Accueil Maïs

Pour des stratégies de lutte herbicide optimale en maïs, ce printemps, suivez le Cipf!

Préémergence, dicotylées annuelles, graminées estivales, vivaces…, le Centre indépendant de promotion fourragère indique la marche à suivre pour maîtriser les adventices. Des recommandations basées sur une expertise éprouvée.

Temps de lecture : 9 min

La réussite d’un traitement de préémergence est fortement tributaire de la qualité de préparation de sol et des conditions d’humidité au moment de l’application. Après cinq années qui ont offert des conditions optimales, le printemps 2017 a été particulièrement sec et peu favorable aux traitements avant levées.

Faut-il encore traiter en préémergence ?

En présence de terbuthylazine, lorsque ces conditions favorables sont réunies, il est possible de composer des associations permettant d’éliminer l’ensemble des annuelles classiques. Par contre, les vivaces (liserons, rumex, chardons, chiendents…) imposent une intervention en postémergence.

Certaines substances actives (flufénacet, isoxaflutole, pendiméthaline) utilisées en préémergence ont une sélectivité de position. Elles ne peuvent entrer en contact avec la graine de maïs en germination (profondeur de semis 3 à 5 cm nécessaire).

L’application sur un sol sec avant une pluie abondante n’est donc pas sans risque surtout s’il s’agit d’un sol léger.

La présence sur le marché de l’Aspec t T avec un partenaire, permet une destruction complète de toutes les adventices annuelles en un seul passage. Il faut toutefois être attentif aux contraintes liées à l’application de ce produit qui imposent dans le cadre de la protection des plantes non ciblées et des arthropodes/insectes non ciblées, l’utilisation de jets antidérive de 50 % pour l’Aspect T sur toute la parcelle qu’elle soit ou non le long d’une eau de surface.

Les traitements conseillés sont présentés dans le tableau 1.

mais1

Suivant le négociant, l’Aspect T peut être obtenu sous le nom de Promess ou Andes. Il s’agit de produits identiques (même composition, même doses) à l’Aspect T mais portant un nom différent.

Si antérieurement, la préémergence, sans terbuthylazine, s’avérait sans garantie de réussite, l’arrivée sur le marché de l’Adengo TCMAX la fait évoluer positivement.

En effet, les associations Adengo 0,25 l + Camix 1,25 l ou Adengo 0,25 l + Stomp Aqua (Most Micro) 1,5 l présentent toutes deux un spectre quasi complet, la renouée liseron étant la seule faiblesse de ces combinaisons. Attention toutefois à bien nettoyer le pulvérisateur si ces traitements maïs s’intercalent entre des pulvérisations de parcelles de betteraves !

La réussite est toutefois liée à une bonne préparation du sol (terre suffisamment émiettée) et à une humidité suffisante au moment du traitement. Les traitements conseillés sont décrits ci-dessous (tableau 2). En fonction de la combinaison choisie, différentes adventices peuvent échapper.

mais2

La postémergence en présence de dicotylées annuelles (absence de panics, sétaires, digitaires)

En présence de dicotylées annuelles (tableau 3) un traitement précoce (stade 4-5e feuille visible) avec Calaris 1 l + Dual Gold 0,7 l ou Successor 1,2 l ou Frontier Elite 0,75 l sera suffisant si les graminées classiques (vulpin, pâturin, jouet du vent…) ne sont pas tallées lors du traitement.

mais3

D’autres solutions sont également efficaces. La mésotrione (70 g de s.a.) + Gardo Gold 2 l, la sulcotrione (225 g de s.a.) ou le Laudis 1,5 l à 1,6 l associé à l’Aspect T 1,6 l à 1,5 l selon le stade des adventices apportent également une solution très efficace. L’Akris à 2 l peut également jouer le rôle de radiculaire.

Si les graminées courantes précitées sont présentes, l’ajout de 0,4 à 0,5 l Samson extra 60 OD ou Monsoon active 0,75 l permet de les détruire. Ces antigraminées apportent un complément d’efficacité nécessaire si on se trouve en présence de mercuriales de 4 feuilles et plus et que l’on utilise la mésotrione ou la sulcotrione.

