Chez Tmce : l’activité microbienne au cœur de la résilience agricole
« Réussissons aujourd’hui l’agriculture de demain » : tel est le fil rouge qui guide les pratiques mises en avant par Tmce. En misant sur l’activité microbienne des sols, l’utilisation et la réorganisation de la matière organique, une meilleure assimilation par les plantes et la réduction des intrants chimiques, l’entreprise invite les agriculteurs à oser et à entreprendre une agriculture plus résiliente.

Comme chaque année, Tmce organisait des visites sur une plateforme agronomique, installée chez un client. L’occasion de présenter les résultats d’essais et de découvrir une exploitation qui applique leur concept.
En quelques mots
Tmce est une entreprise française spécialisée dans la fabrication et la commercialisation de produits minéraux, basés sur les travaux d’un agronome canadien Roland Pigeon, et destinés aux sols, aux cultures et à l’élevage. L’utilisation de ces produits a pour objectif de réguler les flores microbiennes et d’orienter l’évolution des matières organiques. 170 technico-commerciaux conseillent les agriculteurs et sont répartis en France, en Belgique, en Suisse et en Allemagne. La société fournit des produits avec les mêmes bases minérales destinés à l’élevage : Tma, Tml, Tmb ; aux effluents : Tm litière ; aux cultures : Tmf ; et au sol : Tms et Tm semis.
Située dans le village d’Assesse, la plateforme s’étendait sur deux exploitations des familles Dubois et Dutilleux-Nolet, l’une en grande culture et l’autre en polyculture élevage. Plusieurs ateliers ont été proposés aux agriculteurs, aux professionnels et au public afin d’observer et de discuter des différents leviers mis en place.
Densités et associations variétales en céréales
Le premier atelier sur lequel nous sommes amenés est l’atelier froment. La culture a été implantée le 24 octobre, à la suite d’un déchaumage, sur une parcelle avec un précédent de pommes de terre. Elle sera désherbée le lendemain.
Au printemps, quatre fractions d’azote ont été appliquées : un fraction solide avec du Tms et trois liquides (100 l d’azote) avec du Tmf. Selon la firme, l’association du Tmf et de l’azote permet une meilleure assimilation par les feuilles et donc une meilleure valorisation de l’azote par la plante.
Deux essais ont été menés : l’un en densité et l’autre en association variétale.
Pour celui réalisé sur différentes densités, Jérémy Colin, technicien Tmce depuis 2011, parle en termes de nombre de grains au m² implanté. Selon lui, la réussite de la mise en place d’une culture se mesure par la population présente à l’hectare. Ce nombre de grains à semer est fonction du terroir de la parcelle, de la date de semis, du précédent, de l’indice variétal pour le tallage et encore des risques de dégâts causés par les corvidés, par exemple. La conversion en kg/ha se fait rapidement par la formule : (nombre de grains au m²/100) x Pmg.
L’objectif de cet essai est d’aider les agriculteurs à prendre une décision par rapport aux parcelles problématiques et de les conseiller sur la poursuite de la conduite culturale. Un des solutions proposées par Jérémy Colin est d’appliquer du Tms afin de réveiller la biologie du sol, en améliorant la structure et en désédimentant la surface. À cela peut également s’ajouter le roulage de la parcelle, le passage de la herse étrille ou encore l’application de 3 l de Tmf au tallage. Les différents résultats d’essais seront présentés lors des réunions d’hiver.
Concernant l’essai sur les associations variétales, quatre variétés différentes ont été implantées ensemble et séparément afin de comparer les diagnostics maladies. Le bénéfice des mélanges est de cumuler les avantages de chaque variété. Pour ce faire, différentes caractéristiques doivent être associées : résistance ou sensibilité aux, maladies, potentiel de tallage, rendement… Selon Géry Colin, cette pratique permet de sécuriser l’indépendance face à l’utilisation des produits phytopharmaceutiques et de décaler les traitements dans le temps.
Un autre point d’attention est donné à la santé des plantes par le technicien, Laurent Declercq. Pour sa présentation, il catégorise les maladies en deux grands groupes : celles dont les spores se conservent dans le sol et qui s’expriment de bas en haut (septoriose, fusariose, piétin, rhizoctone) ou encore celles dont les spores se disséminent par le vent (rouilles, oïdium, cercosporiose). Au printemps, l’observation des maladies a permis de constater une faible pression : pas d’oïdium, une faible présence de septoriose, de rouille jaune et brune.
