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Voulons-nous encore de nos éleveurs?

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La question est provocante, voire choquante, mais mérite d’être posée. Et ce, à double titre.

D’une part, quelque 250 personnes ont battu le pavé, ce dimanche à Bruxelles, dénonçant « les mauvais traitements systématiques infligés aux animaux dans les élevages intensifs » et demandant au gouvernement « de procéder à des changements structurels, y compris l’arrêt immédiat des subventions à la production animale ». Les organisateurs estiment encore que « la réalité sur le terrain reste désastreuse », malgré les mesures prises ces dernières années en faveur du bien-être animal. Et de plaider, entre autres, pour une alimentation à base de plantes.

D’autre part, une enquête menée par Euroconsumer, organisation européenne qui regroupe plusieurs associations de consommateurs, dont Test-achats, révèle que 94 % des personnes sondées mangent de la viande au moins une fois par semaine. Jusque-là, rien d’alarmant… Mais la viande produite en laboratoire s’est également invitée dans le débat.

Après avoir interrogé 1.006 Belges, Testachats constate que 47 % des répondants se disent prêts à acheter pareil produit, pour autant qu’il ait le même goût que la viande dite « traditionnelle ». Un nombre particulièrement élevé, qui a étonné l’association de consommateurs elle-même. Et qui nous amène à rappeler que cette marchandise ne bénéficie d’aucune autorisation de mise sur le marché en Belgique.

Et les éleveurs, que deviennent-ils ? Sont-ils cloués au pilori ? Ou remplacés par des laborantins en blouse blanche, les boîtes de Pétri faisant office d’étable ? Dans un cas comme dans l’autre, c’est bien vite oublier que les éleveurs ne sont pas que de « simples » producteurs de viande.

L’élevage, en Belgique comme ailleurs, fait vivre des milliers de familles. Derrière chaque vache, porc, mouton… se cachent des hommes et des femmes qui travaillent avec passion, malgré les contraintes qui pèsent sur leurs épaules. Autour de l’activité agricole elle-même, gravitent toute une série de métiers qui en dépendent, qu’il s’agisse des fabricants d’aliment pour animaux, des abattoirs, des boucheries, des vétérinaires…

C’est également oublier que l’élevage revêt un rôle multifonctionnel dans notre agriculture. Au-delà de la production de protéines animales, il contribue à la fertilité des sols cultivés, grâce aux engrais de ferme. À l’heure où l’on cherche à réduire notre dépendance aux fertilisants de synthèse, on ne peut se passer d’une ressource aussi précieuse que celle-ci.

Aux côtés de ces aspects, on pourrait encore parler de l’entretien et de la valorisation de nos paysages, de la transformation de l’herbe en protéines assimilables par l’homme…

Tirer à boulets rouges sur l’élevage revient à nier une réalité bien plus complexe, dont seuls quelques éléments viennent d’être exposés. Au lendemain des Journées Fermes Ouvertes et à la veille de la Foire de Libramont, on ne peut le tolérer. Alors, dès aujourd’hui, affirmons le haut et fort : « Oui, nous souhaitons que l’élevage wallon vive ! ».

Jérémy Vandegoor

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