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Pour la première fois, le bio wallon s’affiche en léger recul

Si la tendance se dessinait depuis plusieurs mois déjà, les chiffres viennent le confirmer : pour la première fois depuis 2003, le nombre de fermes bio et la superficie qui leur est associée ont légèrement baissé en Wallonie. Cela témoigne de l’impact des crises successives qui ont pesé tant sur les producteurs que sur les consommateurs, ces derniers ayant moins acheté de produits bio en 2022 et 2023.

Temps de lecture : 8 min

Au 31 décembre 2023, la Wallonie recensait 2.014 fermes sous contrôle bio (100 % bio ou mixte bio-conventionnel), soit 16 % des exploitations wallonnes. L’an dernier, et pour la première fois depuis 2003, ce nombre a reculé, suite à la perte de dix fermes (-0,5 %). Une situation qui s’explique par le fait le nombre de nouvelles entités créées n’a pas compensé les arrêts, que ce soit par déconversion ou pension du chef d’exploitation, détaille Biowallonie, la structure d’encadrement du bio, dans son bilan annuel dédié à ce mode de production publié fin mai.

En 10 ans, 819 nouvelles exploitations ont opté pour ce mode de production (figure 1).

La surface agricole utile (SAU) consacrée au bio reflue, quant à elle, de 1,2 % (+1,7 % en 2022). La SAU sous contrôle bio atteint 92.375 ha (- 1.151 ha), soit 12,5 % de la SAU totale wallonne (figure 1). Sur ce total, 6.466 ha sont en cours de conversion. Depuis fin 2010, les surfaces bio ont été multipliées par deux dans notre région.

Ajoutons encore que la surface agricole moyenne d’une ferme bio est de 45,9 ha, soit environ 12 ha de moins que la moyenne wallonne.

Du côté des cultures alimentaires, seuls les fruits connaissent un gain de surface

En raison de la diminution du nombre d’herbivores bio en Wallonie (-3 %, lire en détail ci-après), la surface dédiée aux prairies a fléchi de 2,3 %. En effet, 1.575 ha de prairies bio ont été perdus en un an.

Trois quarts de ces surfaces sont situés dans les provinces de Luxembourg et de Liège. 89 % des prairies bio ou en conversion sont permanentes ; le solde se composant de prairies temporaires.

Même si les prairies représentent près de trois quarts (71,8 % précisément) du paysage agricole bio wallon, leur proportion diminue d’année en année au profit des grandes cultures nécessaires pour alimenter le bétail et répondre à la demande grandissante du marché alimentaire bio, précise la structure d’encadrement. Cette proportion reste toutefois élevée en raison du grand nombre d’élevages bovins certifiés bio mais aussi par la spécificité de la filière qui requiert une surface prairiale importante pour assurer une autonomie fourragère maximale des fermes.

Les grandes cultures (céréales, cultures fourragères, pommes de terre, oléagineux et protéagineux) ont progressé très faiblement en 2023 (+0,7 %), avec 139 nouveaux ha, après avoir vu leur surface se stabiliser en 2022. Pour mémoire, entre 2013 et 2021, plus de 1.000 ha de grandes cultures étaient convertis au bio chaque année. Cette stabilité relative s’explique, selon Biowallonie, par la baisse de la demande en produits bio en 2022 et 2023. Par ailleurs, certains producteurs ont converti des prairies temporaires ou parcelles légumières en terres dédiées aux grandes cultures, ce qui explique également cette tendance.

34 % des grandes cultures bio sont situées en province de Luxembourg. Suivent la province de Namur (27 %), le Hainaut (16 %), la province de Liège (14 %) et le Brabant wallon (9 %).

En 2023, 48 % des grandes cultures bio sont des céréales pures et cultures assimilées, dont les plus courantes sont le froment, l’épeautre, l’avoine, le triticale et l’orge (par ordre d’importance). Ces cinq céréales représentent 90 % des céréales cultivées en bio en 2023. Les mélanges céréales-légumineuses, et autres, s’adjugent 30 % du total ; les cultures fourragères suivent avec 11 %. Enfin, les pommes de terre, oléagineux, protéagineux et autres cultures industrielles occupent plus de 10 % des terres bio wallonnes.

Après avoir progressé de 1 % seulement en 2022, les cultures légumières reculent de 9 %. Cela représente une perte de 248 ha, pour un total de 2.452 ha. Biowallonie livre plusieurs pistes pour expliquer cette situation. Le marché, actuellement peu porteur (demande en berne, stagnation ou faible hausse des prix…), est le facteur qui a le plus joué. S’y ajoute l’augmentation des coûts énergétiques, et donc de stockage des légumes de garde, qui a conduit certains producteurs à se tourner vers des aliments peu périssables et plus faciles à conserver, comme les céréales.

Les surfaces légumières bio wallonnes se répartissent comme suit : province de Liège (29 %), Brabant wallon (25 %), Hainaut (22 %), province de Namur (21 %) et province de Luxembourg (3 %).

Du côté des cultures fruitières, on relève un bond important de 15 %. 120 nouveaux ha bio ont été répertoriés, suite à la demande importante des consommateurs. Les vergers et vignobles bio se trouvent principalement en province de Namur (44 %). Derrière, on retrouve la province de Liège (21 %), le Hainaut (14 %), le Brabant wallon (13 %) et la province de Luxembourg (8 %).