Un second technicien, Julien Floriau, quant à lui, souligne que la diminution de l’utilisation des fongicides peut être un levier pour réduire la pression des maladies cryptogamiques. Il explique que les maladies, telles que la fusariose et la septoriose, se recyclent sur les résidus culturaux. En employant des fongicides, au-delà d’avoir un effet sur les maladies, ceux-ci ont également un impact sur les mycorhizes dans le sol. Cet impact sur la vie du sol influence aussi la dégradation des résidus, foyers de maladies. Selon l’entreprise, l’emploi de Tms permettrait l’activation de la biologie du sol, une meilleure gestion des résidus et la réduction des fongicides, tout en diminuant la pression des maladies.
À propos de l’application de Tmf, les techniciens ont constaté une réduction des maladies à partir de 2 l/ha, notamment sur la septoriose, aucun effet toxique et un effet dose : plus le produit est utilisé, moins de maladies sont observées. Laurent Declercq conclut : « Nous faisons de la prévention au moyen de la nutrition ».
Un sol durable pour de meilleures défenses
Le second atelier se consacrait à la culture du lin. Pour confirmer de précédents essais, la culture a été implantée avec 5 l de Tmf, pulvérisé sur le sol. L’objectif de cette pratique est de rechercher un meilleur enracinement et donc un meilleur démarrage afin d’obtenir une plante plus résistante face aux stress rencontrés lors de la culture.
Une vigueur plus importante des parcelles bénéficiant du Tmf est observée. Par soucis de vérification scientifique, plusieurs échantillons de plantes entières (tiges et racines) ont été prélevés pour mesurer la matière fraîche. Les résultats confirment l’impression visuelle d’une plus grande biomasse végétative sur les parcelles supplémentées. La prochaine vérification consiste à quantifier le pourcentage de filasse.
D’autres d’échantillons de terre ont été pris sur les parcelles pour évaluer la vie microbienne. Cette dernière a une influence sur la fertilité des terres mais également sur la durabilité du sol. Battle Karimi, directrice scientifique chez NovaSol Experts, explique que la durabilité d’un sol se caractérise par sa résistance et sa résilience face à diverses perturbations (sécheresses, inondations, érosion, maladies).
Elle poursuit : « L’Inrae a montré qu’une perte de 30 % de la diversité microbienne (bactéries et champignons) pouvait altérer les fonctions du sol, liées au temps de survie des pathogènes ». Ainsi, les pathogènes peuvent survivre cinq fois plus longtemps et ont donc cinq fois plus de temps pour infecter leur hôte. Une autre fonction perturbée est la minéralisation de la matière organique qui sera affectée à 40 %. Le rendement, la capacité des végétaux à récupérer après une sécheresse ou l’érosion, soit autant de paramètres qui dépendent directement de cette activité microbienne seront alors compromis.
Pour mesurer cette fertilité des sols, les deux indicateurs sont la biomasse microbienne et l’équilibre champignons/bactéries, et pour évaluer la durabilité, l’indicateur est la diversité en bactéries et en champignons.
Les analyses des échantillons montrent de meilleurs résultats par rapport à ceux attendus. En effet, sur les cinq dernières années, la parcelle a connu deux récoltes réalisées dans des conditions difficiles. Malgré cela, le bilan semble bon. Battle Karimi l’explique en partie par trois pratiques dont la restitution des résidus de cultures qui nourrissent la vie microbienne du sol, l’apport régulier de matières organiques et l’application de Tms depuis 8 ans. Elle décrit le Tms comme un « régulateur de fond », qui a donné une certaine résilience à la terre.
