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Fedagrim demande et propose des solutions pour réduire l’incertitude dans le monde agricole

Lors de la cérémonie d’ouverture d’Agribex, Fedagrim a souhaité attirer l’attention du monde politique et, plus largement, du public sur certaines questions cruciales au sein du secteur agricole qui nécessitent une action urgente.

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Alors que 2023 devait être marquée par la 73ème  édition du Salon international de l’agriculture, de l’élevage, du jardin et des espaces verts (Agribex), c’est en réalité la 72ème  édition du salon bruxellois qui s’est ouverte le 6 décembre. En effet, il y a deux ans, l’événement a été annulé à la dernière minute en raison de la crise sanitaire.

« C’était la première fois dans l’histoire d’Agribex que les organisateurs ont été contraints de prendre une telle décision. Celle-ci fut à la fois difficile pour les exposants, les visiteurs et l’organisation », se souvient Johan Colpaert, président de Fedagrim, la Fédération belge des fournisseurs de machines, bâtiments et équipements pour l’agriculture et les espaces verts. « Mais nous sommes de retour, boostés par la confiance et l’espoir. Et avec l’envie d’inspirer et connecter le monde agricole ! », clamait-il lors de l’inauguration officielle de la foire.

Mécanisation et durabilité vont de pair

« L’espoir d’un avenir riche de perspectives constitue le cœur de cette édition. Et cela est plus que nécessaire… En effet, rien n’est certain à l’heure actuelle, mais nous sommes persuadés que nous pouvons façonner et écrire notre avenir », a-t-il poursuivi. Et d’ajouter : « Même si nous avons besoin d’aide et de soutien pour y parvenir. »

Selon M. Colpaert, le secteur agricole a besoin d’un cadre juridique stable pour exercer ses activités. Aucune entreprise ne peut se développer lorsque tout n’est que volatilité et inconstance. « Ces deux éléments font obstacles à toute stratégie de développement… Comment définir un cap à suivre lorsque l’on est privé de tout sens de l’orientation, en plein désert ? Aucun être humain ne peut survivre dans de telles circonstances. Les entreprises non plus… »

« Le secteur agricole a besoin d’un cadre juridique stable pour exercer ses activités. Aucune entreprise ne peut se développer lorsque tout n’est que volatilité et inconstance. »

Le président de Fedagrim a poursuivi son discours en affirmant que si l’agriculture doit tendre vers davantage de durabilité, cela passera par la mécanisation, par la robotisation et par toutes les autres techniques qui n’écarteront pas l’agriculture de sa mission de base, à savoir la production d’aliments. « Agribex montre comment le secteur évolue et est capable d’innover ! »

Dans un avenir proche, l’intelligence artificielle devrait également pouvoir aider le secteur agricole. Elle est d’ailleurs déjà présente dans certaines applications (désherbage, surveillance des troupeaux…).

Enfin, le monde agricole est confronté à une pénurie de travailleurs correctement formés. Rien que dans le secteur de la mécanisation, plus de 700 postes sont à pourvoir. Agribex tente de trouver une solution à cette pénurie en organisant l’îlot thématique « Workshop Live », en collaboration avec la haute école Thomas More.

En parallèle, Fedagrim demande aux responsables politiques du pays qu’un cadre soit mis en place pour rendre le secteur attrayant pour l’emploi. « Le travail est disponible, mais il faut s’assurer qu’il soit rémunérateur. Nous devons également pouvoir conserver les forces en présence dans de bonnes conditions. »

Un cadre clair et stable

À l’occasion de l’ouverture officielle, Johan Colpaert s’est exprimé devant un certain nombre de représentants du monde politique. L’occasion pour lui de dénoncer l’absence d’un cadre juridique solide et stable, ce qui n’est pas sans impact sur le monde agricole et ses différents acteurs.

