L’épinard, cet incontournable qui nécessite un juste équilibre en eau…

En vue d’une production d’automne, les semis d’épinards pourront bientôt commencer. Il faut tenir compte des prévisions météo et de l’espoir de précipitations suffisantes puisqu’il lui faut assez d’eau. Le climat belge, en automne et au printemps, lui convient parfaitement. Cependant, ses racines ne peuvent pas rester dans un sol asphyxiant : il faut donc une bonne structure de sol, bien aérée, et un bon drainage, sans eau stagnante. Les situations bien éclairées ou légèrement ombrées, dans des terres riches en éléments minéraux mais sans excès de salinité lui conviennent le mieux. Nous pouvons le cultiver en plein air et sous serre.

Un large choix variétal

Plusieurs types sont disponibles chez nous, avec des recommandations précises quant aux périodes de culture. C’est lié aux besoins de la variété en longueur du jour. En dehors des périodes conseillées, les risques de montée prématurée à graines augmentent sérieusement. Géant d’hiver est une variété classique bien adaptée aux cultures d’automne et résistante au froid. De nombreux hybrides sont également proposés pour les jardins. Ils sont issus des travaux de sélection pour les épinards destinés à l’industrie. Par ailleurs, ils sont productifs et résistent au mildiou.

Bien travailler la terre

L’épinard valorise bien la vieille fumure ou le compost bien mûr. Les reliquats de la forte fumure de la culture précédente seront correctement valorisés. Un apport de 2 kg de compost par m² convient également.

Pour la préparation du sol, ce dernier doit être bien décompacté. C’est nécessaire pour permettre aux racines de pénétrer en profondeur et d’utiliser les réserves d’eau disponibles. Cela favorisera également le drainage et évitera l’asphyxie des racines lors de longues périodes pluvieuses.

Cet aspect est important cette année. D’une part, les terrains ont été matraqués lors des deux dernières années très pluvieuses. D’autre part, il fait actuellement sec en de nombreuses zones de notre région. Les sols sont durcis et difficiles à travailler. Essayons de décompacter au mieux, au moins sur une vingtaine de centimètres de profondeur, voire plus. Pour y arriver, scrutons les prévisions météo (au moment d’écrire ces lignes, très peu de pluie est annoncée). Et puis, si nécessaire, attendons que ce travail soit possible. Il ne sert à rien de forcer, la terre doit être bien travaillée pour y semer correctement l’épinard. Nous pouvons encore patienter plusieurs semaines s’il le faut.

Des semis adaptés aux jardins

Il est plus facile de semer en ligne, avec des lignes distantes de 35 cm plus ou moins. Nous laissons une plante tous les 5 cm environ, mais si nous ne manquons pas d’espace, nous pouvons mettre les plantes à une plus grande distance dans la ligne : la cueillette des feuilles en plusieurs passages sera facilitée. La levée a lieu après une semaine à une semaine et demie. Les semis d’automne peuvent permettre une récolte d’automne-hiver et une seconde au printemps. Les semences seront bien tassées au sol pour bien germer et recouvertes d’un cm de terre.

Pour les petits jardins ou pour ceux au carré, il est intéressant de semer en mottes pressées à raison de 5 graines par mottes. La plantation aura lieu 4 semaines après semis, à la densité de 20 mottes par m². Cela permet d’économiser de l’espace-temps dans l’occupation du sol.

Les soins à apporter

Les binages permettent de maintenir la culture propre. Nous évitons ainsi la concurrence pour l’eau et les sels minéraux, nous permettons une meilleure aération de la culture et nous facilitons les cueillettes.

Les binages permettent aussi de maintenir une bonne aération du sol : c’est très important. En sols compactés ou gorgés d’eau, les racines souffrent, le feuillage la plante jaunit.

Les arrosages sont importants pour obtenir une croissance soutenue de la culture, le feuillage sera plus tendre à la cueillette.

Il est aussi possible de pailler pour protéger le sol entre les rangées de semis.

Les maladies et ravageurs à surveiller

Nous déplorons parfois la fonte des semis, surtout pour ceux de printemps quand le sol est froid et humide. Une rotation longue de plus de 5 ans et une bonne structure de sol limitent les problèmes.

Le mildiou (il y a au moins 7 races de mildiou identifiées) est favorisé par une rotation courte, des pluies abondantes et fréquentes, des températures douces, proches ou supérieures à 15°C. Une bonne aération des cultures et la résistance variétale sont deux moyens de lutte préventifs.

Concernant les ravageurs, les pucerons s’installent parfois en colonies abondantes et peuvent même provoquer des déformations de feuilles. La diversité floristique aux abords du jardin permet l’installation d’insectes auxiliaires qui s’en nourrissent. Il faut compter sur eux pour maintenir les populations de pucerons à un niveau acceptable.

De plus, les limaces et les escargots font parfois des ravages, les jeunes cultures peuvent être anéanties dès la levée.

Place à la récolte…

La récolte peut se dérouler en une seule fois, en coupant toutes les feuilles de la rosette. Nous pouvons aussi récolter en plusieurs fois, en ne coupant que les feuilles du pourtour de la rosette à chaque passage.

La production est assez rapide pour subvenir aux besoins d’une famille, un m² produit près de 2 kg de feuilles. Les feuilles récoltées sèches se conservent plusieurs jours en un endroit frais. Celles humides se conservent moins bien. Si les feuilles sont souillées de terre, il vaut mieux les laver juste avant leur utilisation à la cuisine.