Tout à prouver!

« L’agriculture, un secteur stratégique de notre économie. » Ainsi, s’intitule le chapitre dédié à l’élevage, aux grandes cultures, au maraîchage… dans l’accord de gouvernement rédigé sous l’égide de Bart De Wever. Chapitre que devra mettre en œuvre David Clarinval, au cours de sa seconde législature en tant que ministre de l’Agriculture.
Sous ce titre, sans équivoque, ne se cache cependant qu’une seule page et peu de mesures concrètes… Certes, l’économie, le plein-emploi, les pensions… constituent des enjeux cruciaux pour les années à venir mais celles et ceux qui font pleinement partie de ce secteur qualifié de « stratégique » auraient pu s’attendre à davantage. Si l’agriculture est en grande partie régionalisée, ce n’est pas pour autant que le gouvernement fédéral doit s’en détourner. Quelques lignes supplémentaires auraient été les bienvenues, tant les défis auxquels le monde agricole fait face sont nombreux. Inutile, à ce titre, de revenir sur les requêtes exposées voici un an, après d’intenses actions et manifestations.
De ce chapitre, nous retiendrons le premier paragraphe : « Le gouvernement défendra une agriculture qui assure la sécurité alimentaire en prenant en compte les aspects géopolitiques et en promouvant une vision à long terme. Il soutiendra la compétitivité du secteur et tendra vers plus de durabilité économique, sociale et environnementale ». Que d’ambitions !
Quelques semaines seulement après la signature de l’accord de libre-échange avec les pays du Mercosur, nul ne peut nier que les aspects géopolitiques doivent être considérés avec la plus haute importance. Mais le fédéral parviendra-t-il à arbitrer les discussions entre la Wallonie et la Flandre ; la première étant farouchement opposée à l’accord, la seconde plaidant pour son entrée en vigueur ? Et il ne s’agit là que d’un exemple parmi d’autres.
La vision à long terme ensuite… Le Sillon Belge en fait fréquemment écho : le renouvellement des générations est un défi auquel l’ensemble de l’Union européenne fait face et peine à trouver des solutions. La Belgique ne fait pas figure d’exception. Or, sans relève, notre agriculture est vouée à disparaître, ou presque. Affirmer vouloir promouvoir une vision à long terme est une chose, détailler et faire adopter ladite vision en est une autre.
Troisième point : la compétitivité. Deux constats viennent à l’esprit lorsque ce sujet est évoqué. D’une part, les agriculteurs belges ne cessent de dénoncer les accords signés à tout-va avec des pays où règnent d’autres réglementations, obligations sociales et salariales… D’autre part, la question de la juste répartition des marges au sein de la chaîne agroalimentaire est fréquemment soulevée. C’est dire combien ce sujet sera scruté au plus haut point et sera sujet à de vives discussions.
Enfin, le texte cite la durabilité économique, sociale et environnementale. Un concept décliné à l’infini ces derniers mois, tant et si bien que l’on se demande parfois quelle en est encore sa véritable essence…
Pêle-mêle, l’accord de gouvernement enchaîne encore sur l’équilibre à trouver entre protection des secteurs agricoles sensibles et relations commerciales, le recours à l’agriculture de précision et aux produits à bases de ressources naturelles, le soutien aux nouvelles techniques génomiques, la sécurité de la chaîne alimentaire, la formation des prix ou encore les pratiques commerciales déloyales.
L’équipe fédérale ne manquera pas de travail. À elle de démontrer, en collaboration avec les Régions wallonne et flamande, qu’elle croit en notre agriculture. Les ambitions affichées devront se traduire en actes concrets, avec des mesures tangibles et un soutien à la hauteur des défis rencontrés. Au-delà des promesses, c’est sur le terrain que les agriculteurs jugeront de l’engagement réel du gouvernement !