Une page à tourner

L’histoire est ponctuée de famines, tant et si bien que la faim dans le monde doit, malheureusement, être tout aussi ancienne que le monde lui-même. Qu’elles aient sévi en Europe, en Asie, en Russie, en Amérique du Sud ou encore en Afrique, elles ont touché de nombreuses populations. Selon les situations, elles découlaient de crises majeures ou, au contraire, en ont été la source... Encore aujourd’hui, la faim et la sous-nutrition restent présentes sur Terre, parfois même au sein de communautés agricoles.
D’après les estimations présentées dans L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde, publié fin juillet par cinq institutions spécialisées des Nations Unies, 8,2 % de la population mondiale, soit quelque 673 millions de personnes, ont connu la faim l’an dernier. Un chiffre en baisse par rapport à 2023 (8,5 %, – 15 millions de personnes) et 2022 (8,7 %, – 22 millions de personnes) mais qui n’est pas, pour autant, source de réjouissance. D’une part, ce nombre reste beaucoup trop élevé ; d’autre part, cette sensible amélioration masque d’importantes disparités régionales. En effet, la faim a continué à gagner du terrain dans la plupart des sous-régions d’Afrique et d’Asie de l’Ouest, lit-on encore dans ce rapport.
Pêle-mêle, les famines, à travers l’histoire, ont été causées par des guerres, des mauvaises récoltes, des épidémies (touchant l’homme, comme la peste, ou les végétaux, tel le mildiou), des sécheresses ou encore une perte de pouvoir d’achat… À ce titre, les Nations Unies pointent l’inflation des prix alimentaires observée ces dernières années, conséquence conjointe de la pandémie de covid-19, de la guerre en Ukraine et de phénomènes météorologiques extrêmes.
En parallèle, la prévalence mondiale de l’insécurité alimentaire modérée ou grave – qui permet, selon les Nations Unies, d’évaluer les contraintes qui ont entravé l’accès à une alimentation adéquate pendant une partie de l’année – a légèrement diminué, passant de 28,4 % à 28 %, soit une proportion qui représente toujours 2,3 milliards de personnes.
En dépit de quelques signaux encourageants, cela nous rappelle que l’inaction face à la faim dans le monde coûte des milliers de vies, compromet le développement physique et mental de nombreux enfants et impacte sévèrement les chances de développement, mais aussi de paix, de plusieurs régions du globe. À notre échelle, nous devons mesurer la chance que nous avons de disposer, en abondance, d’une nourriture saine et qualitative grâce au travail quotidien des éleveurs, cultivateurs et autres maraîchers de notre territoire.
Ce double constat ne peut rester sans action. Que ce soit au niveau des gouvernements locaux qui, dans la mesure du possible, s’emploient à prendre les dispositions nécessaires pour enrayer ce phénomène. Mais aussi auprès de nos instances, qui doivent renforcer la coopération internationale et ce, malgré les défis, notamment budgétaires, auxquels elles font face. Conjuguer ces deux niveaux d’intervention, pour autant qu’une volonté commune et globale de coopération et financement voit enfin le jour, est essentiel pour espérer bâtir un avenir où la faim sera une page tournée de notre histoire.