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Les pucerons: mieux les connaître pour mieux protéger les cultures

Les pucerons peuvent être présents sur pratiquement toutes les cultures maraîchères. La prolifération des populations engendre des pertes qualitatives et quantitatives au sein de nos productions.

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Le maraîcher peut décider de mettre en place des mesures en vue de limiter l’extension de ces fortes populations. Ces interventions jouent en faveur de la durabilité de la ferme. Nous avons déjà évoqué certaines de ces stratégies en général dans cette rubrique maraîchère. Les haies, les espaces fleuris, la présence de végétaux ligneux dispersés dans ou auprès de l’espace cultivé sont des refuges aux pucerons et surtout aux auxiliaires.

Détecter les colonies

Les pucerons forment très souvent des colonies. Leur présence est assez facilement détectée : les individus sont bien visibles en surface de tiges et de feuilles, les feuilles s’enroulent, du miellat est produit et ce qui les rend collantes. Sur le miellat, sucré, des champignons se développent, comme la fumagine dont les filaments se colorent de noir.

Concernant les espèces, sous serres maraîchères, nous constatons souvent la présence de plusieurs sortes de pucerons répartis sur la végétation des cultures présentes. En plein air, les types de pucerons sont plus souvent spécialisés à la culture qui occupe la parcelle.

Les colonies peuvent être impressionnantes  en nombre d'individus.
Les colonies peuvent être impressionnantes en nombre d'individus. - F.

Les pucerons des racines et ses dégâts lorsqu’il fait chaud et sec

Sur laitues, chicorées frisées, scaroles ou autres chicorées à feuilles, sur les racines de chicon, le puceron des racines peut être un souci important. Pemphigus bursarius hiverne sur les peupliers et migre en mai ou en juin vers les plantes qui vont l’héberger en été. Cette espèce profite des fissures qui se déclarent dans le sol en période de sécheresse. Les dégâts sont importants lors des périodes estivales chaudes et sèches.

Les années 2021, 2022 et 2023 étaient marquantes à ce sujet, surtout en parcelles proches d’une peupleraie. Il n’y a pas beaucoup de solutions si ce n’est l’irrigation pour aider les plantes à surmonter le manque d’activité des radicelles ou l’emploi d’insecticides adaptés lorsque le cahier de charge de la culture le permet.

Les espèces le plus souvent rencontrées

Parmi les espèces rencontrées en colonies sur les cultures, citons :

Le puceron vert de la laitue, ou puceron du groseillier, Nasonovia ribisnigri.

Le puceron vert et rose de la pomme de terre, Macrosiphum euphorbiae.

Le puceron vert du pêcher, Myzus persicae.

Le grand puceron du laiteron, Uroleucon sonchi.

Le puceron vert de la laitue peut étendre de fortes colonies au cœur même des pommes.

Les autres espèces sont plutôt installées sur les feuilles périphériques.

Le puceron vert du pêcher et le puceron vert et rose de la pomme de terre sont fréquents dans les serres.

Diagnostiquer le problème

Le plus souvent, ces populations sont très mal réparties dans les parcelles. Nous pouvons avoir le regard attiré sur une plante dont le feuillage se déforme sous l’effet d’une forte colonie. Ensuite, en parcourant d’autres zones de la culture, nous ne découvrons presque aucun individu, même isolé…

Les comptages sont donc réalisés sur un grand nombre de plantes, par exemple 200 feuilles au travers de toute la parcelle, avant de décider d’un éventuel traitement insecticide. En effet, de tels traitements possèdent une efficacité limitée dans le temps et peuvent avoir une incidence directe ou indirecte sur les auxiliaires prédateurs des pucerons. Pour des espèces bien cachées au cœur des plantes, comme en laitue, les prédateurs sont capables d’agir où un jet de pulvérisateur est insuffisant.

Plusieurs mesures préventives

Pour se prémunir, le choix de variétés résistantes est une possibilité, en laitues, par exemple. Néanmoins, la résistance ne porte pas sur tous les types de pucerons.

La présence d’auxiliaires prédateurs des pucerons est une méthode de lutte efficace contre eux, y compris ceux qui se cachant au cœur des laitues. Les bandes et prairies fleuries et la présence de végétaux ligneux (haies groseilliers, framboisiers, etc.) permettent d’héberger et de nourrir des espèces de prédateurs des pucerons toute l’année. Ces espèces seront donc présentes dès l’implantation des cultures au printemps. Dès l’arrivée des pucerons accompagnant les plantes et ceux venant de vols, les auxiliaires peuvent agir. Sans cette présence dès la sortie de l’hiver, des colonies s’installent, prolifèrent et ce n’est que plus tard en saison que les auxiliaires seront en nombre suffisant pour avoir une action significative, souvent à partir de juin.

Les auxiliaires, ces alliés

Les centres de recherches belges et de pays voisins apportent énormément d’informations pour comprendre et agir efficacement vis-à-vis d’insectes et en particulier des pucerons. Les observations et la diffusion de leurs messages sont précieuses et évitent de faire pis que mieux avec des traitements inappropriés.

Parmi les auxiliaires prédateurs régulièrement présents sur nos cultures, nous trouvons les coccinelles (Coccinellidae), les syrphes (Erisysphus sp., Syrphus sp.), les chrysopes (Chrysosperla carnea), des guêpes parasitoïdes (Aphidus sp., Aphidimyza mali). Bien d’autres espèces peuvent également intervenir. Elles arrivent assez naturellement dans nos parcelles et fournissent un travail bien visible à partir de juin, donc. Comme pour le maraîcher, il est souhaitable que l’arrivée de ces auxiliaires soit un peu plus précoce, il est recommandé d’héberger sur place les formes hivernantes de ces espèces. Les haies, les espaces un peu sauvages, les espaces herbeux fleuris concourent à ce gain en précocité.

Dans les serres maraîchères, nous pouvons gagner encore quelques semaines en plaçant dans la serre même, quelques végétaux qui seront les gîtes d’hiver pour ces auxiliaires. Ce peut être un ou deux groseilliers, quelques framboisiers, quelques plantes aromatiques ligneuses ou semi-ligneuses. Les œufs, les larves et adultes hivernant vont être abrités dans la serre même.

Des bandes variées de différentes cultures n'empêchent par les pucerons mais la diversité des hôtes amène  aussi une diversité des espèces et une répartition des risques des pertes économiques.
Des bandes variées de différentes cultures n'empêchent par les pucerons mais la diversité des hôtes amène aussi une diversité des espèces et une répartition des risques des pertes économiques. - F.

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