En Flandre, par exemple, la nouvelle réglementation relative à l’azote a gagné en clarté, mais l’incertitude demeure parmi les éleveurs Pour preuve, quelques exposants actifs dans le secteur de l’élevage ont fait l’impasse sur cette édition 2023. « L’incertitude est trop grande… Du côté des éleveurs flamands, les investissements sont reportés en raison d’un manque de perspectives et de clarté. »

En Wallonie, aussi, des points doivent être améliorés « Nous insistons, par exemple, sur la nécessité de mettre en place un éco-régime permettant d’atteindre les objectifs de réduction d’utilisation de produits phytosanitaires et d’engrais. Nous voulons également que les techniques mécaniques permettant de lutter contre l’érosion bénéficient d’un meilleur soutien. De cette manière, nous pourrons valoriser davantage de parcelles agricoles. »

Le président de Fedagrim, Johan Colpaert, n’a pas manqué  d’interpeller le monde politique lors de l’ouverture officielle d’Agribex.
Le président de Fedagrim, Johan Colpaert, n’a pas manqué d’interpeller le monde politique lors de l’ouverture officielle d’Agribex. - AV

Constatant que le secteur agricole est capable de relever les défis auxquels il fait face, à condition de laisser la place nécessaire à l’innovation, Fedagrim entend se montrer constructif. « Le cadre dans lequel le secteur opère est souvent trop restrictif. À titre d’exemple, l’agriculture s’automatise rapidement, mais la politique ne suit pas. Il n’y a guère de place pour tester les robots et les tracteurs automoteurs. C’est pourquoi nous plaidons en faveur de zones à faible réglementation pour la mise en œuvre de nouvelles technologies », détaille-t-il.

En ce qui concerne les animaux également, Fedagrim tape sur le même clou. « Nous demandons depuis longtemps déjà la mise en place d’étables pilotes. Cela permettrait de fournir un cadre pour mesurer et tester de nouvelles technologies. Comment peut-on réellement appliquer une politique sans connaître les données émanant du terrain ? »

Encourager les économies d’échelle

La fédération déplore encore que les économies d’échelle dans l’agriculture soient invariablement considérées comme impossibles. Selon elle, celles-ci n’entraînent pas automatiquement une plus grande pression sur l’environnement ou une diminution du bien-être animal. « Les économies d’échelle permettent aux exploitations de se professionnaliser et d’investir davantage dans les nouvelles technologies. Ce n’est pas en revenant à l’image d’Épinal de l’agriculteur et de ses quelques animaux que l’on fera progresser le secteur, bien au contraire. »

Dans ce contexte, la fédération s’étonne également que les productions agricoles nationales soient soumises à des normes élevées qui ne s’appliquent pas à nos partenaires commerciaux, dans le cadre d’accords de libre-échange. M. Colpaert ne voit aucun inconvénient à ce que la réglementation soit stricte, mais il estime que celle-ci doit s’appliquer à tous, afin que la concurrence soit équitable.

« Ce n’est pas en revenant à l’image d’Épinal de l’agriculteur et de ses quelques animaux que l’on fera progresser le secteur, bien au contraire. »

Fedagrim demande encore aux décideurs politiques de faire preuve de leadership, à court et à long terme. En d’autres mots, lorsqu’un nouveau plan d’action relatif à une problématique est mis sur pied, il devrait être communiqué bien à l’avance vers les premiers concernés, à savoir les agriculteurs, afin qu’ils aient le temps de s’adapter et de réaliser les investissements nécessaires pour atteindre les résultats escomptés.

Enfin, certaines mesures concernant les machines agricoles sont demandées afin de faciliter le quotidien des travailleurs de la terre. D’une part, la suppression du contrôle technique lors de la mise en service d’une nouvelle machine, étant donné que celle-ci a été produite dans le respect de strictes réglementations européennes (tout comme une voiture). D’autre part, une adaptation de la largeur maximale des véhicules agricoles afin de permettre le recours à des pneus ayant la largeur nécessaire à la protection des sols. À ce titre, Fedagrim propose de mettre son expertise en la matière au service du monde politique.

Johan Colpaert a déjà remis aux hommes et femmes politiques présents lors de l’inauguration officielle et aux autres parties intéressées un document dans lequel sont détaillées ces différentes revendications. L’ont déjà reçu, entre autres : le ministre flamand de l’Agriculture, Jo Brouns, la députée européenne Hilde Vautmans et le ministre fédéral de l’Agriculture, David Clarinval.

Jérémy Vandegoor et Tim Decoster

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