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Lobbies: l’en-vert du décor

On n’a de cesse de jeter la suspicion sur l’agriculture. Plus elle fait d’efforts et d’actions concrètes pour offrir toutes les garanties de qualité, de traçabilité, de responsabilité, plus son image se dégrade dans l’esprit du grand public.

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Et si on posait, pour une fois, le problème à l’envers. À qui profite le crime ? Autrement dit, qui tire les ficelles et les marrons du feu de ces campagnes de dénigrement ? C’est l’analyse que fait Gil Rivière-Wekstein dans son livre « Panique dans l’assiette, ils se nourrissent de nos peurs ».

Preuves en béton à l’appui, il a mené son enquête dans les couloirs de l’agro-business et dans les arrière-boutiques des ONG. Qui, quand et comment on manipule les statistiques, les expertises et les témoignages pour créer de la peur, ce qui fait le miel des médias, et de substantiels revenus pour ceux qui se tiennent en embuscade.

Il dévoile avec précision ces « Janus aux deux visages » qui ont un pied dans l’animation d’asbl de la peur et un autre dans la vente de produits de bien-être pour lutter contre l’empoisonnement dont serait responsable l’agriculture raisonnée, qu’ils appellent toujours intensive, industrielle, chimique.

Il décortique le mécanisme de vente aux télévisions « Grand Public » d’émissions d’investigation « clé sur porte » dont le prix se négocie au prorata des audiences. Vendre de la peur rapporte gros, et tout est bon pour y arriver.

Ainsi, par exemple, un rapport de l’EFSA (Agence européenne de sécurité des aliments), se réjouit que 97,4 % des aliments sont conformes aux normes, et pour 54 % avec des niveaux de résidus phytopharmaceutiques si faibles qu’ils sont non-quantifiables. L’agence constate que 2,6 % dépassent encore les normes autorisées. Ce rapport, dans l’émission télé, fut traduit de la manière suivante : 97 % des aliments que nous consommons contiennent des pesticides, et seuls 3 %, correspondant au bio, sont indemnes. Et ça passe !

Dans le débat des idées, les « verts » ne sont pas les derniers à jongler avec les « fake news », consciemment pour ceux qui les émettent, inconsciemment pour ceux qui les transmettent.

Autre exemple : le « Greenwashing », ou comment les grandes surfaces sont devenues complices des ONG les plus radicales et inversement. Cela commence par une attaque en règle d’une grande enseigne qui résiste d’abord, puis prend peur lorsqu’elle voit son nom traîné dans la boue par des manifestants (bénévoles ou rémunérés) qui font du chambard à l’entrée des magasins. Cela se termine toujours par un arrangement : on lance une gamme de produits « sans quelque chose », du type sans OGM, sans gluten, sans beurre, sans huile de palme, etc. sur laquelle on fait le maximum de marge, tout en continuant à vendre dans les autres rayons du Nutella et tutti quanti. Au passage, discrètement, des chèques vont aux bonnes œuvres des ONG qui œuvrent désormais en faveur des multinationales devenues vertueuses. Le système est bien rodé. Question pognon, tout le monde est gagnant.

Cela me rappelle du déjà-vu au Moyen-Âge, quand on faisait craindre les flammes de l’enfer aux âmes simples tout en leur proposant de se racheter une conduite par des indulgences, contre monnaies sonnantes et trébuchantes.

La morale de cette morale ? Rien n’a changé quand il s’agit d’exploiter la naïveté humaine.

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