En présence d’amarantes, le Callisto ou le Laudis ont une efficacité nettement supérieure à celle du Zeus (ou Sulcogan). La sulcotrione et la tembotrione sont un peu plus « douces » lorsque les plantes ont une croissance ralentie par un temps frais. Le Zeus s’associe facilement avec les différents partenaires. Son action est un peu plus lente que celle du Callisto et du Laudis qui eux ont l’avantage de détruire plus rapidement des adventices qui seraient un peu plus développées. Leurs efficacités finales sont très proches sur les dicotylées annuelles classiques mais le Laudis est celui qui a la plus faible rémanence sans que toutefois cela ne pose un problème si les conditions sont suffisamment humides pour permettre une bonne efficacité du partenaire radiculaire. Le Laudis à ces doses de 1,5 à 1,6 l revient toutefois un peu plus cher que les deux autres produits à base de sulcotrione et de mésotrione.

Pour les agriculteurs qui souhaitent traiter sans terbuthylazine, il faudra traiter plus tôt, de préférence au stade 3-4e feuille visible du maïs et être attentif à la flore observée sur la parcelle. La présence de vulpin, pâturin, jouet du vent, mercuriale, renouée des oiseaux, renouée liseron et matricaire repiquée imposera bien souvent l’ajout d’un produit complémentaire (t ableau 5) au schéma de base (t ableau 4). L’Onyx 0,5 l/ha renforce l’action de la mésotrione et de la sulcotrione (vitesse d’action et meilleure efficacité sur adventices moyennement sensibles).

mais4

mais5

Il convient toutefois d’être vigilant vis-à-vis de certains mélanges. En effet, le Monsoon active 0,75 l et le Xinca 0,25 l ne peuvent pas être associés à Laudis OD (risque de phytotoxicité).

Éviter la présence de matricaire repiquée

La matricaire n’est difficile à éliminer que si elle a été repiquée par les travaux de sol (cas de non-labour ou de labour reverdi). En postémergence, lorsque les matricaires ont moins de 10 cm, les associations classiquement utilisées (Calaris 1,25 l + Dual Gold 0,6 l, Laudis 1,75 l + Aspect T 1,75 l) les contrôlent parfaitement.

mais6

En présence des matricaires repiquées ( tableau 6 ), les meilleurs résultats sont obtenus avec l’ajout de 0,25 l de Xinca ou 20 g de Peak aux mélanges classiques à base de Callisto ou de Calaris . Le Xinca est toutefois à éviter dans le cadre d’associations avec Laudis OD (risques de brûlures en conditions défavorables). Le Peak (75% de prosulfuron) est également très efficace à la dose de 20 g/ha. Il peut être appliqué du stade 2 à 9 feuilles du maïs. Son action est toutefois beaucoup plus lente que celle des deux précédents. Le Nagano 1 l/ha ou le Auxo 1,25 l/ha, grâce à la présence de bromoxynil, peuvent s’avérer également très utiles dans ce contexte.

En présence de dicotylées et panics-sétaires (hors digitaires)

Dans les situations où l’on rencontre une flore de dicotylées annuelles ainsi que des panics et/ou sétaires, diverses associations sont possibles (tableau 7). Elles font intervenir pour combattre ces graminées estivales, des matières actives telles que le nicosulfuron (Samson extra 60 OD), le thiencarbazone + foramsulfuron (Monsoon active), la tembotrione (Laudis).

mais7

La mésotrione ou la sulcotrione constituent par leur spectre d’efficacité et leur rémanence la base du désherbage contre les dicotylées en postémergence. Le Laudis peut également jouer le même rôle en agissant à la fois sur les dicotylées annuelles et les graminées estivales.

La sulcotrione et la mésotrione sont notamment utiles contre les chénopodes et arroches moins bien contrôlés par tous les produits radiculaires (excepté la pendiméthaline). En cas d’utilisation de la sulcotrione ou de la mésotrione, les panics pied-de-coq, sétaires doivent être détruits par l’action de contact d’un nicosulfuron ou du Monsoon active. Leur action est assez lente mais généralement très efficace contre ces deux graminées. Il faut surtout veiller à traiter lorsque l’hygrométrie est suffisante (traiter en soirée ou tôt le matin) si on traverse une période sèche. Vu leur faible rémanence, il faudra ajouter au traitement 2 l de Gardo Gold ou Aspect T 1,6 l ou Akris 2 l. Ceux-ci renforceront l’action par contact par leur apport en terbuthylazine tout en apportant une rémanence efficace contre les graminées annuelles.

