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L’agnelage à la bergerie des Nuages:«La plus belle période, mais aussi la plus stressante!»

À la bergerie des Nuages, le mois de février rime avec agnelages. Cette année a été plus que productive puisqu’une quinzaine de femelles, contre cinq mâles, sont nées dans cette étable de Braives. De quoi agrandir le troupeau de Stéphanie Parent, une éleveuse tout aussi organisée que passionnée qui transforme elle-même le lait en fromages et yaourts.

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N oisette, Gruyère, Rochefort ou encore Crème sont, de nouveau, de jeunes mamans ce mois-ci. Ces animaux font partie de la dizaine de brebis de la bergerie des Nuages. Une exploitation familiale et à taille humaine menée de main de maître par Stéphanie Parent. Cette jeune Braivoise ne le cache pas : « La période d’agnelages est la plus belle, car la bergerie vit autrement, mais c’est aussi la plus stressante ». Et pour que tout soit parfait afin d’accueillir au mieux ces nouveaux agneaux, rien n’est laissé au hasard.

Lors des quelques mois qui précèdent ce moment crucial, l’éleveuse avait déjà tout planifié. Avant la saillie, les femelles prennent une cure de vitamines et sont vermifugées, si c’est nécessaire.

Ensuite, c’est au tour de Peter d’entrer en piste. Le bélier rejoint les femelles en prairie, et pendant qu’il fait son travail, Stéphanie, elle, en profite pour effectuer le vide sanitaire. De cette manière, le bâtiment peut être impeccable au moment du retour des bêtes, vers octobre-novembre.

Au mois de décembre, ce sont les échographies. Un moment qui coïncide avec celui de la tonte. « J’ai mis pas mal de temps à passer le cap, mais cela permet aux brebis d’être mieux. Elles se grattent moins, et les agneaux ont plus facilement accès au pis ».

La nourriture joue aussi un rôle primordial. Si les bêtes reçoivent du foin à volonté, elles ont aussi accès à des minéraux et du sel. De plus, leur ration est adaptée par rapport au stade physiologique. Par exemple, outre les granulés, durant la période traite, elles mangent du pois, pour l’apport en protéines. Afin de bien digérer tout cela, les repas sont fractionnés en trois fois par jour.

« Une vétérinaire nutritionniste est présente afin que les rations soient adaptées en fonction de la qualité du foin, lequel est analysé », indique la fromagère dont l’objectif est de tendre au maximum vers l’autonomie fourragère.

En outre, grâce aux échographies, les brebis sont nourries en fonction de leurs besoins, selon le nombre de petits qu’elles portent. « J’adapte l’alimentation. Ainsi, le dernier mois de gestation, j’intègre tout doucement la protéine, et j’augmente les quantités au fur et à mesure. Afin d’éviter tout stress alimentaire, la nourriture reste identique à partir d’un mois avant la mise bas ».

La préparation des cages d’agnelages

Intelligemment conçu grâce, notamment, à l’Arsia qui a, entre autres, conseillé Stéphanie Parent pour la ventilation, le bâtiment est également adapté pour répondre aux besoins spécifiques de ces nouveau-nés. Dans cette optique, deux semaines avant la mise au monde, les cages d’agnelage sont préparées. Chaque brebis peut de, cette manière, avoir son propre espace avec ses petits. La Braivoise prépare également tout le matériel nécessaire, comme les lampes chauffantes, les gants de fouille, le désinfectant ou encore le stock de médicaments.

Bref : tout est minutieusement organisé. D’ailleurs, l’étable est équipée de caméras, afin que l’éleveuse puisse vérifier si tout se passe correctement « mais en général, les agnelages se déroulent en fin de soirée, ou tôt le matin ».

Lorsque les petits sont nés, celle qui « vit au rythme des animaux », donne directement le premier jet de colostrum. Un liquide précieux qui permet à l’agneau d’être le plus vigoureux possible. « Puis, à partir de 3 semaines, je fais automatiquement la coccidiose », ajoute-t-elle.

Le Laitier belge : une race en voie de disparition

Mais même si toutes les précautions sont suivies à la lettre, les pertes font malheureusement partie intégrante du métier d’éleveur. En moyenne, Stéphanie Parent en compte 10 %. Néanmoins, cette année a été plus que prolifique à la bergerie des Nuages puisque sur une vingtaine d’agneaux, seuls 5 sont des mâles. Ces derniers partiront à l’engraissement lorsqu’ils auront entre 10 et 15 jours, tandis que leurs demi-sœurs seront séparées de leur mère entre 7 et 10 jours.

De cette façon, la fromagère peut commencer la traite de ces brebis Laitier belge. Une race locale, en voie de disparition. Connus pour être hauts sur pattes, ces animaux ont la particularité de ne pas avoir de laine sur le bas du ventre et sur la queue, d’où leur surnom de « queue de rat ». Petit atout non négligeable, ce sont des moutons très amicaux qui ne rechignent pas sur leur dose de caresses. « Il reste environ 1.200 têtes en Belgique pour le Laitier belge. Je souhaitais travailler avec une race authentique. Leur lait est de très bonne qualité. Au niveau de la quantité, elle varie de 1, 3 à 1, 5 l par brebis et par jour. Mais ma philosophie est que le principal est que les bêtes soient bien. Je les laisse produire naturellement ».

En outre, si Peter fait très bien son boulot, et a été classé parmi les meilleurs laitiers belges, sa détentrice souhaite que celui-ci puisse avoir un collègue. Histoire de ne pas tomber dans la consanguinité…

Une première expérience à 8 ans

Si la période d’agnelages est à présent clôturée pour les laitières, pour ce mois de mars, elle reprend de plus belle avec les brebis de race Zwartbles que Stéphanie Parent possède sur un autre site (voir ci-contre). Mais heureusement, cette éleveuse peut se fier à sa solide expérience pour les mener à bien. Et oui, comme Astérix, elle est tombée dans la marmite quand elle était petite.

Elle raconte : « Tout a commencé suite à une anecdote quand j’avais 8 ans. Papa a toujours possédé des moutons et des chèvres. Quant à moi, toute jeune, j’aimais déjà les animaux, et en rentrant de l’école j’allais à l’étable quand c’était le moment des agnelages. Puis, un jour, je suis tombée sur une brebis qui avait du mal à avoir son petit. Papa n’était pas là, mais m’a guidée par téléphone. J’ai donc réalisé ma première mise bas ce jour-là ». Une passion était née. D’ailleurs, si la fromagère se lance d’abord dans des études de vétérinaire, elle gardera toujours en tête ce souhait de devenir éleveuse.

C’est ainsi, qu’elle décide alors de réaliser son cursus scolaire en agronomie, gestion et technique agricole à Ciney. S’en suit une formation de fromager affineur à l’Ifapme et des cours concernant la réalisation de fromages fermiers proposés par le biais de la Fugea.

Quelques années plus tard, en 2017, elle saute le pas en s’installant comme éleveuse en tant qu’indépendante complémentaire. Son activité principale ? Employée dans une crémerie. Autant dire que la boucle est bouclée.

Si aujourd’hui, Stéphanie Parent a réalisé son rêve d’enfant, elle compte encore se lancer un nouveau défi : développer son exploitation. « Maintenant je souhaite trouver l’endroit idéal pour m’installer et regrouper toutes mes bêtes. Je cherche donc une ferme à reprendre ou un terrain pour construire ma future exploitation ».

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