Les clés pour choisir une pailleuse adaptée à son exploitation
La litière est un élément-clé en élevage participant au confort et au bien-être des animaux mais aussi à la prévention de certaines maladies, sans oublier son rôle en matière d’absorption des déjections liquides. La pailleuse est un matériel aujourd’hui largement répandu dans les stabulations pour mettre en place cette litière. Nous avons rencontré Sébastien Robert, administrateur de la société Ateliers Robert, constructeur bien connu de ce type de matériel, pour évoquer avec lui les paramètres à prendre en compte lors du choix d’une pailleuse.

Souhaitera-t-on utiliser des balles rondes ou des balles carrées ? À quelle distance maximale la machine devra-t-elle être capable de projeter la paille ? De combien de démêleurs aura-t-on besoin pour garantir un travail de qualité ? Une goulotte latérale donnera-t-elle satisfaction ou faudra-t-il privilégier une goulotte tournante ? Quelles options faudra-t-il envisager ? Voici quelques questions parmi tant d’autres à appréhender au moment du choix de la machine.
Une pailleuse portée… ou attelée au tracteur ?
« Il est avant tout important que le client informe au mieux le vendeur au sujet des conditions d’exploitation du matériel dans sa ferme. C’est en cernant le plus précisément possible celles-ci qu’il pourra prodiguer les conseils les plus judicieux. Des éléments tels que la disposition et les dimensions des bâtiments d’élevage, les types et formats de balles qu’il utilise ou encore leur mode de chargement, le type et la capacité du véhicule auquel sera attelée la pailleuse sont des exemples d’informations importantes à recueillir », introduit Sébastien.
« Deux grandes catégories de machines existent en fonction du véhicule porteur. La première s’adresse aux engins de levage, depuis le petit valet de ferme jusqu’aux imposantes chargeuses sur pneus, en passant par les traditionnels chargeurs télescopiques. Dans cette famille de machines, nous proposons trois gammes de pailleuses. La seconde catégorie, comportant une version portée et six modèles traînés, est destinée aux tracteurs, pour des volumes compris entre 2 et 22 m³ ».
La solution retenue pour ce premier critère qu’est le véhicule porteur peut déjà en influencer d’autres. En effet, une pailleuse portée en bout de flèche d’un engin de levage recevra inévitablement une turbine entraînée hydrauliquement alors que, pour une pailleuse attelée à l’arrière d’un tracteur, elle aura une turbine à entraînement mécanique via la prise de force.
De la compacité à la capacité
La caisse de la pailleuse conditionne le nombre et le format des balles que l’on peut y charger. Son hayon arrière est également important de ce point de vue. Chez Robert, la plupart des machines sont pourvues d’un hayon à relevage hydraulique permettant des opérations de chargement aisées, rapides et sécurisées.
En position relevée, il permet de rendre la pailleuse compacte tandis que, en position basse, il augmente la capacité de chargement. Dans ce dernier cas de figure, un cadre métallique pivotant, réglable manuellement en hauteur selon les dimensions des bottes, permet un maintien optimal des balles chargées.
Une porte à ouverture manuelle est parfois préférée sur les pailleuses grand volume lorsque l’éleveur opte pour un chargement de la machine par le haut. Et Sébastien de compléter : « Sur la gamme Hydropail, autrement dit les pailleuses destinées aux engins de levage, deux versions sont disponibles : soit une caisse longue, plutôt prévue pour les balles carrées, soit une caisse courte avec hayon hydraulique permettant de travailler avec les deux types de balles ».
Sur le fond de caisse évolue le tapis composé de deux chaînes plates et de lattes qui emmène les balles vers le démêleur. « Ce tapis est entraîné par un moteur hydraulique de forte puissance à vitesse variable, de façon à satisfaire toutes les conditions rencontrées. Sur les machines gros volume, le tapis est entraîné par deux moteurs placés de part et d’autre de l’axe d’entraînement, fournissant la puissance nécessaire par rapport au volume à déplacer », poursuit notre interlocuteur. Pour faciliter les opérations d’entretien, les mécanismes de réglage de la tension du tapis sont situés à l’extérieur de la caisse.

