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La culture de cornichons dans une ferme maraîchère: de sa réussite à sa rentabilité

Les cornichons destinés à la vinaigrerie industrielle viennent souvent de l’étranger, comme des pays de l’Est ou de l’Inde. Cependant, la demande de cornichons frais et en bocaux produits localement reste une possibilité de diversification des petites fermes maraîchères mixtes. Elle maintient une possibilité mineure de développement d’une culture en plein air occupant la parcelle 3 à 4 mois en été.

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Le cornichon est une variante de Cucumis sativus, le concombre. L’ancienne variété « Vert petit de Paris » peut encore être cultivée. Andromonoïque, elle peut s’autoféconder et est assez rustique.

Les variétés récentes, hybrides F1, comme la Regal F1, ou non-hybrides (Hokus, par exemple), sont résistantes à la cladosporiose, au CMV et assez tolérantes à l’oïdium. La lutte au mildiou des Cucurbitacées fait l’objet de travaux chez les sélectionneurs. Ceux-ci tentent également de développer des variétés à la récolte un peu plus groupée.

Celles dites gynoïques ont besoin d’insectes pour la pollinisation. La présence de ruches d’abeilles ou de bourdons sur le site est donc un avantage.

Le cornichon, comme le concombre, peut facilement s'accrocher à un support vertical. Cela permet une meilleure aération des plantes et surtout des facilités  de cueillette.
Le cornichon, comme le concombre, peut facilement s'accrocher à un support vertical. Cela permet une meilleure aération des plantes et surtout des facilités de cueillette. - F.

Deux phases : l’élevage des plants et la plantation

La culture se déroule généralement en deux phases : l’élevage des plants durant environ 2 semaines suivi de la plantation en pleine terre en vue de la production des cornichons. Cette dernière peut se faire avec une culture à plat ou une culture palissée.

Concernant l’élevage des plants, la germination se déroule très bien à 19 – 24 ºC, avec 15°C minimum. Les variations importantes de température affaiblissent la jeune plante et favorisent diverses maladies de faiblesse. L’élevage trouve bien sa place sous une serre maraîchère.

Pour pouvoir récolter à partir de début juillet en plein air, la plantation sera organisée vers le 1er juin au stade cotylédons étalés, 1re feuille pointante. Le semis en mottes de 4-5 cm se déroulera 2 semaines plus tôt, sous abris légers, à raison de deux graines par motte. Nous pouvons aussi semer en mottes de 7-8 cm afin de pouvoir garder les plants 3 à 4 semaines sous protection.

Au niveau de la plantation, à présent, une rotation de 5 ans est conseillée à cause des maladies.

La densité est de l’ordre de deux mottes par mètre de ligne avec un interligne de 1,5 à 1,8 m en culture palissée ou avec un interligne de 2,5 m en culture à plat.

La plantation sur paillage plastique noir 20 µm permet un léger gain de chaleur au début de la culture, une économie d’eau et une maîtrise de l’enherbement dans la ligne. Nous plaçons le tuyau d’irrigation sous le bâchage.

L'élevage se fait généralement sous  serre maraîchère.
L'élevage se fait généralement sous serre maraîchère. - F.

Attention aux besoins en magnésium

L’irrigation est obligatoire pour assurer une bonne production. Elle va de pair avec un sol bien drainant. Les tensiomètres permettent de piloter facilement les apports (tendre vers 20 centibars). Nous pouvons compter sur un apport moyen de 3 mm d’eau par jour en culture paillée.

Une fumure de compost (15 t) ou fumier de ferme (30 t) couvre pratiquement les exportations de la culture. Une attention particulière sera portée sur le magnésium, sur base d’une analyse préalable du sol. Ses besoins en MgO sont importants au moment de l’élongation des tiges et de nombreux sols de notre région ont des teneurs limitées par rapport à cet élément. Il peut aussi être apporté avec l’eau d’irrigation au début de la culture.

Le palissage n’est pas obligatoire, c’est une option. Les piquets en bois protégé de 2 m de long et 6 cm de diamètre sont espacés de 4 m dans la ligne. Ils sont enfoncés de 50 cm. Ils supportent un fil de fer tendu à 15 cm au-dessus du sol et un second à 1,5 m du sol. Ces deux fils soutiennent un filet de plastique sur lequel s’étendront les tiges des cornichons.

La taille est facile, elle consiste à étêter les tiges quand elles s’allongent au-delà des zones de culture prévues. Des tiges secondaires repartent ensuite à l’aisselle des feuilles de la base.

Un besoin important de main-d’œuvre

Les besoins en personnel pour la récolte des cornichons sont importants et s’étendent sur un peu plus de 2 mois. Elle permettra ainsi de valoriser la main-d’œuvre disponible après les productions de printemps.

Ce poste financier déterminera la rentabilité de la culture. Selon l’organisation du chantier, les besoins sont entre 100 et 160 h pour récolter 0,1 ha en 6 à 8 semaines. Il faut ajouter environ 20 h pour les autres tâches.

La récolte doit être réalisée pratiquement tous les jours pour disposer de fruits de la taille souhaitée. Les éventuelles opérations de cueillettes par les clients sont complétées par des interventions professionnelles en alternance pour limiter la présence de fruits oubliés qui grossissent au point de devenir inutilisable. Ces derniers doivent être récoltés même s’ils ne sont pas commercialisables pour éviter qu’ils ne freinent le développement de la plante. En effet, les ceux-ci deviennent prioritaires et leur grossissement freine l’épanouissement de nouveaux fruits.

Les calibres commerciaux vont de l’extra-fin (13 à 15 mm de diamètre) au fin (15 à 19 mm de diamètre). Idéalement, la cueillette se déroule une fois par jour pour privilégier ces tailles. Les moyens (19 à 23 mm) et gros cornichons (supérieurs à 23 mm) ne font, eux, l’objet que de demandes spécifiques.

Quand les premiers fruits se forment, il est nécessaire  de prévoir un passage de cueillette chaque jour ou au  minimum 4 fois par semaine.
Quand les premiers fruits se forment, il est nécessaire de prévoir un passage de cueillette chaque jour ou au minimum 4 fois par semaine. - F.

Pour une ferme maraîchère diversifiée, la culture présente un intérêt en valorisant les pots préparés en vue de la vente en circuit court. Le travail de préparation et la mise en solution vinaigrée aromatisée doivent s’opérer rapidement, tandis que la commercialisation pourra ensuite s’étaler tout au long de l’année.

F.

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