Une petite récolte de pommes et poires, mais des opportunités à l’export en vue
Pour la troisième année consécutive, la filière européenne s’attend à une petite récolte de pommes et de poires. Ce qui n’empêche pas les producteurs d’espérer exporter plus en Inde, sur fond de tensions entre New Delhi et Washington.

Entre les aléas climatiques et les difficultés à protéger les cultures, l’Europe s’achemine vers de petites récoltes de pommes et de poires pour la troisième année consécutive, selon les prévisions de la Wapa (World apple and pear association) présentées lors du congrès international Prognosfruit, en août, à Angers. Avec 10,46 millions de tonnes (Mt), la production 2025 de pommes s’établirait à un niveau quasi stable sur un an (-0,1 %), mais en recul de 7,5 % par rapport à la moyenne 2022-2024. Quant à la production de poires, elle rebondirait légèrement sur un an (+ 1,4 %, à 1,787 Mt), tout en restant inférieure de 2,5 % à la moyenne triennale.
Une « bonne saison » de commercialisation
Ces volumes, dans la fourchette basse du potentiel européen, augurent d’une « bonne saison » de commercialisation à venir, d’autant que « les stocks sont vides », selon Philippe Binard, secrétaire général de la Wapa. En 2024, avec une production similaire, « la campagne s’était bien déroulée, avec un assez bon équilibre entre les différents marchés ». En France (troisième producteur européen), la récolte a démarré avec une semaine d’avance et devrait déboucher sur une production en hausse (+ 3,6 %, à 1,484 Mt), bien qu’inférieure au potentiel (environ 1,7 Mt).
Alors que l’Europe exporte plus d’un cinquième de sa production de pommes, des opportunités d’export pourraient s’ouvrir : l’Inde pourrait se tourner davantage vers la France ou l’Italie, au lieu de ses fournisseurs habituels turcs et américains, ont indiqué les professionnels. À la suite d’un épisode de gel historique au printemps, la récolte turque sera très faible cette année. « Ce sont 2,6 mt habituellement exportées qui ne seront pas là », résume Daniel Sauvaitre, président de l’Association nationale française Pommes Poires
L’Inde, important client d’Ankara, « pourrait en acheter plus aux États-Unis, mais avec les tarifs douaniers, elle pourrait aussi choisir de se fournir davantage en Italie ou en France », analyse-t-il. Via un décret entré en vigueur le 7 août, l’administration Trump a augmenté les droits de douane sur l’ensemble de ses importations. Washington a ciblé particulièrement l’Inde (à hauteur de 50 %) en raison de ses achats de pétrole russe.
Globalement, « il y a une incertitude très forte sur les échanges commerciaux », a estimé Daniel Sauvaitre. Aux yeux de Philippe Binard, « il y a quand même de belles opportunités à saisir en situation de crise ».