La plantation: une transition en douceur pour une reprise réussie
Arrachage, arrosage, choix du terreau, repiquage, installation au jardin : chaque étape compte pour offrir aux légumes les meilleures chances de reprise. Le jardinier doit veiller à favoriser une transition en douceur vers leur emplacement définitif, et planter au moment opportun, comme par temps couvert ou en fin de journée. Autant d’éléments qui permettront à la future production de se développer dans les meilleures conditions.

Le plus souvent, le jardinier installe à leur emplacement de production des plants à racines nues et des plants en mottes. Ces derniers ont été cultivés en mottes pressées ou en godets.
Ceux à racines nues proviennent d’une pépinière établie en un endroit protégé du jardin. La protection peut être un simple filet pour éviter les dégâts dus aux oiseaux, un voile de forçage, une couche munie de châssis ou même une serre. Les plants qui seront arrachés de cet endroit seront copieusement arrosés la veille de l’opération. Il s’agit de faciliter le soulèvement et espérer emmener une bonne quantité de terre avec leur globe racinaire.
Quand repiquer de la terrine vers le godet ?
Les plantules, encore trop petites pour être installées à l’emplacement de production, seront transplantées dans des godets ou des pots plus grands. Lorsque la première vraie feuille ou les premières vraies feuilles commencent à apparaître (selon l’espèce de légume), la plante se développe de plus en plus en indépendance des réserves de la graine dont elle est issue. C’est un bon stade pour procéder au repiquage.
Nous commençons par bien arroser la terrine de semis une heure ou deux avant de repiquer.
Nous soulevons la plantule à l’aide d’une fourchette en emportant avec elle une motte de terreau accrochée aux racines. Ensuite, nous l’installons dans son nouveau milieu, godet ou motte pressée. Pour la manipulation, évitons de la tenir par la tige : nous risquerions de provoquer des lésions avec des effets sur toute la durée de vie de la plante. En la tenant par une feuille, les éventuels dégâts auront moins d’incidences.
Malgré nos précautions, la plantule perdra une partie de ses racines lors de cette opération. Elle devra développer de nouvelles radicelles. Nous opérerons donc le soir pour que cette reconquête ne se déroule pas en plein soleil mais plutôt quand la température commence à baisser. De plus, nous les arrosons copieusement pour que le contact avec le sol soit franc.
Notons que les espèces à racine pivotante se comportent différemment quand elles sont repiquées par rapport aux semis en place. C’est le cas des laitues et des chicorées. La racine pivotante est brisée lors du repiquage, la plantule explorera le sol moins profondément à la recherche d’eau et de minéraux. Nous semons en place ces espèces lors de la saison plus chaude, tandis qu’au début du printemps, nous optons pour le semis, suivi d’un repiquage.
L’endurcissement pour une meilleure adaptation au changement
La plantation à l’endroit définitif se déroulera suivant le calendrier prévu. C’est généralement possible, bien que certaines années comme les deux dernières furent compliquées.
Pour le plant, cette étape correspond à un changement important de température et d’humidité. D’un milieu protégé du vent, il se trouvera exposé aux conditions plus agressives et venteuses.
Dès lors, une période de transition est souhaitée lorsque les différences sont marquées. Le cas d’un grand changement est la sortie de la serre pour rejoindre le plein air. Nous sortons les caisses de plants le matin et les rentrons la nuit. Durant la journée, elles sont placées à un endroit abrité des grands vents desséchants. C’est « l’endurcissement ».
Endurcir les plantes qui proviennent d’une serre ou d’une couche est une étape conseillée pour améliorer les chances d’une bonne reprise et pour diminuer les risques de pertes lors du repiquage.
Si les plantes sont en pots ou en mottes pressées, nous les sortons lors d’une journée au ciel couvert, même s’il pleut. Après quelques jours seulement, elles s’endurcissent. La transition vers l’emplacement définitif, vers le potager, n’en sera que plus douce.
Enfin, si cette sortie est réalisée alors que le temps est sec et ensoleillé, nous plaçons les plantes en un endroit ombré et un peu protégé du vent pendant quelques jours.
