Pierre après pierre

« 2024 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée au niveau mondial et également la première année civile au cours de laquelle les anomalies de températures ont été supérieures à 1,5°C. » Alors qu’il s’apprête à présenter son rapport sur l’état du climat en Europe, le Service Copernicus, le programme d’observation de la Terre de l’Union européenne, dresse un constat sans appel ! Et de préciser, également, que « cette tendance au réchauffement a eu des répercussions différentes selon les régions, et le climat européen ne fait pas exception ».
Pour preuve, les événements extrêmes se sont une nouvelle fois enchaînés durant l’année écoulée, renforcés par les changements climatiques récents. On se souviendra des inondations, à la fois historiques et meurtrières, qui ont balayé la région de Valence, en Espagne, fin octobre. Avec près de 240 morts et disparus, cette catastrophe résulte du phénomène de la goutte froide, le même dont a entendu parler pour la première fois en Belgique en juillet 2021, lorsque les inondations les plus meurtrières de notre histoire ont fait 39 victimes.
Plus récemment, les yeux du monde entier étaient rivés sur la région de Los Angeles. En janvier, des incendies dévastateurs ont fait une trentaine de morts, détruit plus de 10.000 habitations et conduit à l’évacuation de plus de 200.000 personnes. Le tout, en trois semaines. Et ces situations ne sont que des exemples parmi celles qu’aggravent les changements climatiques.
Face à ces constats, personne ne peut ignorer la situation actuelle – quoi qu’en dise Donald Trump, dont le climatoscepticisme n’est plus à démontrer – ni rester les bras croisés. Les agriculteurs, soumis comme d’autres personnes aux phénomènes extrêmes, apportent eux aussi leur pierre à l’édifice dans la lutte contre les changements climatiques.
Les efforts sont menés tant par les cultivateurs que les éleveurs. Les pratiques visant à stabiliser ou accroître les stocks de carbone dans les sols (un atout pour la planète et les cultures) se multiplient, sur base d’initiatives individuelles, de groupement d’agriculteurs ou de start-ups gravitant autour du monde agricole. Aussi, fleurissent des programmes de séquestration et rémunération du carbone qui, chaque année, accueillent un nombre croissant de participants.
L’arsenal législatif s’est également saisi de la problématique. Ainsi, la méthode agro-environnementale et climatique « sol » est accessible, sur base volontaire, en Wallonie. L’objectif est de récompenser les agriculteurs si le stock de carbone présent dans les parcelles cultivées ou prairies est maintenu, voire augmenté, durant les cinq années d’engagement.
Du côté des éleveurs, la biométhanisation est un des leviers qui peut être activé. De son côté, le Blanc Bleu se mue de « Belge » à « Vert » à travers le projet du même nom. Celui-ci doit permettre à la race de répondre aux enjeux climatiques actuels sans impacter sa rentabilité. Le travail porte sur la sélection, l’efficacité alimentaire, les émissions de méthane ou encore la ration. Avec quelques premières conclusions encourageantes, à lire ici.
Les exemples existent également dans les élevages laitiers. Citons, entre autres, le placement de panneaux photovoltaïques afin de répondre aux besoins en électricité des installations de traite et autres tanks à lait.
Ces pierres, aussi nombreuses soient-elles, ne suffisent cependant pas à bâtir l’édifice lui-même. Pour qu’il sorte de terre, d’autres maçons sont attendus. En effet, face à l’urgence climatique qui se rappelle sans cesse à nous, chaque acteur – politique, économique et citoyen – doit prendre sa part de responsabilité, comme le font les agriculteurs. Avec un objectif : que ces initiatives individuelles et collectives s’articulent les unes autour des autres, dans un mouvement global de changement.