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Le sous-semis en maïs, une perspective à faire germer

Les agriculteurs du Contrat captage de Cornesse avaient montré leur intérêt pour la technique du sous-semis en maïs. Protect’eau, avec l’aide du Centre indépendant de promotion fourragère (Cipf), a concrétisé l’idée en mettant en place des essais.

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La technique du sous-semis en culture de maïs consiste à semer une plante de couverture entre les rangs de ces céréales, lors de l’implantation de la culture ou au début du développement de celle-ci. L’objectif recherché est d’éviter la présence de sols nus pendant la culture ainsi qu’après la récolte. Cette pratique offre de nombreux avantages agronomiques et environnementaux.

De plus, en raison du contexte réglementaire, elle est destinée à se répandre. Cette méthode, ou plus largement la couverture du sol durant l’interculture, est grandement encouragée par la nouvelle Politique agricole commune (PAC) car il peut être valorisé pour la BCAE6, la BCA8, la BCAE7, ou encore l’ER « Couverture longue des sols ». Outre l’aspect légal, cette technique offre de nombreux avantages agronomiques et environnementaux tout au long de l’année.

Deux méthodes différentes préconisées par le Cipf

La première méthode recommandée implique l’implantation du sous-semis après le semis de maïs. Selon les espèces constituant le sous-semis, on attendra le stade 3-4ème feuilles (ex : trèfle blanc et fétuque rouge) ou le stade 6-7ème feuilles (ex : ray-grass d’Italie) du maïs pour semer sur l’inter-rang. Cette stratégie implique un désherbage avant l’implantation du sous-semis, ce qui lui permet de se développer avant la fermeture des rangs, sans concurrencer ces céréales. Le passage d’une désherbineuse équipée d’un semoir est idéal. Cette machine applique le traitement sur la ligne et effectue un désherbage mécanique ainsi que le semis sur l’inter-rang. Une économie des doses de produits phytopharmaceutiques peut donc être réalisée puisque la surface traitée chimiquement est réduite de deux tiers. Toutefois, cette méthode présente certaines limites : la disponibilité du matériel, la nécessité d’avoir un passage dédié à l’implantation du sous-semis et le risque de ne pas rencontrer des conditions d’implantation idéales.

La seconde méthode consiste à implanter le couvert simultanément au semis du maïs. Cette technique peut être plus facile à mettre en place. Elle ne requiert pas de travail supplémentaire et le semis se fait en conditions idéales. Cependant, elle ne convient pas aux espèces à développement trop rapide, comme le ray-grass, qui risqueraient alors de concurrencer la culture. Suivant ce schéma, il sera important de raisonner son itinéraire de désherbage en conséquence. La difficulté réside dans l’assurance d’une bonne efficacité contre les adventices, tout en ne pulvérisant pas de produit pouvant nuire au développement du sous-semis. De plus, l’utilisation de produits phytopharmaceutiques sur le couvert empêche de comptabiliser celui-ci dans la BCAE 8.

À Cornesse, focus sur les essais de l’année dernière

Dans cette commune, la parcelle avait une superficie de 1,28 ha et le semis du maïs a eu lieu le 5 mai 2023, avec un écartement de 75 cm entre les rangs.

Le reliquat azoté de sortie d’hiver était de 50 kg N-NO3/ha. La zone d’essais a été binée le 6 juin 2023. À cette date, le maïs était au stade 4ème feuille. Les conditions étaient idéales : le sol était un peu humide après le passage de la bineuse.

Trois couverts différents ont été testés  : la fétuque rouge (9 kg/ha), le trèfle blanc (5,5 kg/ha) et le ray-grass italien (21 kg/ha). Les deux premiers sont plus efficaces comme outils anti-érosifs, tandis que le ray-grass présente une meilleure capacité de prélèvement de l’azote. Ce dernier sera cependant déconseillé en cas de sécheresse. Ce couvert est, en effet, exigeant en eau et pourrait concurrencer les besoins hydriques du maïs.

Un peu plus de trois semaines après le sous-semis, une bonne levée du trèfle blanc (TB) et du ray-grass italien (RGI) a été observée. Deux mois après l’implantation du sous-semis, ceux-ci avaient bien recouvert le sol. La fétuque rouge ayant levé peu avant la fermeture des rangs, son développement n’a pas été optimal. Deux semaines plus tard, la couverture totale des inter-rangs était assurée dans le cas du TB et RGI. Sur les bandes témoins, l’absence de sous-remis a laissé place au développement d’adventices.

En automne, une évaluation de la teneur en nitrate a été réalisée. La couverture du sol a permis de réduire considérablement les valeurs d’azote potentiellement lessivable (APL) de la culture. Les scores d’APL étaient ainsi bien inférieurs au seuil de conformité, fixé pour cet automne 2023 à 90,1. La récolte du maïs fin septembre a permis au sous-semis de bénéficier d’un ensoleillement et d’une meilleure disponibilité des ressources. La mauvaise couverture de sol par la fétuque rouge résultant de son faible taux de levée explique des valeurs d’APL plus élevées. La comparaison des différents résultats obtenus montre que les performances d’un sous-semis réussi sont meilleures que celles de l’interculture tardive (seigle). Des valeurs APL faibles sont garantes d’un meilleur recyclage de l’azote à l’échelle de l’exploitation ainsi que de la préservation de la qualité des eaux souterraines via la limitation du phénomène de lessivage.

Une option pertinente à investiguer

Cette technique présente donc de nombreux intérêts et répond à beaucoup de défis agronomiques, environnementaux et législatifs. Néanmoins, sa réussite dépend des conditions météorologiques et pédoclimatiques. Si ces éléments sont favorables pour la pousse du maïs, cela permettra de semer le sous-soumis plus tôt. En cas de sol sec, il conviendra d’attendre et de semer juste avant la prochaine pluie.

Les doses employées doivent être judicieusement réfléchies afin que la couverture de sol soit suffisante pour répondre aux objectifs du sous-semis sans pour autant freiner le développement des céréales. À l’heure actuelle, le manque de matériel adapté est un facteur limitant. Cependant, les enjeux écologiques et réglementaires actuels ainsi que les avantages offerts par cette pratique devraient accélérer le développement des équipements adéquats et des connaissances à ce sujet.

Protect’eau

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