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Bien-être animal: aucun compromis!

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Le 1er juin 2018, la Wallonie interdisait l’abattage sans étourdissement préalable, avec une période de transition jusqu’au 1er septembre 2019 pour les seuls abattages rituels. Depuis, l’étourdissement réversible (procédé n’entraînant pas de lui-même la mort de l’animal, qui n’est donc saigné qu’une fois étourdi) est en vigueur. La Flandre a, quant à elle, joué le rôle de précurseur en adoptant de telles dispositions en 2017.

Au nord comme au sud, le bien-être animal a primé face aux divers arguments évoquant, d’une part, une atteinte à la liberté de culte et, d’autre part, les risques économiques de voir la production de viande halal ou casher quitter le territoire national. Les requêtes déposées devant la Cour européenne des droits de l’homme n’y ont cependant rien changé, cette dernière estimant, en février 2024, que l’interdiction de l’abattage rituel sans étourdissement préalable ne constitue ni une violation de la liberté de religion, ni de la discrimination.

Dans le paysage belge, seule la Région bruxelloise continue de faire exception. L’abattage sans étourdissement y est toujours autorisé, malgré une tentative avortée de l’interdire en 2022. Depuis, le sujet continue de faire trembler les bancs du parlement bruxellois. Et ce, dans un contexte de fermeture prochaine de l’abattoir d’Anderlecht, en 2028...

À contre-courant de la Région bruxelloise, la Wallonie s’apprête à prendre de nouvelles dispositions. Elle entend, en effet, interdire à terme l’abattage à domicile des porcs, chèvres et moutons, comme c’est déjà le cas pour les bovins et chevaux. Pour le Ministre-Président wallon Adrien Dolimont, également en charge de cette compétence, le but n’est pas d’aller à l’encontre des pratiques religieuses mais bien d’assurer un meilleur respect de la législation sur le bien-être animal. Et de préciser qu’il est difficile de mener les vérifications adéquates à domicile.

Si la date de l’entrée en vigueur de la mesure n’est pas encore arrêtée, on ne peut que la saluer. Bien qu’ils ne soient malheureusement pas à l’abri d’éventuelles dérives, les abattoirs constituent, en effet, de meilleurs lieux pour mettre un terme à la vie des animaux de rente qu’un garage, une cave ou encore un jardin. Et ce, pour diverses raisons.

Premièrement, les abatteurs reçoivent une formation appropriée à leur métier, qu’ils soient en charge de la réception des animaux, de leur mise à mort ou de la découpe des carcasses. Quel citoyen dispose des mêmes connaissances ?

Ensuite, des vétérinaires sont présents en divers points de la chaîne d’abattage, en vue de s’assurer du respect des règles en vigueur. Là aussi, il s’agit d’une chose impossible à mettre en place au domicile de tout un chacun.

Troisièmement, les abattoirs sont des lieux dédiés et adaptés à leur mission. D’une part, en matière de bien-être animal ; d’autre part, en termes sanitaires. N’oublions pas que les carcasses et, a fortiori, les différentes pièces issues de leur découpe, requièrent le respect d’une hygiène stricte et d’une température de conservation optimale. Ces établissements sont également à même d’éliminer les parties non consommées des carcasses et d’identifier les animaux impropres à l’alimentation humaine.

Enfin, abattre correctement un animal, c’est non seulement le respecter mais aussi reconnaître le travail de l’agriculteur ou de l’engraisseur qui l’a élevé avec soin et attention.

Pour toutes ces raisons, on ne peut nier que la Wallonie avance dans la bonne direction !

Jérémy Vandegoor

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