Intercultures courtes après légumineuses : comment optimiser le maintien du nitrate dans sa parcelle
Après la récolte des légumineuses, dès la mi-juin, la dégradation des fanes et des racines engendre une libération d’azote conséquente dans le sol. S’il reste nu avant le semis de la culture d’automne, il y a un risque important de lixiviation du nitrate. Une culture intermédiaire peut limiter ce phénomène.

Laisser un sol nu après la récolte d’une légumineuse est préjudiciable pour l’environnement. La quantité d’azote relarguée par les fanes et racines dans le sol est importante. Le risque que cet azote soit entraîné par les eaux de pluie vers la nappe souterraine est grand, lui aussi.
Valoriser les restitutions
Certaines successions sont particulièrement adaptées pour retenir l’azote libéré par les résidus de légumineuses. Par son implantation en fin d’été et sa croissance en automne, le colza constitue un très bon moyen de valoriser cet élément fertilisant. Certains légumes semés en été et nécessitant une fertilisation azotée élevée sont également intéressants.
Entre une légumineuse récoltée avant le 15 août et un froment d’hiver semé plus tardivement, l’implantation d’une Cipan en interculture courte est obligatoire. Bien en place, ce couvert pourra prélever l’azote présent dans le profil, et une fois détruit, le restituer à la céréale. Toutefois, il est primordial de choisir une espèce qui garantira un prélèvement maximal sur une courte période tout en assurant une restitution optimale. En cette période de l’année, les conditions de température et d’ensoleillement maximisent les possibilités en matière de culture de couverture.
Une date optimale d’implantation
Pour les intercultures courtes, les espèces à installation rapide doivent être privilégiées. Le nyger, la moutarde, l’avoine blanche et la phacélie sont recommandés car ils ont la capacité de prélever une grande quantité d’azote en peu de temps (tableau 1). Leur développement et leur efficacité de prélèvement dépendent toutefois de la date de semis.
Semé tôt, après récolte des pois, le nyger est capable de prélever des quantités importantes d’azote et de produire une biomasse importante. Pour un semis prévu fin août, il sera préférable de se tourner vers une moutarde. Les semis de phacélie et d’avoine de printemps sont, quant à eux, favorables de début juin à fin août.
Si l’exploitation est tournée vers la production de légumes, il faudra également veiller à éviter les espèces et les variétés qui maintiennent ou développent l’inoculum de certaines maladies ou ravageurs.
Interculture courte ? Un APL faible et un rendement du froment préservé
Des essais pluriannuels démontrent que les couverts sont capables de prélever dans le sol jusqu’à 110 kg d’azote par hectare, en deux à trois mois de végétation (figure 1). Les légumineuses pures (testées mais non autorisées) sont significativement moins performantes pour piéger le nitrate. Dès la destruction des couverts, leur décomposition entraîne une libération d’azote qui est déjà significative deux mois après le semis du froment d’hiver. La minéralisation des couverts associant des légumineuses est sensiblement plus rapide. La présence d’un couvert « classique » du type moutarde, phacélie ou nyger, voire en mélange avec une légumineuse, n’a pas d’impact significatif sur le rendement. Toutefois, l’utilisation de l’avoine en pur semble provoquer une légère réduction du potentiel de rendement du froment. L’introduction d’une légumineuse améliore, par ailleurs, l’effet « engrais vert » du couvert en augmentant la proportion d’azote libérée dans le sol après sa destruction.
Une destruction adéquate nécessaire
La destruction doit intervenir dès que les conditions sont favorables à partir du 1er octobre. Il convient de laisser le couvert se décomposer après incorporation au sol avant de semer la céréale. En cas de labour, si la masse de « matière verte » est importante, il est préférable de broyer ou de « mulcher » le couvert avant de labourer. L’objectif est d’éviter d’enfouir de la matière organique fraîche en fond de raie. Cela pourrait nuire au développement de la céréale.