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Menaces sanitaires belges et internationales: quelles leçons en tirer?

Ce 13 novembre, l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (Afsca) organisait une conférence du Réseau national de santé animale. L’opportunité de dresser un tour d’horizon de la situation sanitaire, tant nationale qu’internationale, mais aussi de faire le point sur d’autres thématiques, comme la campagne de vaccination contre la FCO et la MHE ou encore la lutte contre l’IBR. Autant de problématiques devenues, par la force des choses, incontournables dans le monde de l’élevage.

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Nombre d’éleveurs ont encore en mémoire le catastrophique été 2024… Puis, découlant du nombre de victimes de la FCO, la campagne de vaccination afin de protéger les bêtes de la langue bleue, sérotype 3 et 8, ainsi que de la maladie hémorragique épizootique. Une opération qui semble avoir atteint ses objectifs, comme le souligne Hélène Gérard du Spf Santé publique, Sécurité de la chaîne alimentaire et Environnement. Le taux de vaccination est de quasiment 95 % dans les troupeaux bovins. Ce chiffre baisse à 69 % pour les troupeaux ovins, un recul lié au caractère parfois hobbyiste du secteur.

« Pour l’année prochaine, il n’est pas prévu d’avoir une campagne de vaccination obligatoire, comme il n’est pas prévu d’obtenir une subvention pour soutenir la vaccination contre ces maladies », ajoute l’experte. Néanmoins, cette dernière conseille de continuer ces traitements, spécialement pour les jeunes animaux nés en 2025, et non soumis à l’obligation vaccinale. « Ils sont complètement naïfs contre la FCO3, la 8 et la MHE ». De son côté, l’Afsca a recommandé vivement la vaccination lors de cet hiver, soit avant le prochain printemps, à l’occasion de cette conférence.

Encore de nombreux défis pour atteindre le statut indemne d’IBR

Autre maladie qui fait couler beaucoup d’encre : la rhinotrachéite infectieuse bovine (IBR) pour laquelle notre pays doit atteindre le statut indemne en 2030. « Il reste encore un grand risque de circulation par vagues au sein du commerce qui anéantissent les efforts que l’on a pu faire jusqu’à présent », déplore Jean-Yves Houtain, de l’Arsia. Il poursuit : « Nous avons parcouru beaucoup de chemin jusqu’ici, mais il reste des défis de taille ». Parmi ces défis ? Assainir et rendre indemnes les troupeaux d’engraissement. La difficulté de ces troupeaux réside dans le fait que tout leur cheptel est constitué d’animaux achetés. Ils sont, dès lors, dépendants des bêtes entrantes.

« Quand on analyse le parcours d’un animal partant d’une ferme d’élevage vers un troupeau d’engraissement, il y a beaucoup d’étapes et de contacts possibles. Il y a des passages par les étables de négoce, par les marchés, donc le risque d’infection est avéré. En regardant la proportion, sur base des prises de sang d’achats, on constate que dans un certain pourcentage de cas, l’infection provient du troupeau d’origine. Cependant, ce taux ne représente que 1 % des achats détectés positifs à l’arrivée à l’engraissement ». Soit, 99 % des animaux positifs ont été contaminés après leur départ de leur ferme d’origine, lors de ce transport.

« On n’atteindra pas les objectifs d’assainissement et d’obtention du statut indemne sans réformer fondamentalement le système de traçabilité des bovins en mouvement. Cela demande des changements en profondeur au niveau technique, avec des impacts budgétaires, et des changements de mentalité… Il n’y a aucune perspective d’amélioration à ce stade ! », ajoute-t-il.

Notons que les nouvelles sont meilleures dans les fermes d’élevage puisqu’en date du 5 novembre, le nombre de troupeaux infectés était de 0,2 %, soit 19 cheptels. Les cheptels assainis et les cheptels indemnes représentent 97,9 %. Mais ne nous réjouissons pas trop vite... En effet, il n’y a pas eu de progression puisque ce chiffre est le même que l’année dernière ! De plus, 1.016 bovins sont encore des porteurs latents pour cette maladie en Wallonie. En outre, 14 fermes ont perdu leur qualification indemne, et 7 leur qualification assaini. Les origines de ces contaminations sont diverses : voisinage, visiteurs, faux négatifs. Tandis que la cause principale (33 %) concerne l’achat d’un animal positif.

