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Salades à couper non pommantes: le choix variétal s’est fortement étoffé!

Les laitues à couper ou non-pommantes sont de plusieurs types. Chez nous, les variétés les plus demandées forment une rosette dense de feuilles libres. Certaines sont de couleur verte pâle, d’autres sont anthocyanées, certaines sont frisées et d’autres pas…

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Feuilles de chêne, salad bowl… sont les deux variétés de laitues non-pommantes que l’on retrouve le plus fréquemment en Wallonie. Très décoratives, elles sont de faible poids et sont sensibles au flétrissement à l’étalage.

Trois grandes variétés

Le choix variétal s’est fortement étoffé lors des dernières années, suite à la forte demande en 4e gamme.

Les laitues à couper feuilles de chêne développent des feuilles fortement échancrées. Qu’elle soit blonde ou brune, la feuille de chêne résiste bien à la chaleur et à la montée à graines.

Salad bowl verte et Salad bowl rouge forment des rosettes denses. Plusieurs types résistants à Bremia sont disponibles chez les sélectionneurs.

Pour les laitues frisées à couper, les variétés Lollo rossa et Lollo bionda sont fortement découpées. Les types proposés par les maisons semencières sont bien distincts l’une de l’autre. Lollo bionda est sensible à la chaleur estivale, Lollo rossa l’est moins. Ces variétés sont très sensibles au gel, même léger.

De forme générale assez compacte, les types Lollo existent en versions blondes ou rouges.
De forme générale assez compacte, les types Lollo existent en versions blondes ou rouges. - F.

L’élever

La germination est possible entre 0 et 23 ºC, l’optimum s’obtient entre 15 et 20ºC. Des températures plus élevées induisent une mise en dormance des semences. Il faut donc protéger les semis d’été pour permettre le maintien de températures inférieures à 23ºC, par exemple en semant le soir et en posant des plaques d’isolant sur les mottes pressées qui viennent d’être semées et ce durant deux jours, jusqu’au début de la germination.

Nous semons 1 graine par motte de 3,5 à 5 cm ou par mini-motte de 2,5 cm. La cavité de semis de la motte est de 0,5 à 1 cm de profondeur. La graine n’est pas recouverte après le semis.

Durant l’élevage, nous essayons de ne pas dépasser les 20ºC en intervenant sur l’aération, les arrosages voire le blanchissage de la serre.

Le stade de plantation correspond au début de sortie des racines de la motte. Cela correspondra au stade 2 feuilles pour les mini-mottes, 3 feuilles pour les mottes de 3,5 cm, 4 à 5 feuilles pour les mottes de 4 cm et de 6 à 7 feuilles pour les mottes de 5 cm.

Si le stade de plantation idéal est dépassé, nous risquons de constater le bris de racines lors de la séparation des mottes et en conséquence un retard à l’enracinement et une reprise plus difficile au terrain de production. Ce sera plus dommageable en été qu’en hiver.

Sur sol grumeleux

Les laitues à couper, comme les laitues pommées (voir notre édition du 12 mai), sont très sensibles à la compaction du sol. D’autre part, le sol ne peut être foisonné afin de favoriser la progression des racines et la remontée capillaire. Nous devons donc viser l’obtention d’un sol finement grumeleux et appuyé.

La planter

Nous saturons le sol en eau 10 jours avant la plantation.

La densité de plantation dépend de la variété concernée. La fiche technique du semencier nous guide. Par défaut, nous pouvons nous inspirer des densités en laitues pommées, 12 à 14 plantes/m².

En choisissant les types adaptés aux saisons, nous pouvons cultiver les laitues à couper sous tunnels maraîchers en hiver et au début du printemps. Les cultures en plein air sont possibles du printemps à l’automne.

Idéalement, le sol doit avoir au moins 7ºC, ce n’est pas nécessairement le cas au début du printemps. Le plein développement des racines et donc des plantes demande au moins 12 ou 13ºC.

L’irriguer

L’irrigation par aspersion permet d’apporter l’eau nécessaire à la croissance des plantes et humidifie l’air. Elle est réglée pour des apports fréquents basés sur le calcul de l’évapotranspiration potentielle (ETP) avec un coefficient de 1 ou sur base de tensiomètres réglés sur 15 ou 20. (Voir notre édition du 14 avril de cette année).

Nous devons limiter les risques de brûlures marginales lorsque l’air est très sec sous tunnel maraîcher ou en plein air lors de journées très ensoleillées.

Les laitues à couper sont sensibles à la salinité du sol, nous devons en tenir compte en serre, par exemple après une culture estivale de tomate, de poivron, de concombre ou d’une culture semblable.

À défaut de mesures effectuées sur place, nous pouvons estimer un ordre de grandeur de l’ETP par jour sous tunnel : 2 mm en septembre, 1,2 mm en octobre, 0,6 mm en novembre, 0,3 mm en décembre, 0,4 mm en janvier, 0,8 mm en février, 1,6 mm en mars, 2,6 mm en avril.

La diversité des laitues à couper permet d'augmenter largement l'offre  en laitues avec notamment leurs atouts décoratifs.
La diversité des laitues à couper permet d'augmenter largement l'offre en laitues avec notamment leurs atouts décoratifs. - F.

