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Jonas Audoor allège le quotidien à la ferme avec son «repousse–crèche»

À 17 ans, Jonas, passionné par le monde agricole et la mécanique, fabrique un « repousse-crèche » pour faciliter le travail des éleveurs chez qui il donne régulièrement un coup de main. Une rencontre empreinte de bienveillance, de fierté et de résilience.

Temps de lecture : 4 min

Transformer une difficulté en solution, c’est le défi relevé par Jonas, un étudiant en agriculture. Lors de son séjour à la ferme familiale Eeman, il a conçu un « repousse-crèche », un outil simple mais ingénieux qui facilite le travail quotidien.

Une histoire touchante marquée de courage

C’est en 2022 que tout bascule à l’élevage de La Lanterne. Luc Eeman, associé sur la ferme à son papa Georges depuis 2008, décède inopinément. Son filleul, Anton, à peine âgé de 18 ans, interrompt sa scolarité pour venir travailler sur l’exploitation.

Quelques mois plus tard, un jeune étudiant de l’Institut Provincial d’Enseignement Secondaire (IPES) d’Ath, vient se présenter, accompagné de son papa, à la recherche d’un stage de terrain : Jonas Audoor, âgé de 14 ans. « Bon-Papa (Georges) et moi étions favorables à accueillir un jeune qui pourrait égayer notre quotidien », raconte Anton.

Décrit comme courageux et travailleur, Jonas effectue son stage à la ferme Eeman et continue d’y revenir après les cours et durant les vacances. À 17 ans aujourd’hui, il entame sa 7e année en mécanique agricole et cela fait maintenant trois ans qu’il donne un sacré coup de main aux deux éleveurs. « Il était assez timide au départ mais s’est très vite habitué au monde de la ferme », explique Anton. « Il est volontaire, nous observait et prenait exemple. Il n’a jamais refusé ce qu’on lui proposait de faire même si ce n’est pas toujours évident », précise encore Georges. Il poursuit : « On est content de le voir arriver. C’est gai de le voir travailler, ça donne de l’enthousiasme ! ».

Une passion transmise du grand-père au stagiaire

Originaire de Wodecq, Jonas a toujours été passionné par les tracteurs, bien qu’il ne soit pas issu d’une famille d’agriculteurs. Georges Eeman, quant à lui, est très doué en mécanique. Il a notamment détourné un ancien tracteur et une mélangeuse pour en faire une mélangeuse automotrice et se faciliter la tache.

Georges Eeman, quant à lui, est très doué en mécanique. Il a notamment détourné un ancien tracteur et une mélangeuse pour en faire une mélangeuse automotrice et se faciliter la tache.
Georges Eeman, quant à lui, est très doué en mécanique. Il a notamment détourné un ancien tracteur et une mélangeuse pour en faire une mélangeuse automotrice et se faciliter la tache. - A.B.

Les deux esprits se sont donc rencontrés et Georges entraîne Jonas dans son atelier où il se met à bricoler régulièrement.

Au fil de ses passages à la ferme, Jonas remarque la difficulté qu’a Georges à avancer, à la main avec une pelle, le fourrage des vaches. C’est là que lui vient l’idée de fabriquer un « repousse-crèche ». Il prend les conseils de Georges et d’Anton afin de rendre sa machine la plus pratique possible.

Celle-ci se compose d’une poutrelle et de deux caoutchoucs qui empêchent le frottement direct sur le sol de la poutrelle. Afin de permettre à l’outil de pivoter, Jonas installe un piston hydraulique qui est géré depuis le télescopique. Le « repousse-crèche » peut donc être orienté de différentes façons et être utilisé aussi bien en marche avant qu’à reculons. De cette manière, il est facile pour l’éleveur de répartir, d’égaliser et de trier le fourrage dans l’auge. Telle une chaussette, la machine s’enfile facilement et rapidement sur les fourches à palette du télescopique.

Le repousse-crèche se compose d’une poutrelle et de deux caoutchoucs qui empêchent le frottement direct sur le sol de la poutrelle. Pour pivoter, Jonas a installé un piston hydraulique qui est géré depuis le télescopique. La machine s’enfile facilement et rapidement sur les fourches à palette.
Le repousse-crèche se compose d’une poutrelle et de deux caoutchoucs qui empêchent le frottement direct sur le sol de la poutrelle. Pour pivoter, Jonas a installé un piston hydraulique qui est géré depuis le télescopique. La machine s’enfile facilement et rapidement sur les fourches à palette. - A.B.

« Le plus difficile a été de rester et de percer droit », explique Jonas. La construction lui a pris environ une semaine de travail, après 17 h. « Une fois terminée, j’ai eu envie de l’essayer tout de suite et de recommencer tous les jours », explique-t-il. Georges, ému, ajoute : « J’étais content et aussi fier que lui. Repousser le fourrage manuellement est assez physique, maintenant c’est beaucoup plus facile ».

« Le plus difficile a été de rester et de percer droit », explique Jonas. La construction lui a pris environ une semaine de travail, après 17h.
« Le plus difficile a été de rester et de percer droit », explique Jonas. La construction lui a pris environ une semaine de travail, après 17h. - A.B.

L’importance de l’apprentissage et de la transmission

Cette histoire familiale et cette rencontre sont une véritable leçon de vie. À travers elle, transparaît l’importance de l’apprentissage, de l’écoute et de la transmission intergénérationnelle. Savoir supporter les conseils et cultiver l’amour du travail bien fait sont des valeurs indispensables pour les jeunes, selon Georges.

À la ferme, on apprend à tout faire, à être polyvalent et surtout à rester passionné. Jonas le souligne : « Travailler en extérieur, c’est gai ! On se sent libre, sans patron, et chaque journée apporte son lot d’expériences ».

Astrid Bughin

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