L’influenza aviaire chez les mammifères

Concernant l’influenza aviaire, dont le principal réservoir du virus est les oiseaux aquatiques, des épidémies importantes se sont déroulées en 2021 et 2022. Ensuite, nous avons connu deux années plus modérées. Avec, finalement, une recrudescence des infections en Europe, pour 2025-2026. Une augmentation constatée en Belgique où plusieurs élevages ont été touchés au sud de notre pays.

Cette situation mène à une pression de la maladie sur les mammifères. Ces derniers peuvent l’attraper de différentes façons. Si les contacts avec les oiseaux infectés semblent évidents, ce n’est pas tout puisqu’il peut s’agir de consommation de viande ou d’œufs crus pour les prédateurs. Les chats vivant près des fermes avicoles peuvent également être atteints. C’est le cas de deux félins en Belgique. Tombés malades, ils ont dû être euthanasiés.

Du côté des êtres humains, heureusement, pour l’instant le nombre d’infections reste limité au niveau mondial. Quant aux bovins, certains troupeaux américains ont dû faire face à la maladie. « Ce sont des cas particuliers car, précédemment dans la littérature, les bovins n’étaient pas considérés comme particulièrement susceptibles au virus de l’influenza aviaire. Toutefois, un génotype en a infectés aux USA », rapporte Virginie Van Leeuw, de l’Afsca. Le virus, qui a réussi à s’adapter à ces nouvelles victimes, a été transmis de vache en vache, notamment par la machine à traire.

Si nous ne sommes pas confrontés à la même situation en Belgique, des tests ont été développés pour pouvoir, si cela s’avère nécessaire, établir un diagnostic. Et quels sont les signes cliniques d’un bovin malade ? Il peut s’agir de mammite, d’une baisse de production laitière, de difficultés respiratoires, ou encore d’une mortalité inexpliquée… « Cependant, le risque général d’infection des mammifères en Europe est très faible ».

Par ailleurs, en Flandre, le problème est pris à bras-le-corps. Une campagne de vaccination concernant la grippe saisonnière y a été instaurée spécifiquement pour les éleveurs de porcs et de volailles. « Le but n’est pas de protéger l’homme contre la grippe aviaire ou d’autres virus grippaux animaux. Il s’agit de réduire le risque que les virus humains et animaux se rencontrent, et que de nouveaux virus, adaptés aux mammifères, n’apparaissent ».

L’Europe connaît une recrudescence des infections del’influenza aviaire pour la saison 2025-2026.
L’Europe connaît une recrudescence des infections del’influenza aviaire pour la saison 2025-2026.

Également à tenir à l’œil…

Si les maladies déjà citées font parler d’elles, ce ne sont pas les seules… Ajoutons la fièvre aphteuse, dont des foyers ont été détectés en Allemagne en début d’année. Bien que les Allemands aient pu rapidement s’en défaire grâce à différentes mesures, elle a touché d’autres pays tels que la Hongrie, la Slovaquie et l’Autriche. Le 5 juin, la situation a été officiellement maîtrisée.

En Italie, un foyer de dermatose nodulaire contagieuse a été constaté en juin, tandis que des troupeaux français et espagnols ont été atteints par la suite, avec les dégâts que l’on connaît : abattage de tout le troupeau, mise en place d’une zone de restriction et fermeture des marchés. Chez nos voisins français, malgré les campagnes de vaccination, la maladie est toujours en cours d’éradication.

Le nombre de foyers de peste des petits ruminants a diminué cette année. Initialement confinée à l’Europe, elle s’est étendue jusqu’aux Balkans, alors que la Turquie l’héberge de manière enzootique, la circulation s’y maintenant en permanence. Toujours en Turquie, la clavelée et la variole caprine restent, elles aussi, endémiques dans ce pays, c’est-à-dire présentes de façon continue dans la population animale.

Pour la peste porcine africaine, bien implantée chez le sanglier, un cas a été rapporté en juin à 200 km de notre frontière, preuve que nous ne sommes pas hors de danger.

Continuons ce tour d’horizon avec la fièvre du Nil occidentale, un nouveau venu en Belgique. En 2025, neuf pays européens l’ont notifiée avec 652 cas humains. L’Afsca conseille de vacciner les chevaux, qui peuvent tomber gravement malades en cas d’infection.

Enfin, concernant la maladie hémorragique épizootique, elle est pour l’instant absente de Belgique, sans cas notifié près de la frontière franco-belge.

Un cas a été rapporté en juin à 200 km  de notre frontière pour la peste porcine africaine.
Un cas a été rapporté en juin à 200 km de notre frontière pour la peste porcine africaine. - Jean-Luc Flémal - BE - stock.adobe.com

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