Le potassium, élément clé de sa fertilisation

Le pH idéal pour les laitues est proche de la neutralité. Pour éviter l’effet excessif d’un chaulage sur la salinité, il est préférable de procéder aux éventuelles corrections par palier d’une demi-unité à la fois quand il s’agit d’intervenir juste avant la culture de laitues.

La salinité tolérée doit être interprétée en fonction de la capacité d’échanges cationiques (CEC) du sol. La tolérance est donc plus élevée en sols à teneur élevée en argile et en sols à teneur en matières organiques élevée. Il est difficile de modifier la teneur en argile du sol, par contre il est envisageable de modifier la teneur en matières organiques. Dans nos conditions pédoclimatiques, retenons les teneurs de 4 à 5 % en plein air et de 6 à 8 % sous serre maraîchère. Dans ces conditions, nous pouvons cultiver la laitue avec des conductivités électriques jusque 500 µS/cm, ce qui peut correspondre à près de 4 g de sels par litre de sol (à confirmer par une analyse de sol du terrain). La salinité est un facteur limitant du développement racinaire et par conséquent de l’équilibre feuilles/racines.

Les risques de nécrose marginale dépendent de la salinité générale de la solution du sol et aussi de l’équilibre entre les éléments N-K-Mg-Ca.

La minéralisation attendue dans un sol avec une teneur correcte en matières organiques couvre largement les besoins totaux en azote des laitues à couper, de l’ordre de 80 à 100 unités.

Nos sols sont généralement suffisamment pourvus en P2O5 pour couvrir les exportations de la culture (40 à 50 unités).

Le potassium est l’élément clé dans la fertilisation de la laitue à couper. Les exportations sont de l’ordre de 200 à 250 unités. Mais surtout, nous devons veiller au bon équilibre avec Mg et Ca. L’analyse de sol nous renseigne et nous pilote. Notons que si le rapport K2O/N est inférieur à 2, les risques de nécrose marginale augmentent sensiblement, l’idéal étant entre 3 et 4.

Aération et chauffage antigel dans la serre

Les types Lollo sont très sensibles au gel même modéré. Le plus simple serait de se passer de ce type dans nos choix variétaux pour l’hiver.

Pour une croissance soutenue en automne en vue d’une récolte en novembre ou décembre, nous aérons au maximum pour viser l’obtention de 7 à 10ºC. N’hésitons pas à aérer la nuit également quand les températures le permettent.

En plein hiver (janvier, février) nous aurons deux types de situations fréquentes. S’il fait froid et sec, nous craignons la nécrose marginale et le déficit hydrique. Nous bassinons les plantes le matin, nous poursuivons avec l’arrosage en matinée si le sol est sec. S’il fait couvert et humide, nous aérons au maximum. Il est possible aussi de donner un petit coup de canon à chaleur pour charger l’air d’humidité avec la serre fermée, puis d’aérer pour évacuer l’humidité dans les minutes qui suivent.

En fin d’hiver et début de printemps, l’air se réchauffe alors que le sol est encore très froid. Nous combinons l’aération le jour et le bassinage qui imitent la température le jour au niveau du feuillage et la fermeture de la serre la nuit, éventuellement avec un canon antigel pour favoriser le réchauffement du sol.

Une fois coupée, l’envelopper d’un film

Le stade optimum n’est pas aussi précis que pour les laitues pommées. Ce sont les caractéristiques variétales qui nous guident pour la récolte.

Il est possible de conserver correctement les laitues à couper à 0ºC et 95 % d’humidité relative, quelques jours, avec un film perforé pour protéger les feuilles du courant d’air de la ventilation du frigo.

Ravageurs…

Les limaces et escargots sont des ravageurs classiques en élevage et en production. Les haies mélangées sont des refuges pour les carabes auxiliaires. Les produits à base de phosphate ferrique en appâts permettent d’intervenir curativement.

Les noctuelles défoliatrices sont présentes lors des périodes chaudes : l’été 2017 fut favorable à ce ravageur attiré par les astéracées.

Certaines espèces de pucerons du feuillage sont tolérées par des variétés de laitues, mais pas toutes. Les auxiliaires (syrphidés, chrysopes…) résolvent bien les surpopulations de pucerons grâce aux plantes hôtes à proximité de la parcelle.

De nouvelles variétés sont résistantes à bon nombre de souches du Brémia de la laitue. Mais face aux plus de 600 souches regroupées en 26 types, la résistance n’est pas totale. Une bonne rotation, une aération ou un chauffage matinal des abris pour réduire la durée des périodes humides, une densité de plantation comme recommandé et une fumure azotée calculée selon des analyses de sol constituent des méthodes préventives importantes

… et maladies

Plusieurs champignons peuvent provoquer une fonte des semis ou une pourriture du collet pouvant s’étendre aux nervures principales des feuilles. Botrytis cinerea, Sclerotinia sclerotiorum et minor et Rhizoctonia solani sont les plus fréquents. Le paillage du sol et la plantation en n’enterrant la motte pressée que d’au maximum un tiers de sa hauteur permet de retarder le contact feuilles-sol. Une rotation longue améliore la situation. N’irriguer que quand le feuillage est déjà naturellement pouillé par les rosées nocturnes permet de ne pas allonger la période humide du feuillage ; ce dernier aspect concerne aussi Bremia et l’oïdium des chicorées.

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