Le stade optimum de traitement pour une bonne efficacité (destruction des adventices présentes et rémanence suffisante) se situe entre le stade 4e et 5e feuille visible du maïs (post précoce) lorsque le traitement inclut de la terbuthylazine. Les panics et sétaires les plus développés ont alors généralement atteint le stade 3 feuilles à début tallage. Sans terbuthylazine, il convient de traiter un peu plus tôt sur des adventices moins développées et augmenter la dose du produit racinaire.

Le Samson Extra 60 OD et le Monsoon active seront utilisés efficacement dans les mêmes conditions mais peuvent l’être également sur des panics et sétaires un peu plus développés. Ces deux antigraminées peuvent être appliqués sur des maïs ayant atteint le stade 7e feuille visible. Sur des maïs qui croissent au ralenti à cause de conditions trop fraîches, l’association Zeus (ou Sulcogan) + nicosulfuron sera préférée à l’association Callisto ou Calaris + Samson Extra 60 OD.

Le Laudis 1,75 à 2 l + Aspect T 1,6 l peut également donner de très bons résultats contre des flores de dicotylées annuelles associées à des panics, sétaires. Son prix est comparable au mélange triple.

Les traitements conseillés sans terbuthylazine (tableau 8) peuvent être également complétés par les produits du tableau 5 en fonction des adventices difficiles présentes.

mais8

En présence de renouées des oiseaux, le Monsoon active sera préféré au nicosulfuron.

Digitaires : Laudis reste la seule solution

Si les parcelles où on retrouve des digitaires restent nettement moins fréquentes que les parcelles avec sétaires et panics, les cas rencontrés sont de plus en plus courants et les régions concernées plus nombreuses d’année en année. Si le Nord du pays est le plus concerné, on rencontre également la digitaire filiforme et occasionnellement la digitaire sanguine dans certaines parcelles en Ouest Hainaut, au nord-est de Liège, Brabant surtout en sols légers et sols sablonneux de la région jurassique. Leur levée est plus tardive que celles des autres graminées.

mais9

Depuis l’interdiction de commercialisation du Clio Elite et de l’Arietta, le Laudis (tembotrione + isoxadifen éthyl) + un antigraminée rémanent (Aspect T, Akris ou Gardo Gold) reste la seule solution de référence contre les flores complexes de graminées estivales avec digitaires filiformes, digitaires sanguines, sétaires verticillées, sétaires vertes et panics pied-de-coq du stade 1 feuille à début tallage par contact. La garantie d’un contrôle satisfaisant des digitaires filiformes est un traitement très précoce pas plus tard qu’au stade tout début tallage des digitaires (tableau 9).

Panics dichotomes et panic schinzii : quel traitement appliquer ?

Ces graminées essentiellement localisées en régions sablonneuses du nord du pays, en Campine se retrouvent depuis quelques années dans quelques régions de Wallonie (pays de Herve, Brabant wallon).

Panic schinzii: au-delà du stade 2 à 3 feuilles étalées à talle 1 cm, la destruction d’une telle graminée devient s’avère problématique.
Panic schinzii: au-delà du stade 2 à 3 feuilles étalées à talle 1 cm, la destruction d’une telle graminée devient s’avère problématique. - Cipf

Le traitement Laudis 2 l à 2,25 l + Aspect T 2 l ou Akris 2 l a confirmé son excellente efficacité contre ces graminées. En préémergence, en conditions humides, leur destruction était complète en apportant comme radiculaire le Frontier Elite 1,4 l ou Akris 2,25 l. Sur la base des essais 2016 et 2017, l’Adengo 0,33 l en préémergence et le Laudis 2 l + Frontier Elite 1 l (+ Samson extra 60 OD 0,5 l) au stade 1 à 3 feuilles des graminées ont également assuré un contrôle total des panics schinzii.

Enfin, il ressort que le succès d’un traitement en postémergence face à ces nouvelles graminées n’est garanti que par une pulvérisation en conditions d’humidité satisfaisante et à des stades très précoces des adventices (maximum au stade deux à trois feuilles étalées à talle 1 cm) et passé ce stade, la destruction devient nettement plus problématique.

tableau A

G. Foucart, F. Renard,J-P. Mazy et M. Mary,

Centre pilote maïs, Cipf, Ucl, Louvain-la-Neuve

A lire aussi en Maïs

Voir plus d'articles