Les galinsoges: comment éviter l’envahissement?
Alors que les prévisions de semis et de plantations sont complètement chamboulées, il arrivera bien un moment où nous pourrons enfin installer les cultures d’été et d’automne. Cependant, avec la préparation des sols et la gestion des adventices, les maraîchers doivent faire face à de nombreux défis, notamment l’invasion des galinsoges.

Écrire que les structures de sol sont mauvaises est un euphémisme. Nous sommes souvent amenés à travailler le sol à plusieurs reprises, en essayant d’approfondir progressivement le niveau de décompaction. Nous pouvons espérer obtenir en surface un semblant de structure stable, à défaut d’un profil correct à plus grande profondeur.
Ce travail a aussi pour objectif de réduire l’envahissement par les adventices. Les situations peuvent être très contrastées : du terrain gorgé d’eau mais peu envahi, à une surface ressemblant à une prairie après un semis spontané. Si nous y trouvons une large gamme d’espèces, les galinsoges ne sont pas nécessairement les plus fréquentes.
Mais les nouvelles implantations peuvent mettre le sol presque à nu. Le peu de concurrence et les températures qui remontent à cette époque de l’année sont très favorables à la germination de ces plantes envahissantes. Et nous savons combien elles peuvent alourdir le temps dédié à la maîtrise de l’enherbement.
Une germination jusque mi octobre
Les galinsoges ont un cycle de reproduction par les semences très court. Ils sont favorisés par les techniques de culture qui couvrent peu ou incomplètement le sol. Leur multiplication est donc bien plus problématique en maraîchage qu’en grandes cultures.
Ce cycle court et cette adaptation à un développement rapide dans les cultures couvrant mal le sol sont deux des raisons de leur capacité d’envahissement, si on n’y prend pas garde.
Au niveau des espèces, deux genres d’Astéracées sont fréquents chez nous : Galinsoga ciliata (ou G. quadriradiata) et G. parviflora. La densité de la pilosité sur les feuilles, la largeur de feuilles et la forme des akènes les distinguent. La première citée est plus fréquente, mais nous pouvons les rencontrer toutes les deux sur une même parcelle. De plus, leurs capacités d’extension et les moyens de maîtrise de celle-ci sont semblables.
La germination est constatée lorsque le sol à une température entre 10 et 24°C. Nous y serons jusque mi octobre. Les plantes produisent des semences viables après 6 à 8 semaines déjà. Chaque plante isolée produit 7.500 à 10.000 graines. Celles en peuplement dense sont moins productives individuellement. Puisque la germination peut se dérouler très peu de temps après la chute des semences sur le sol, nous pouvons constater chez nous 3 à 4 générations par an avec une explosion très rapide des populations.
Les galinsoges fleurissent à partir de mi ou de fin mai (en année « moyenne ») jusqu’à fin octobre. Les fleurs composées sont visitées par de nombreux insectes qui favorisent ainsi la fécondation croisée, bien que la fécondation autogame soit également possible.
Les plantes sont gélives et détruites avec l’arrivée des gels d’automne.
Elles sont aussi des réservoirs de virus phytopathogènes. La Fredon (Hauts-de-France) mentionne le virus de la mosaïque du concombre (CMV) et celui de la mosaïque du navet (TuMV). Elles entretiennent également des populations de nématodes ravageurs de racines.
Favoriser des cultures couvrantes pour diminuer leur développement
Les terres préparées de manière fine en surface favorisent l’émergence des galinsoges. Le travail du sol permet de faire remonter des semences à la surface. L’utilisation de la fraise ou d’autres outils à mouvement commandé qui affinent la terre est donc très favorable à leur développement.
Leurs semences germent beaucoup mieux à la lumière, c’est-à-dire dans des cultures peu couvrantes. Cependant, il faut rester vigilants après la récolte. Si la parcelle n’est pas remployée rapidement, nous pouvons perdre de vue son salissement. Or, il suffit de quelques semaines pour quelques galinsoges produisent des milliers, des millions de semences.
Celles-ci germent très rapidement après leur production, elles n’ont besoin que d’une très courte période de dormance. Elles peuvent être amenées par les animaux et par le vent. Mais la terre adhérant aux roues et aux outils de travail du sol est une importante source de contamination de parcelles.
Les semences ne restent viables que 2 ans, au maximum 3 ans. Celles enfouies profondément perdent rapidement leur capacité à germer. C’est une faiblesse que nous pouvons exploiter pour se débarrasser de cette plante envahissante. En incluant dans la rotation des cultures dont la végétation recouvre bien le sol, pendant 3 années consécutives, nous pouvons réduire sensiblement la population de galinsoges.
Après un binage ou un sarclage, les plantes se ré-enracinent très facilement et reprennent leur développement vers la maturation des semences. Les bris de tiges peuvent aussi se bouturer dans le sol.
Plusieurs techniques possibles pour prévenir et guérir
Beaucoup de parcelles maraîchères sont dotées de ces plantes. La première mesure est, bien évidemment, d’éviter de l’introduire accidentellement. Dès que les premières sont repérées, empêchons-les de se reproduire, ce n’est possible que lorsque leur présence est limitée à quelques foyers. Nous devons également être très attentifs au nettoyage des outils et roues qui quittent une parcelle envahie pour se rendre dans une autre encore indemne.
Les désherbages manuels, mécaniques et thermiques sont efficaces si nous pouvons les pratiquer plusieurs fois du printemps à l’automne, quand la température du sol est suffisante. Comme dit précédemment, le travail superficiel du sol permet la remontée en surface et la germination de semences enterrées. Les travaux réalisés dans les jours à venir vont probablement permettre cette remontée.
C’est le cas du labour qui, néanmoins, enterre les graines et a donc un effet positif en cas de production récente de plantes semencières de galinsoges.
Par ailleurs, la technique du faux semis est bien adaptée si elle est suivie de mesures empêchant la production de semences viables par les plantes. Ce dernier permet une levée massive de ces plantes et leur destruction. Il n’est efficace qu’à partir de la mi mai, quand la température du sol est suffisante pour la germination.
Quant aux paillis naturels ou plastiques, ils empêchent ainsi leur développement grâce à l’absence de lumière.
L’efficacité des herbicides homologués pour les cultures maraîchères dépend largement des conditions spécifiques de germination des galinsoges. De plus, plusieurs matières actives approuvées pour les Astéracées se révèlent inefficaces contre elles.
L’introduction dans la rotation d’une prairie temporaire pendant trois années est une mesure radicale. Les mélanges comme le ray-grass avec le trèfle en sols humides ou le dactyle avec la luzerne en sols secs sont très efficaces.
Dans une mesure moindre mais très appréciable, un engrais vert à bon pouvoir couvrant permet de bien concurrencer celles-ci.