau se dessinent avant même leur naissance. De plus, il est important de souligner que 60 % des défenses naturelles du jeune bovin dépendent directement de ce qu’il a pu recevoir lorsqu’il était dans le ventre de sa mère. « Cette période est primordiale. Si on rate cette phase, pratiquement tout ce qu’on fera par la suite sera un échec », souligne d’ailleurs Léonard Théron.

Pour réussir son veau, il est, tout d’abord, impératif de veiller à fournir une alimentation adéquate à la vache gestante. Des animaux qui ont considérablement évolué ces dernières années. « Entre maintenant et il y a vingt ans, le poids des veaux a augmenté d’environ 15 %. D’ailleurs, en moyenne, un Blanc-Bleu Belge pèse 53 kg à la naissance. C’est évident que si les éleveurs nourrissent leurs animaux comme le faisaient leurs grands-parents, cela ne fonctionnera pas ».

Il faudra s’assurer que la mère reçoive assez de protéines pour satisfaire ses nouveaux besoins. De cette manière, elle pourra transférer suffisamment d’albumines à son veau. Pour rappel, l’albumine est la protéine sanguine la plus importante, synthétisée par le foie, à partir des éléments nutritifs présents dans l’alimentation.

Cet expert recommande de viser une teneur en protéines brutes d’environ 13,5 à 14 % dans la ration, et ce un mois avant le vêlage. Léonard Théron préconise également de réaliser une à deux prises de sang par an, lors de moments importants comme la mise à l’étable.

Le colostrum : un bouclier immunitaire

À la naissance, le veau est dépourvu de toute défense immunitaire. Cependant, il peut acquérir cette immunité dès son premier repas, grâce au colostrum. Ce liquide, qui doit être ingéré par le veau dès les premières heures qui suivent sa naissance, revêt une importance cruciale pour le nouveau-né. Il s’agit de sa première source d’apport nutritionnel, mais aussi du seul moyen de transférer l’immunité maternelle. Pour obtenir un veau en pleine santé, il faut que ces deux éléments soient réunis.

Au niveau nutritionnel, d’abord, le veau doit boire entre 10 et 15 % de son poids vif. Par exemple, s’il pèse 50 kg, il devra consommer au minimum 2,5 l de lait.

En ce qui concerne les besoins immunitaires, l’objectif est d’obtenir un colostrum qui contient 80 g d’anticorps par litre. « Il faut transférer 5 g de colostrum par kg de veau. Pour un veau allaitant, il faut administrer au minimum 300 g d’anticorps et 250 g à un veau destiné à la production laitière », indique Léonard Théron.

Pour adapter la quantité à donner en fonction de la qualité du colostrum, des réfractomètres peuvent être utilisés. Ils permettront d’évaluer la teneur en anticorps. De cette manière, l’éleveur pourra évaluer plus facilement le volume idéal que le nouveau-né devra boire.

En 800 et 900 g de gain quotidien

Après avoir obtenu sa première ligne de défense immunitaire grâce au colostrum, la prochaine étape pour le veau est le régime lacté. Là aussi, il est primordial de veiller à ce que l’animal reçoive suffisamment d’apports nutritionnels pour avoir une croissance optimale. Notons que dans des conditions idéales, il devrait gagner entre 800 et 900 g par jour au cours de ses trois premiers mois.

Pour cette phase, deux options sont possibles : l’allaitement au pis ou le nourrissage manuel. Selon Léonard Théron, aucune ne prévaut sur l’autre. Un veau nourrit au pis reçoit 100 % des apports de sa mère, mais cette méthode comporte des risques potentiels comme les accidents ou encore la transmission de maladies par la vache.

Par ailleurs, lorsqu’il est allaité naturellement, un veau consomme généralement entre 10 et 13 l de lait par jour, tandis que dans la plupart des élevages pratiquant le nourrissage manuel, les veaux reçoivent entre 4 et 6 l quotidiennement. Une différence importante… « Des études ont montré que le régime qui se rapproche le plus de l’allaitement naturel est celui qui est supérieur ou égal à 4 l par repas, à raison de deux fois par jour. Les éleveurs ont également la possibilité de fournir un lait plus riche en protéines. Les résultats montrent que l’administration de 2 fois 4 l de lait traditionnel ou de 2 fois 3 l de lait enrichi en protéines donne des résultats similaires », souligne Léonard Théron. Une autre possibilité est de concentrer la poudre de lait, en utilisant 150 g par litre d’eau au lieu des 125 g généralement indiqués sur l’emballage. La quantité recommandée se situe entre 850 g et 1 kg de poudre par jour.

De plus, pour cette phase de nutrition lactée, il faut aussi prendre en compte que le veau ne pourra pas valoriser davantage que ce qu’il reçoit dans son alimentation. Ainsi, de 0 à 3 mois, entre 75 % et 80 % de la quantité ingérée se traduit en gain de poids chez le jeune bovin. Ce taux va diminuer par la suite puisqu’une vache adulte ne valorisera que 15 % de la matière qu’elle a consommée.

Préparer le sevrage en douceur

Pour réussir le sevrage, mieux vaut y aller en douceur. « Le top, ce sont des périodes de sept à dix jours de transition durant lesquelles on inverse les régimes », poursuit Léonard Théron. L’idéal est de mettre une poignée de calf starter, soit un concentré de premier âge riche en sucre, dès les premiers jours de la vie du veau. Plus tôt l’animal sera mis en contact avec cette nourriture, plus rapidement son rumen pourra s’habituer à cette nouvelle alimentation.

L’autre aliment important ? L’eau ! Elle aussi doit également être mise à la disposition du bovin le plus tôt possible. « Un veau qui commence à avoir une petite diarrhée va compenser, naturellement, ce problème en s’hydratant ».

Afin que le changement de régime se déroule dans les meilleures conditions, cet expert conseille aussi de donner de gros repas. « Contrairement, à la croyance populaire qui dit qu’en donnant beaucoup de lait, on sevre plus difficilement, les études montrent qu’un veau qui prend de gros repas, comme 2 fois 4 l de lait sera plus vite sevré que celui qui boit plusieurs petites quantités étalées sur toute la journée. Cela a attrait au volume de l’estomac. Plus celui-ci sera important, plus le bovin mangera rapidement du sec ». Si la période du sevrage dépend d’une exploitation et du type de spéculation, il est conseillé de le commencer lorsque l’animal pourra manger plus d’un kilo et demi de concentré, et ce deux fois d’affilée. Une fois le veau sevré, vérifiez toujours qu’il puisse avoir à sa disposition de l’eau, du fourrage et une ration de bonne qualité et riche en protéines. De plus, si vous avez un doute sur une de ces phases de la vie du veau, n’hésitez pas à faire appel à votre vétérinaire. La start-up Rumexperts propose aussi différents services et outils, comme Nutrinetic un kit spécial de prélèvement afin d’optimiser le suivi nutritionnel des troupeaux bovins.

A lire aussi en Bovins

Voir plus d'articles