Je vous ressers un soupçon d’hybride?

Hybride… Le mot est lâché ! Et il ne s’agit pas, dans le cas présent, d’une créature mythologique mi-homme, mi-animal. Évoquons-nous peut-être une motorisation couplant carburant traditionnel et électricité ? Pas davantage… Et il n’est pas question de triticale, cet hybride entre le blé et le seigle… Mais le terme vise bel et bien une production issue du monde agricole. À savoir : la viande !
Plusieurs grandes enseignes proposent désormais des viandes dites « hybrides », dans lesquelles s’entremêlent produits carnés et ingrédients végétaux (courgette, potiron, farine de fève…). L’objectif affiché ? Aider les Belges à réduire leur consommation de protéines animales et à diminuer leur apport en graisses saturées, tout en revendiquant un impact positif sur l’environnement. C’est, en tout cas, ce qu’annoncent les grandes enseignes ayant enrichi leurs rayons de ces viandes et autres charcuteries.
Avec une telle initiative, se moque-t-on à la fois des agriculteurs et des consommateurs ? Les premiers voient leurs produits une nouvelle fois détournés en ersatz. Quant au savoir-faire de l’éleveur, capable de produire des morceaux nobles et de qualité que sont l’entrecôte, la côte à l’os, le filet pur ou encore le rôti, il est purement et simplement ignoré, tant ces nouveaux produits reposent principalement sur la viande hachée.
Les citoyens ont-ils, eux, besoin de pareilles denrées pour être « aidés », comme le prétendent les enseignes concernées, à réduire leur consommation de viande ? C’est faire bien peu de cas de leur capacité à réfléchir par eux-mêmes. Celui qui entend réduire sa consommation de viande peut facilement privilégier des produits végétaux de qualité, tout en se tournant, quand il le souhaite, vers une viande locale qui répond à ses attentes gustatives et environnementales. De quoi sélectionner, selon les envies de tout un chacun, les morceaux nobles évoqués ci-avant et ce, en alternative avec des repas reposant sur les protéines végétales. Car si les supermarchés proposent désormais des viandes hybrides, n’oublions pas que le bovin ou le porc qui, demain, ne produira plus que des bas morceaux n’est pas encore né.
Une fois encore, un nouveau business voit le jour, au détriment du premier maillon de la chaîne agro-alimentaire, pourtant essentiel à notre vie quotidienne. Bien que certains Belges puissent s’y retrouver dans cette nouvelle offre, il semblerait qu’il n’y ait plus de règle lorsqu’il s’agit d’attirer les clients… et leur portefeuille. Derrière les arguments nutritionnels et environnementaux, se joue une nouvelle bataille commerciale dont les premières victimes sont connues : celles et ceux qui ne réinventent pas la viande mais la produisent chaque jour avec passion et en affrontant les charges, exigences et pressions sociales croissantes. On ne peut que le déplorer…