Le terreau ou de la terre riche en matières organiques
Le terreau de repiquage pour les godets ou les mottes pressées est moyennement enrichi. Trop riche en éléments minéraux, il favoriserait moins bien la formation de nouvelles racines. Non enrichi, les plantes auraient besoin de grands pots pour apporter suffisamment de nutriments. À défaut de terreau de semis et de repiquage sous la main, utilisons du terreau universel. Il sera tamisé s’il s’agit de fabriquer des mottes pressées, mais ce n’est pas nécessaire si des pots sont employés. Nous pouvons utiliser la même terre que pour les semis ou un terreau un plus grossier et un peu plus enrichi.
La plantation à l’emplacement définitif
Les plantes que nous mettons en godets maintenant seront installées au potager quand les risques de gel seront réduits et que la température correspondra aux exigences de l’espèce. La savoir populaire évoque la période des « saints de glace », Mamert, Pancrace et Servais, fêtés les 11, 12 et 13 mai comme dernière période de froids printaniers.
Les services météo donnent des précisions scientifiques pour les quelques jours suivants. Toutefois, la fiabilité des messages diminue au-delà de quatre jours de prévision.
Le calendrier du potager paru dans Le Sillon Belge du 23 janvier donne également une indication générale des dates.
Comment s’y prendre ?
Pour la replantation, il s’agira d’extraire la motte du godet et de l’installer dans le sol du potager. En principe, nous creusons un trou pour enfoncer les plantes jusqu’au collet ou la naissance des feuilles les plus basses. C’est le cas des tomates, poivrons, aubergines et choux. Néanmoins, il y a des exceptions, comme les frisées, les scaroles et les laitues pour lesquelles nous n’enfonçons les mottes que d’un tiers de leur hauteur pour permettre une bonne aération des feuilles les plus basses.
Lorsque c’est possible, nous creusons les trous peu avant la plantation et nous les noyons par un arrosage au goulot (arrosoir sans pomme). Il est alors certain que la terre où devront s’ancrer les radicelles est bien humidifiée.
La formation de nouvelles radicelles peut prendre plusieurs heures, voire plusieurs dizaines d’heures. Mieux vaut donc planter par temps couvert ou le soir. Il est aussi possible de planter puis d’ombrer immédiatement les jeunes plants, par exemple en plaçant un cageot retourné.
Pour les plants à racines nues…
Les poireaux et les choux supportent très bien l’élevage puis la plantation de plants à racines nues. Ces derniers ont été semés en pleine terre, sous abri ou en plein air, selon l’époque de l’année. Nous commençons par arroser copieusement la pépinière plusieurs heures avant l’arrachage. Nous arrachons en nous aidant d’un outil pour dégager un maximum de racines et ne pas forcer sur la traction des parties aériennes.
Les poireaux sont habillés en coupant les racines à un peu moins de 1 cm sous le plateau racinaire, et en raccourcissant le feuillage. Ils sont ensuite plantés directement dans leur trou de plantation au fond du sillon. Un arrosage d’environ 0,1 l par plant assure un bon contact entre les racines et la terre.
Les choux sont habillés sommairement après avoir vérifié qu’il n’y a plus de larve de la mouche du chou dans le globe racinaire. Si c’est le cas, on peut les faire tomber en secouant. Nous creusons le trou de plantation, le noyons d’eau et y plaçons le plant. Nous ramenons la terre jusqu’au collet ou la base des feuilles les plus basses et arrosons à nouveau.
Les laitues et chicorées sont souvent élevées en pots ou en mottes pressées. Mais il est également possible de semer en pleine terre. Nous arrosons la pépinière plusieurs heures avant le repiquage. Nous déterrons les plantes et les plaçons dans un trou très peu profond empli d’eau. Le collet reste « flottant » sans être enterré.
Quant aux tomates, elles possèdent un enracinement puissant, elles reprennent très vite leur croissance après la plantation pour autant que la température soit favorable. Les aubergines, poivrons et melons attendront, eux, fin mai avant d’être plantés en plein air.