Profiter de l’hiver pour se lancer dans la création d’un potager
Mille raisons peuvent nous motiver à créer un potager : une certaine autonomie de sa production, le plaisir de découvrir ou de retrouver les gestes paysans de nos parents ou grands-parents, s’adapter au rythme des saisons, s’éloigner du réflexe de l’immédiateté… Mais comment s’y prendre ?

Le même site permet de connaître le drainage naturel du sol, basé sur la grande précision des cartes pédologiques belges.
Tenir compte de la région et de l’orientation des lieux
L’orientation du terrain vers le nord ou un autre point cardinal influence l’aptitude au réchauffement rapide au printemps et à la sensibilité aux gels matinaux. Bien sûr, la situation en basse, moyenne ou haute Belgique est déterminante.
Il faut également faire attention à d’autres éléments comme l’ombrage à certaines heures de la journée par des obstacles bâtis ou végétaux, bien qu’il s’agisse de données sur lesquelles nous n’avons que peu de prise. Nous devons en tenir compte dans le choix des cultures possibles et du niveau de précocité que nous pouvons espérer au printemps et de tardivité en automne.
En revanche, nous exerçons une influence déterminante sur la décompaction du sol et sur la préparation à la maîtrise de l’enherbement.
Réaliser le défrichage et le dégazonnement
Il est parfois nécessaire de défricher la surface destinée à être cultivée en potager. Il s’agit d’un travail lourd. La coupe et l’évacuation des parties aériennes demandent du temps mais peut être réalisée à l’aide d’outils simples. En revanche, le dessouchage ne peut se faire qu’avec des engins lourds ou en patientant le nombre d’années nécessaires à la décomposition des souches. Lorsqu’il ne s’agit que de quelques souches seulement, il est possible d’adapter la forme du potager et de profiter de leur présence pour établir de zones utiles comme l’emplacement d’un tas de compost, un hôtel à insectes ou encore une réserve de tuteurs…
Pour préparer l’endroit, il est également fréquent de devoir réaliser un dégazonnement. Le simple soulèvement du sol sera peu efficace, dès le printemps, le gazon se rétablira.
Le bêchage peut donner un premier résultat intéressant, le gazon ne se développe plus, la majeure partie de sa masse est couverte de terre. Néanmoins, la décomposition de cette masse végétale importante par les organismes du sol nécessitera une grande quantité d’oxygène. Il y a un risque d’asphyxie. Une parade serait d’effectuer un premier bêchage suivi par un second quelques mois plus tard. Ce chantier en deux phases retarde quelque peu l’implantation du potager, mais le résultat final sera positif.
La décompaction : une étape essentielle
Nous pouvons réaliser la décompation de plusieurs manières.
Le retournement dont la technique traditionnelle est le bêchage ou le labour. À l’aide d’un outil, la bêche maniée à la main ou la charrue tirée par un animal ou un engin, nous retournons la terre sur une profondeur d’environ 18 cm. La partie supérieure du sol est recouverte par de la terre provenant de la partie inférieure de la zone travaillée. L’avantage de cette technique est d’enfouir les petites adventices annuelles présentes en surface et de faciliter de cette manière leur décomposition. Un deuxième avantage est de pouvoir extirper facilement les racines et rhizomes d’adventices pérennes ainsi que les cailloux.
Ce travail peut être fait à grosses mottes en fin d’automne et en hiver, lorsque la terre est ressuyée et ne colle plus aux outils et aux pieds du jardinier. Les quelques jours de gelée que nous pouvons attendre de l’hiver faciliteront l’éclatement des mottes. C’est intéressant pour les sols à tendance argileuse.
Pour ceux à tendance sablonneuse, il peut être réalisé au printemps, peu avant les semis.
Cependant, un défaut est parfois reproché à cette technique du retournement : enfouir en profondeur des matières organiques dont la décomposition par les organismes du sol nécessite de bons apports d’oxygène. Pour limiter cet inconvénient, nous limitons la profondeur de travail à moins de 20 cm de profondeur et n’incorporons pas d’énormes masses organiques en une seule fois. Ajoutons que le bêchage couche la petite masse végétale de biais sur le guéret et ne l’enfouit pas entièrement dans le fond du sillon.
Pour le soulèvement, le jardinier enfonce un outil à dents à une profondeur d’environ 18 cm. Par un mouvement de l’avant vers l’arrière, il soulève le sol sans le retourner, puis répète l’opération quelques cm plus pour couvrir la surface désirée. L’effort musculaire fournit par le jardinier est différent de celui du bêchage, chacun apprécie selon sa morphologie.
L’avantage de cette méthode est de ne pas enfouir de matières organiques fraîches dans le sol. Celles-ci sont d’abord compostées en tas et seront déposées en surface du potager.
Cette technique est adaptée aux terrains relativement peu enherbés au départ, et convient moins dans les zones avec beaucoup d’herbes.
Affiner le sol en surface
L’objectif est de disposer de terre fine en suffisance pour permettre la formation d’un bon lit de semis. L’observation du sol lors des 15 derniers mois nous donne une bonne idée de son aptitude au drainage naturel. S’il est favorable, le sol peut être cultivé à plat. S’il est faible, nous pouvons cultiver sur ados. Ce travail de préparation se fait dès les premiers travaux. Il nous reste plusieurs mois pour le réaliser progressivement, avant le printemps prochain.
Dans un premier temps, nous ne sèmerons pas encore nos légumes. Nous laisserons les graines d’adventices se développer. Dès qu’elles commencent à pousser, nous travaillons à nouveau la surface à l’aide d’un râteau pour permettre la destruction des plantules et en faire germer d’autres. Ces opérations seront efficaces lorsque la température du sol sera proche ou supérieure à 12°C, soit vers fin avril ou début mai. Mais que de temps gagné par la suite, en évitant les tâches de désherbage lorsque les cultures sont implantées !
Allons lentement, nous sommes pressés…