Pour en revenir au cas du lin, la verticilliose du lin est une maladie causée par un champignon qui pose problème lors du teillage et entraîne des pertes de rendement. Il peut survivre de 10 à 14 ans dans le sol et aucune lutte chimique ni aucune solution génétique n’existe à l’heure actuelle. Le Tms est présenté comme une potentielle solution. Sur quatre sites agricoles, dont un au Cra-w, une fumure classique et une fertilisation au Tms ont été comparées, avec des historiques d’utilisation différents pouvant atteindre 20 ans d’utilisation de Tms. Une diminution significative de la pression du Verticillium a été constatée dans les parcelles sur lesquels le Tms est appliqué. Ce produit aurait donc un effet cumulatif et répétitif grâce aux sels minéraux, sur l’équilibre et la vie microbienne des sols.
La fertilité des sols intimement liée à l’activité biologique
Pour l’atelier « profil de sol », une fosse pédologique a été creusée dans une parcelle d’escourgeon. Sur les dix dernières années, 6 amendements organiques ont été apportés : cinq fois du fumier et une fois du lisier.
L’objectif de l’exploitation sur laquelle se trouve la fosse est la réduction intrants chimiques, que ce soit les produits phytosanitaires et engrais, et de veiller à la biodiversité des sols. Les techniques de conservation du sol sont employées pour le travail des terres, avec un dernier labour en 2023.
Christian Roisin, ayant travaillé 35 ans au Cra-w sur les problèmes de fertilité des sols, nous présente le profil. Les 30 premiers centimètres constituent l’horizon sur lequel l’agriculteur a un impact, de par les travaux du sol ou encore les apports de matières organiques.
Durant son explication, Christian Roisin constate un nombre important de galeries de vers de terre. Selon lui, cela témoigne d’une bonne gestion du sol au cours des dernières dizaines d’années d’exploitation. Trois leviers employés par l’agriculteur permettent de l’expliquer : la réduction du travail du sol, les apports de matières organiques peu élevés mais réguliers et l’apport de Tms. Les bénéfices de l’application de Tms sur la fertilité physique et biologique des sols ont d’ailleurs été démontrés par plus de dix ans d’essais, mettant en évidence une amélioration de l’activité biologique des sols et de la diversité microbienne.
Le bon fonctionnement d’un sol repose sur la porosité pour permettre aux racines et à l’eau de circuler mais également l’aération et le soutien de l’activité biologique. Cette dernière améliore la stabilité de la structure du sol. Chaque travail de la terre laisse une trace dans le profil et devrait être réfléchi à l’échelle de l’assolement et non pas seulement de la culture, d’après Christian Roisin.
Valoriser sa ration avec le Tma
Le dernier atelier se consacrait à la ration distribuée aux vaches de la ferme Dutilleux-Nollet. Cet élevage est composé d’un troupeau laitier et d’un viandeux. Lors de la reprise de l’exploitation par Emile Dutilleux, le fils du couple d’agriculteurs, l’objectif était de doubler le cheptel pour atteindre 80 vaches laitières et 80 vêlages en viandeuses ainsi que de planifier les vêlages à 24 mois.
Avec les 50 ha de prairies permanentes à valoriser, l’agriculteur et son technicien Tmce ont revu la ration du bétail et tentent d’optimiser l’apport de Tma aux génisses pour atteindre les 24 mois au vêlage.
Les besoins des vaches laitières ne sont évidemment pas les mêmes que ceux des viandeuses. La laitière a des besoins d’entretien (respiration, digestion, mouvement) et de production (lait, croissance), qui doivent être équilibrés avec les apports nutritifs. Les manques ou excès représentent une perte financière mais également un risque pour la santé des animaux.
En tant que ruminant, la vache a un besoin primordial de fibres pour son transit et la mastication mais aussi de protéines et d’énergie. Tmce conseille donc de trouver le bon équilibre de sa ration, avec un apport suffisant de fibre et un besoin énergétique à hauteur de 950 VEM/kg de MS, et d’y ajouter le Tma à 12g/l pour une meilleure valorisation.
Avec l’agriculteur, le technicien réalise un bilan de l’efficacité alimentaire en divisant la production par le total ingéré en matière sèche. Ce chiffre obtenu représente donc la quantité de lait produit par kg de MS et peut atteindre idéalement des valeurs de 3 à 5 l de lait /kg de MS, vers lesquelles tendre. La réduction des concentrés apportés dans la ration fait également partie des objectifs fixés à 180 g/l de lait, ce qui représente une belle économie pour l’éleveur.