Les vergers bio sont majoritairement dédiés à la production de pommes et poires. Mais on retrouve aussi des cerisiers, pruniers, pêchers, abricotiers et même figuiers. Sans oublier les noix, noisettes, fraises et autres petits fruits ! Quant à la production de raisins bio, elle se développe fortement, avec 40 nouveaux ha l’an dernier, pour un total de 233 ha. Cette filière a vu sa surface quadruplée en cinq ans ; 2023 étant son année de plus forte croissance.

La production de semences et de plants progresse (+13 %) pour atteindre 605 ha. Selon Biowallonie, 88 % de ces surfaces sont utilisées pour la multiplication de semences et plants, 6 % pour la production de plants de pommes de terre et 6 % sont des pépinières (de plants fruitiers, ornementaux ou forestiers). Le développement de cette filière bénéfice à l’ensemble du secteur bio, en permettant aux producteurs de s’approvisionner en Wallonie et non au sein d’autres régions ou pays.

Les jachères, engrais verts et parcours extérieurs enregistrent un bond de 34 % et culminent à 1.211 ha.

Enfin, les cultures non alimentaires (lin et chanvre textile, sapins de Noël, houblon…) atteignent 122 ha (+38,2 %).

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Pourtant habitué à la croissance, le cheptel laitier recule

Au cours de l’année 2023, le nombre d’animaux bio a chuté de 9 %, toutes espèces confondues. Depuis 2003, c’est la première fois qu’un tel phénomène se produit !

Après avoir connu une légère baisse en 2021 et s’être stabilisé en 2022, le nombre de bovins bio a, une nouvelle fois, reculé. Il atteint 102.347 têtes. Trois quarts des bovins bio sont élevés dans les provinces de Luxembourg et de Liège.

Déjà en hausse en 2022, le nombre de vaches allaitantes a progressé de 5 % en 2023, par rapport à 2022, pour atteindre 26.313 animaux.

La filière laitière, après plusieurs années de croissance, s’affaiblit quelque peu. La Wallonie compte 1.055 vaches laitières bio en moins par rapport à 2022, soit un recul de 5 % (19.306 têtes au total). La différence de prix très ténue entre le lait bio et son équivalent conventionnel, durant plusieurs mois, explique cette tendance.

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Le porc bio s’affiche en bonne forme

Alors que le secteur porcin bio wallon avait progressé en 2020 et 2021, il s’est sensiblement tassé en 2022 (-1 %)… et est sérieusement reparti à la hausse en 2023 (+22 % !).

Pas moins de 18.586 porcs gras ont été commercialisés l’année dernière. Malheureusement, en parallèle, le nombre de truies reproductrices s’est écroulé (-27 %, soit -310 individus), pour un total de 840 truies recensées.

Les porcs bio wallons sont élevés majoritairement en province de Luxembourg (49 %) et en Hainaut (27 %).

Léger déclin des poulets de chair et poules pondeuses

Après des années de forte croissance et une certaine stabilité affichée en 2022, le nombre de poulets de chair (commercialisés) a fortement fléchi : -12 % entre 2022 et 2023. 482.000 poulets de moins ont été commercialisés l’année dernière, pour un total de 3.583.000 unités. Cela s’explique par une baisse de la demande assez importante, les poulets bio étant plus chers que ceux vendus en conventionnel.

La moitié des poulets bio a été élevée dans la province de Namur. Suivent les provinces de Luxembourg (27 %) et de Liège (13 %).

En croissance ralentie en 2021 et 2022, la filière poules pondeuses décroît et ce, pour la première fois depuis 2009. En 2023, il manquait 14.227 poules pondeuses à l’appel (-4 %). La filière comptait, fin de l’année dernière, 369.090 animaux. Les 112 élevages concernés sont répartis sur l’ensemble de la Région mais sont principalement présents en provinces de Namur (45 %), de Luxembourg (24 %) et dans le Hainaut (20 %).

Le nombre de poulettes futures pondeuses s’élevait à 227.000 (+40 %, de bon augure en matière d’autonomie !). Les sept élevages de poulettes sont situés exclusivement dans la province de Namur (55 %) et en Hainaut (45 %).

Les chèvres laitières se montrent stables

La filière ovine, en constante évolution depuis 2009, s’est affaiblie en 2023 (-11 %). Elle compte 22.904 animaux, dont les trois quarts sont élevés dans les provinces de Luxembourg et Namur.

De son côté, la filière caprine se montre stable, après avoir connu une légère diminution en 2022. Elle totalise 2.688 chèvres laitières. C’est la province de Liège qui accueille le plus de chèvre bio, avec 45 % du cheptel wallon.

En 2023, la Wallonie comptait également, au sein de filières de niche, 411 autres volailles (canards et cailles), 1.511 équidés (chevaux, juments laitières et ânes), 216 cervidés (cerfs et daims), 190 bufflonnes et 40 lapins.

L’aquaculture bio wallonne représente un peu moins de 1 t de poissons commercialisée en 2023 et se montre en chute par rapport à 2022 (-38 %). Enfin, la Wallonie ne compte plus aucune ruche certifiée.

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