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À marche forcée

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« Le bruit et la fureur », pour reprendre le titre de l’ouvrage de William Faulkner, se sont dissipés dans les campagnes. Mais si la poussière est retombée, il n’est pas question de la mettre pour autant sous le tapis.

C’était tout le sens des actions menées par les agriculteurs qui ont choisi de maintenir une pression maximale sur les décideurs politiques, au premier rang desquels, l’Exécutif européen, sur la sellette depuis de longues semaines. À peine les tracteurs repartis, le Copa adressait ainsi un courrier à Ursula von der Leyen recensant ses propositions de simplifications pour l’agriculture face au « tsunami réglementaire ». Selon l’organisme européen, le manque d’écoute des autorités européennes est l’un des dénominateurs communs des protestations agricoles dans l’UE. Il reproche notamment l’approche trop verticale de l’ancien vice-président Frans Timmermans lors de la mise en place du Pacte Vert et sa logique « insensée » de passer en force sans tenir compte du contexte actuel.

De leur côté, les représentants de la coordination européenne Via Campesina, dont fait partie la Fugea, ont déploré les réponses apportées aux protestations agricoles, qu’ils jugent éloignées de leurs demandes concernant des prix équitables, la fin des accords de libre-échange et non « l’abandon de l’agroécologie ». Face à ce feu nourri de revendications et de colères, l’actuel collège des commissaires européens doit sûrement envisager la fin de la mandature avec joie…

Au niveau belge, la pression sur les élus, est, elle aussi, maximale. Elle a encore été tout récemment matérialisée par les actions de la Fédération des jeunes agriculteurs qui dépêchait à nouveau, le 1er mars dernier, quelques tracteurs sous les fenêtres du SPF Économie à Bruxelles, histoire de faire comprendre aux ministres et aux représentants de la distribution réunis au sein de la Task force agroalimentaire, qu’elle ne comptait aucunement reculer au niveau de ses revendications. Sommés d’apporter des réponses concrètes, les ministres sont tombés d’accord sur un premier train de mesures. On notera le renforcement de l’interdiction de la vente à perte, celui de l’observatoire des prix ainsi que celui des contrôles diligentés par l’Inspection économique concernant l’étiquetage des denrées alimentaires et le respect de l’indication obligatoire de l’origine. La Task force, qui doit se revoir fin avril, a également décidé de mieux faire connaître les produits belges via un soutien à la promotion et à un marketing des produits alimentaires. Les ministres ont laissé entendre que d’autres mesures sont déjà sur la table, lesquelles doivent encore faire l’objet d’une concertation entre tous les maillons de la chaîne.

Tous ont pris conscience de la détresse du secteur agricole, si bien que la réouverture de l’acte de base de la Pac n’apparaît plus comme une idée taboue. Mais il aura quand même fallu des centaines de tracteurs dans les rues pour que les décideurs politiques commencent à bouger.

Marie-France Vienne

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