Celle que l’on n’attendait pas si tôt

Son arrivée sur le territoire belge était attendue… Mais pas maintenant. En été, probablement. Dans quelques semaines, peut être.
Elle était crainte de toutes et tous, tant sa présence peut être lourde de conséquences. Elle faisait l’objet d’une surveillance accrue chez nos voisins, en vue d’anticiper son introduction chez nous. Et la voilà qui débarque en ce mois d’avril, sans prévenir, sans que l’on soit prêt, sans que l’on s’y attende…
Les levées hétérogènes observées dans les parcelles de betterave sucrière ou, de manière plus importante encore, de chicorée pourraient laisser croire que l’on évoque la longue période sans précipitation que nous traversons actuellement. Il n’est est rien ! Car c’est bien de la maladie hémorragique épizootique dont il est ici question.
C’est sous son petit nom – MHE – qu’elle vient d’être identifiée en province de Liège. L’information a été confirmée en début de semaine par l’Arsia. La source de cette contamination est connue : le déplacement d’un animal depuis une zone à risques, en l’occurrence un département du sud ouest de la France, vers la Belgique. Le bovin en question faisait partie d’un lot de trois animaux importés qui, pourtant, étaient vaccinés.
Il ne fait aucun doute que l’introduction de la maladie sur le territoire belge n’est pas volontaire. Preuve en est, s’il en fallait une, que les trois bêtes achetées étaient vaccinées. Toutefois, cela confirme qu’acquérir des animaux, qui plus est à l’étranger, demeure une pratique à risques. Et ce, qu’importent les pathologies !
S’il est à la fois inutile et inopportun de chercher un quelconque coupable, ce cas n’en demeure pas moins dommageable, d’autant que la campagne de vaccination contre ladite MHE n’est pas encore terminée. Il met également en lumière un problème bien plus complexe : celui du retard accumulé dans le déploiement de la campagne de vaccination. L’Arsia, tout comme l’Union professionnelle vétérinaire, n’a eu de cesse d’alerter les autorités depuis de nombreux mois quant à la nécessité d’anticiper l’arrivée de la maladie, présente en France depuis 2023 déjà. L’information était connue ; pourtant, les décisions ont tardé.
Ce cas doit, aujourd’hui, servir d’électrochoc. Il doit pousser tant les autorités fédérales que régionales à donner un réel coup d’accélérateur à la campagne vaccinale. C’est également le signal qu’il est temps d’exercer la pression ad hoc sur les fabricants de vaccins afin qu’ils assurent, dans les plus brefs délais, les livraisons nécessaires pour couvrir les besoins des éleveurs.
C’est une urgence sanitaire, mais aussi économique. Car si le secteur connaît actuellement une embellie bienvenue – que ce soit au niveau du prix du lait, de la viande ou des animaux sur pied – il reste fragile. Fragile en raison du non-renouvellement des générations et d’une diminution de l’intérêt porté à l’élevage bovin ; le tout rendant chaque crise plus difficile à absorber.
Gageons que la campagne de vaccination s’achève de la meilleure des manières et puisse répondre aux attentes et besoins de chaque éleveur du pays. Tout en gardant à l’esprit que, même protégés, les troupeaux restent vulnérables. La vigilance doit donc rester de mise et s’accompagner d’un respect rigoureux des principes de biosécurité. Il y va de l’avenir des éleveurs bovins.