Dans le cas de l’utilisation de balles rondes, un kit anti-déroulement de la deuxième botte (et des bottes supplémentaires le cas échéant, en fonction de la capacité de la caisse) est disponible. Constitué de deux mâchoires enserrant la deuxième botte et la soulevant au-dessus du tapis, il empêche de la sorte celle-ci de tourner sur elle-même et de se dérouler pendant le déroulement de la première botte face au démêleur. « Notons encore que, en partie supérieure de la caisse, juste au-dessus du démêleur, prend place un volet mobile évitant toute projection de matière en dehors de la caisse », ajoute-t-il.
À entraînement mécanique ou hydraulique ?
À la suite du tapis, vient le système de démêlage. Se présentant sous la forme d’un ou plusieurs cylindres rotatifs munis de spires et de dents, ils ont pour fonction de démêler la marchandise pour la rendre moins compacte et plus fluide avant son passage dans la turbine.
Deux types d’entraînement de la turbine sont possibles : soit hydraulique, soit mécanique. La version mécanique, compatible avec la plupart des tracteurs, qu’ils soient récents ou plus anciens, procure une puissance supérieure par rapport aux démêleurs hydrauliques, les rendant efficaces quelle que soit la matière travaillée, qu’il s’agisse de paille, de foin ou de fourrage enrubanné. Cette solution est à préconiser avec les balles de plus en plus denses confectionnées par les presses à haute densité modernes.
« De plus, avec l’entraînement mécanique, il est possible de choisir entre un système de démêlage non débrayable ou débrayable. La présence de cet embrayage est avantageuse : il permet d’utiliser des tracteurs de moindre puissance ou de travailler des matières plus difficiles en démarrant la turbine sans activer les démêleurs initialement.
Selon le modèle de pailleuse, deux ou trois démêleurs à transmission mécanique seront montés. Sur les matériels à entraînement hydraulique, ce sont un ou deux démêleurs qui sont prévus : le démêleur unique suffit généralement pour le paillage à partir de balles rondes tandis qu’il faudra souvent préférer deux démêleurs pour traiter des balles carrées, surtout pour les sections les plus importantes telles que 120 x 120 ».
Des peignes régulateurs réglables sont positionnés au-dessus du dispositif de démêlage pour en moduler l’agressivité. En option, ceux-ci peuvent être équipés d’un système de réglage hydraulique qui peut se révéler utile, par exemple dans le cadre du démêlage de balles de fourrage ou de paille collée.
La turbine, cœur de la pailleuse
S’il est un organe fondamental sur une pailleuse, c’est bien la turbine, dont la tâche consiste à projeter à haute vitesse la matière à travers la goulotte. Elle influence directement le débit de matière et la distance de projection. De façon générale, plus son diamètre augmente, plus cette distance sera importante. De la même manière, un diamètre important permet de réduire le régime de rotation de la turbine pour une même distance de paillage, ce qui se révèle intéressant économiquement et écologiquement.
« Notre plus petite machine, l’Hydropail 1 conçue pour les valets de ferme, dispose d’une turbine lui permettant de projeter la paille jusqu’à 12 m. Nos autres modèles sont équipés d’une turbine d’un diamètre jusqu’à 1,80 m en fonction du modèle. Ceci permet d’atteindre, de nouveau en fonction du modèle de pailleuse mais aussi du type de goulotte, une distance maximale de projection de 15 à 25 m. Des distances supérieures pourraient être envisagées mais il faut trouver des compromis pour conserver une taille de turbine raisonnable et compatible avec le gabarit de la machine », intervient Sébastien.

« Nos palettes sont boulonnées, et non soudées, de façon à pouvoir les remplacer facilement en cas de casse causée par un corps étranger tel qu’une dent de chargeur par exemple. Nous avons développé un système de turbine propre à double flux d’aspiration. Celle-ci se compose de deux jeux de palettes, situés de part et d’autre de la flasque, ce qui permet de procurer un flux de matière plus constant à travers des grilles d’aspiration situées à l’avant de la turbine. »
Outre le flux de projection plus régulier, ce système d’aspiration par l’avant permet aussi le montage d’un kit anti-poussières particulièrement efficace. Une pompe électrique 12 V aspire de l’eau dans un réservoir additionnel de 30 à 120 l qui passe ensuite au travers de deux buses de pulvérisation situées au niveau des grilles d’aspiration d’air.
« Cette solution garantit une brumification idéalement répartie dans toute la turbine. Ce système se révèle plus efficace qu’une brumification en sortie de goulotte, endroit où la poussière s’est déjà formée. Je constate, via le nombre d’équipements commandés, que ce kit anti-poussières connaît un succès croissant car il améliore significativement le bien-être des animaux et le confort de l’opérateur sans oublier qu’il réduit l’empoussièrement du bâtiment ».

Guider le jet de paille
Suite à son passage dans la turbine, la matière se retrouve propulsée à travers la goulotte. Grâce à sa casquette articulée, celle-ci permet de guider le jet de paille vers l’endroit souhaité. « Pour travailler correctement, il est important de bénéficier d’une bonne visibilité sur l’aire à pailler et d’éviter tout jet en parapluie. C’est la raison pour laquelle nos goulottes disposent d’une géométrie spécifiquement étudiée pour produire un jet concentré, puissant et dense. Outre une meilleure visibilité, ceci diminue également la quantité de poussières en suspension dans l’air ».

Deux types de goulottes sont proposés dans le catalogue du constructeur andennais. La goulotte latérale, d’une part, est idéale pour passer dans des endroits de hauteur limitée. C’est également elle qui permet d’atteindre les plus grandes distances de projection. En option, elle peut être dotée d’un système d’orientation de 30° vers l’avant et 30° vers l’arrière à commande électrique pour davantage de souplesse et pailler, notamment, les aires d’étable en impasse.
D’autre part, la goulotte tournante procure davantage de liberté de mouvement pour pailler avec précision, flexibilité et confort n’importe quel endroit grâce à sa rotation possible sur 300°.
Parmi les options à retenir au niveau du système de goulotte figure un toboggan, le cas échéant avec extension hydraulique, assurant le rôle de rampe pour distribuer du fourrage directement dans les auges de nourrissage des animaux.

Vers une communication sans fil
Notre hôte conclut cette interview par l’annonce de deux nouveautés. Un boîtier de commande digital fera ainsi son apparition dans la seconde moitié de l’année 2026 en remplacement de la traditionnelle boîte à interrupteurs. « Celui-ci rendra l’utilisation de la machine plus ergonomique pour l’opérateur », précise-t-il.
D’autre part, une autre nouveauté prévue, elle, pour cette fin d’année est le passage à la radiofréquence pour les commandes de toutes les fonctions des pailleuses hydrauliques pour télescopiques. « Les tests actuellement en cours se révèlent concluants en la matière. La plupart des télescopiques du marché disposent déjà d’une prise 12 V en bout de flèche, sur laquelle nous allons brancher un boîtier récepteur. Celui-ci communiquera avec le boîtier doté d’un émetteur placé en cabine et à partir duquel l’opérateur commande la pailleuse. »
La communication entre ces deux boîtiers se fera donc via des ondes, ne rendant plus nécessaire l’installation d’un câblage le long de la flèche. « Un autre avantage est que ce système permet aussi de passer facilement avec la pailleuse d’un télescopique à un autre ».





